L'AMYGDALITE DE TARZAN d'
ALFREDO BRYCE-ECHENIQUEJuan Manuel fait cet amer constat avec Fernanda Mia, ils ont toujours été meilleurs par correspondance, non pas que l'amour ait manqué mais plutôt de ne pas avoir trouvé le bon endroit au bon moment. Ou, formulé autrement ils partageaient un ballon sur un terrain mais ne jouaient pas au même jeu. Fernanda vit à Oakland, elle s'est fait voler toutes les lettres de Juan, ses bijoux et sa montre par »trois gorilles noirs ». Juan, lui, a quitté Lima pour Paris. Ils se sont connus en 1967, elle de son vrai nom Fernanda de la Trinidad del Monte Montes du Salvador, lui, chanteur de troisième zone, elle débarquait à Paris, famille riche, parlant cinq langues, avait un boulot de correctrice de style en chef de
Cortazar ainsi que de
Vargas Llosa. 1967 c'est l'année où Luisa la femme de Juan l'a quitté, il écrivait des chansons tristes. Ils se connurent chez un attaché d'ambassade, dansèrent et puis comme Juan était toujours fauché, elle l'hébergeait sans l'entretenir. Quelques temps plus tard à propos de cravates, d'écrivains Sud américains et de nouveaux riches, ils se brouillèrent et ne se reverront que sept ans plus tard, Pinochet était au pouvoir et Fernanda mariée à Enrique.
C'est une longue et belle histoire d'amour que l'auteur nous raconte faite de rendez-vous manqués et d'une abondante correspondance entre Fernanda et Juan. C'est en même temps un roman épistolaire et traditionnel sur fond politique au Chili ou au Salvador. Malgré les vicissitudes de sa vie tumultueuse, Fernanda affirmera qu'elle se sent »aussi forte que TARZAN au bord du fleuve où même les crocodiles le respectent ». Un auteur à découvrir.
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