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Critique de encoredunoir


Neuf nouvelles datées de 1992 à 2007 composent ce recueil publié en 2010 chez Rivages et tout juste réédité en format poche. J'avais pour ma part attendu cette nouvelle édition pour l'acheter et je ne le regrette pas. Non que ce livre n'eût pas valu d'être acheté en grand format mais simplement parce que, reparaissant au moment où l'éditeur publie Swan Peak, il permet, par le biais d'une nouvelle centrale, de mieux faire la connaissance de l'un des personnages de ce roman, Albert Hollister, qui y apparaissait à peine esquissé. Et, ce faisant, il nous éclaire sur le travail de l'écrivain qui sait conférer à ses personnages une véritable personnalité quand bien même ils ne doivent que tenir un rôle très secondaire.

Mais au-delà de cet intérêt purement technique et un brin anecdotique, Jésus prend la mer est aussi un condensé des thèmes chers – des obsessions, même – de James Lee Burke. Sous une forme relativement épurée (l'épure reste toujours relative chez Burke, auteur sujet aux grandes envolées lyriques), on aborde ainsi la question de l'addiction, la façon dont un homme peut ou pas décider de passer le pas qui fera de lui l'égal de celui ou de ceux qu'il veut combattre et, bien entendu, la violence intrinsèque de l'Amérique. Une Amérique qui, d'un conflit à l'autre, de Pearl Harbour à l'Irak en passant par la Corée, est un pays perpétuellement en guerre. Contre les autres, mais aussi contre lui-même et qui apparaît souvent comme un ogre dévorant ses propres enfants. Les plus faibles, bien sûr. Que ce soit par le biais de l'ignorance entretenue des plus pauvres qui les mènera dans quelque geôle ou sur une plateforme pétrolière branlante, par la fabrication d'inadaptés sociaux qui n'ont plus que cette violence pour s'exprimer, ou en laissant ces invisibles dériver pendant que le président survole la ville à bord d'Air Force One.

C'est là le portrait doux amer, où la nostalgie se mêle au regret que rien n'ait vraiment su changer, d'un pays bien ancré dans ses préjugés et qui peine à avancer. Un portrait entre réalisme et fantasme poétique. Un bien beau recueil.

Et, en plus, beau bonus, vous apprendrez qu'entre deux règlements de comptes et l'ouverture d'un casino à Las Vegas, Bugsy Siegel vouait une véritable passion au yo-yo. Si avec ça vous n'êtes pas convaincus…

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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