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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Tout d'abord, merci aux éditions Lynks et à Babelio pour la découverte de ce roman, dans le cadre d'une masse critique consacrée à la littérature jeunesse.

"Le Garçon et la Ville qui ne souriait plus" est un roman singulier, surprenant et dont je ressors un peu mitigée, frustrée. Sur ma faim en fait.

Nous sommes à Paris en 1858, sous l'empire mais pas celui de Napoléon III, non, celui d'un certain Nicéphore le IIIème. La France du roman n'est pas celle du Second Empire que nous connaissons, bien qu' on y retrouve certains points communs: le fossé entre grande bourgeoisie et bas peuple, bals splendides, tractations maritales, mélodies jouées au piano au coeur d'un salon feutré, argot gouailleur... Au jeu des différences, outre le nom de l'empereur, le pouvoir de la religion et le fonctionnement de la société. Dans la France du roman, un jour de novembre 1808 furent votées un ensemble de décisions pour garantir la stabilité, la sérénité du territoire. de ce terrible conciliabule politique influencé par un archevêque aussi fanatique qu'inquiétant naquit "la Police de la Norme" chargée de rechercher puis d'arrêter toute personne coupable de difformité physique ou mentale, de toute maladie de même nature ou de toute conduite contraire à la morale dominante. Traqués, arrêtés, parqués, c'est ainsi que tous les "anormaux" (les obèses, les boiteux, les homosexuels, les grands brûlés, les handicapés... la liste est d'une terrifiante longueur...) se retrouvent à la Cour des Miracles, sur l'île de la Cité et dans les ruines de Notre Dame de Paris.
Romain est le fils aîné du chef de la police et d'une aristocrate déchue. Il vit dans les beaux quartiers de la capitale et pourrait se contenter d'une existence dorée faite de brioches au petit déjeuners, de dîners mondains et d'un brillant mariage de convenance. Mais il a quinze ans et rêve de liberté et d'une autre vie. Il a quinze ans et sa vie l'ennuie tout autant que le chemin que les siens ont tracé pour lui. Et puis.. il y a ce que quelque chose ne lui, ce secret qui lui fait penser que lui aussi est un "anormal", un "indésirable" et il n'en peut plus de se cacher. C'est pour cela entre autre qu'avec son meilleur ami Ambroise, il aime à faire le mur pour aller apprendre la savate à Montmartre, boire dans un cabaret louche de la rue Mouffetard et surtout se rendre à la Cour des Miracles qui l'attire comme un aimant.
Un soir Romain découvre presque par hasard qu'un gigantesque complot menace la Cour des Miracles et la vie de ses habitants. L'adolescent décide alors de tout faire pour les sauver, quitte à rompre avec les siens. Il entraîne dans son sillage Ambroise mais aussi ses nouveaux amis de la cour: Lion, Akou, Joséphine... Mais le chemin vers la lumière sera long et semé d'embûches: qui croire? Comment lutter contre une conjuration qui prend racine dans les plus hautes sphères du pouvoir? Qui sont les lames noires qui n'hésitent pas à tuer au nom de la religion? Comment mettre fin à cinquante d'intolérance et de peur?

Il y a du bon, voire du très bon, dans ce roman et du moins bon.
Le bon, c'est l'univers né de la plume de David Bry: garder les caractéristiques de notre Second Empire tout en lui conférant une dimension complètement nouvelle avec la Police de la Norme, le ghetto d'indésirables... Je sais que le terme "dystopie" sert le plus souvent (toujours?) à qualifier une oeuvre qui décrit une société future et imaginaire qui empêche ses membres d'être heureux et qui veux mettre en garde contre les dangers des idéologies dominantes, mais ce mot me semble approprié pour "Le Garçon et la Ville qui ne souriait plus", sauf que nous voilà dans une "dystopie du passé"... C'est très bien pensé, on est proche de la fascination mais c'est aussi là que le bât blesse: on voudrait en savoir plus. Cet aspect du roman aurait mérité d'être développé, approfondi. L'auteur passe souvent trop vite sur ce cadre, ce qui l'a amené, sur le pourquoi du comment... L'idée était si géniale... c'est dommage de ne pas l'exploiter à fond...
Le bon, c'est aussi la sensibilité de l'écriture qui sait très bien rendre les tourments et les questionnements de Romain, joli personnage tout en finesse et en sensibilité.
Le bon, ce sont aussi d'attachants personnages secondaires (j'ai personnellement un faible pour Roderic de Sens).
Le bon, c'est encore l'idée d'avoir mis au début de chaque chapitre des extraits de chansons, de journaux intimes de personnages, de textes de lois relatifs au monde décrit et qui tente de se déployer dans le roman.
Le bon, c'est enfin ce XIX°siècle bien dépeint qui rappelle Eugène Sue avec sa profusion de personnages atypiques et gouailleurs au parler argotique savoureux, qui rappelle aussi parfois le Gavroche de Hugo ou sa Cour des Miracles.
Au registre des points négatifs, il y a ce manque de profondeur que j'ai tant regretté, qui m'a tant frustré et dont j'ai parlé plus haut. Pourquoi? Comment en sont-ils arrivés là?
Il y a aussi cette impression générale désagréable d'un roman qui va trop vite, beaucoup trop vite: tout arrive au bon moment et rapidement aux personnages. Même quand ces derniers sont en difficultés, ils s'en sortent trop bien trop rapidement... Cette sensation est particulièrement présente pour la fin du roman menée tambour battant, si bien qu'elle manque de vraisemblance parfois et d'explications.
Il y avait matière à écrire un chef d'oeuvre mais le tout donne l'impression d'avoir été bâclé... C'est d'autant plus regrettable que les idées étaient là et bien là, excellentes... Oui mais voilà... Un roman qui aurait mérité plus d'approfondissement, de labeur peut-être...
Pas un mauvais moment en somme, mais un moment gâché par cette impression et la frustration qui en découle.


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