Enquête du commissaire Workan, tome 7 : Le quai des enrhumés

- Les gens sont méchants, se navra Workan. Ce sont vos collègues qui vous ont raconté tout ça ?
- Je ne suis pas une délatrice.
- C’est Lecoq qui vous envoie, j’en suis sûr… Vous savez malgré tout le respect que je lui dois, c’est un enfoiré de première. Il devrait être rayé de l’ordre des bouchers charcutiers. C’est un malfaisant qui salope son travail.
- OK. Je lui dirai.
- Rapporteuse ! Sycophane !...
- C’est quoi ?
- Une moucharde gestapiste !
- Arrêtez commissaire ou je prends vos collègues à témoins : insultes et harcèlement moral à mon encontre pendant mon temps de travail et de surcroit sur une scène de crime.
- OK, OK, fit Workan en se relevant. Tentons d’œuvrer dans la sérénité.
- J’aime la sérénité, dit la femme en combinaison blanche.
- C’est ce que je vous propose… On ne pouvait pas mieux tomber… Alors de quoi est mort cet homme, Madame la doctoresse ?
- Appelez-moi docteur, ça suffira.
- Je ne sais plus comment dire avec toute cette féminisation à la con… Voyez, vous-même vous abondez dans mon sens. Vous réfutez le terme de doctoresse pour m’imposer : docteur : Mettez-vous à ma place.

Workan explosa en s’éjectant de sa chaise :
- Villard vous êtes un con ! Génétiquement con ! Façonné par des générations de cons ! … J’espère que vous serez le dernier de la lignée !
Le vieux ne se démonta pas :
- Je crois pas. Ma fille est enceinte de son cinquième. Sans compter ceux de mon fils.
Le commissaire se rassit en soupirant. « L’humanité a un bel avenir devant elle », murmura-t-il.

Workan présuma qu’en l’absence de son dans son phone le divisionnaire avait raccroché. Il se saisit de sa tasse de café et but d’un trait de l’arabica.
- Qu’est-ce qu’il lui prend ? demanda-t-il à Leila. J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?
- T’occupe ! il est soupe au lait, déclara la Berbère. T’as vu y a un bateau qui s’appelle le Slip français, je te dis pas le spectacle quand il va mettre les voiles. Je voudrais bien voir ça.
-Pourquoi pas le calbar tchétchène, tant qu’on y est ? rétorqua Workan. Ce milieu est en train de virer maboul. Je laisserais bien la bombe à Prigent exploser, moi.
Son téléphone se manifesta à nouveau. Le nom de Lérouyer apparut, que lui voulait le Celte roux ?
- Commissaire ?
- Oui.
- Vous avez des nouvelles de l’IGS ?

Vous savez que d’après sa femme, Boverger n’avait pas de valise.
Ah ! je vous jure que si. Vous n’avez qu’à demander à Bob, il a…
Villard s’arrêta net, rouge et confus.
C’est qui Bob ? demanda Workan.
Mon chien.
Et vous voulez que je lui demande de me décrire la scène ?
Euh non !
Vous disiez donc que Bob a.... ?
Il a voulu pisser sur les roulettes de la valise, c’est donc qu’il y en avait bien une.
A-t-il uriné sur les roulettes ? s’enquit Workan, meurtri, se rendant soudain compte dans quelle profondeur s’enlisait l’enquête.
Je sais pas très bien, il faisait sombre.
Le commissaire jeta un œil sur Bob dont le regard avide se projetait sur ses chaussures. Instinctivement il se recula d’un pas.

- (…) Vous emmenez Lerouyer avec vous, il est de là-bas et ça retardera son audition devant l’IGS.
- Ils se sont battus, dit Workan serein.
- De quoi parlez-vous ?
- Les trois agresseurs de l’infirmière… Ils se sont bagarrés, on a eu le tort de les mettre dans la même cellule… Ce n’est pas notre faute s’ils se sont démoli le portrait. Trois mecs courageux qui dérouillent une infirmière à 6 heures du matin, après son service de nuit, sont assez cons pour se chicorer la gueule pour un oui ou pour un non. D’ailleurs, on a retrouvé du shit sur eux…
- Mais vous venez d’arriver au commissariat, protesta Prigent.
- Justement, je sais que tout le commissariat a été témoin de cette bagarre.
- Mais… c’est ill…
- Légal ! Vous avez raison, c’est tout à fait légal…