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Olivier Deparis (Traducteur)
EAN : 9782743621032
188 pages
Payot et Rivages (05/05/2010)
3.91/5   32 notes
Résumé :

“ Puis un drôle de truc se produit. Dans l’eau, à côté de nous, apparaît la grande sculpture de Jésus sur la croix, celle de l’église en stuc au bout de ma rue. Il est sur le dos, les bras écartés, les vagues lui glissant sur la peau. Les trous dans ses mains sont pareils aux pétales des bougainvillées sur le mur de l’église…»Qu’il raconte la violenc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
James Lee Burke me rassure.
Quelques fois, je passe par des phases où rien de ce que je lis ne me plait. Je parcoure trois pages et repose le livre. C'est terrible ! Dans ces cas-là, le nom - grand ou petit- de l'auteur ne change rien. Il me faut me retrouver en territoire connu au risque de ne pouvoir jamais revenir en littérature.
A l'aide d'un treuil, je pioche dans ma mémoire une écriture familière et constate souvent avec désarroi que toutes les places sont prises. Je dois alors chercher ce qui se cache derrière les grands auteurs. Il faut fouiner, contourner Faulkner et Steinbeck, lire tout Harrison et McGuane, tout Toni Morrison, et si l'humeur m'apparaît propice, alors j'ajoute un inédit de Bukowski ou je relis John Fante.
Ces périodes sont celles du doute et il ne faut absolument pas que je croise la plume d'un écrivain moins fanatique, un de ceux qui laissent l'histoire recouvrir le sens des mots. J'aime cette littérature-là, mais quand le doute s'installe en moi je la fuis à toutes jambes.
Il me faut du concret, du "longtemps je me suis couché de bonne heure", du "ce matin maman est morte", du "dans un trou vivait un Hobbit" (mais je m'égare). Quand on ne veut plus se faire raconter d'histoire, que la lassitude s'est installée, on se blase et alors on passe à côté de merveilles.
James Lee Burke me rassure.
Même dans le cas de ce recueil de nouvelles, je peux prendre la première phrase de n'importe laquelle, je sais que je vais faire le voyage en sa compagnie. Tenez. " Il disait à tous les jeunes de l'appeler Frank." Une autre : "Quand les bombes sont tombées sur Pearl Harbor, nous habitions une rue calme en cul-de-sac dans une ville proche de la mer, où les palmiers et les chênes verts poussaient côte à côte dans des près qui restaient verdoyants tout au long de l'hiver." Une dernière : "En 1947, Nick Hauser et moi avions deux passions dans la vie : le base-ball et les tournois de yo-yo Cheerio."
Toutes ces phrases inaugurent des nouvelles que je suis sûr de lire alors que je parcoure ces premiers mots. Elles m'appellent, flattent ma curiosité, m'adressent un léger signe de tête qui veut dire "hé mec, si tu venais écouter un bout par ici, ça t'intéresserait à coup sûr !"
Et moi je marche. Burke me redonne le goût de lire et d'entendre. j'ai envie de savoir ce que devient Nick à ce fameux match de boxe, comment Johnny Ace est mort, j'ai envie que Burke me fasse sourire en enveloppant ses histoires dans un écrin de prose réfléchie et intelligente.
J'ignore s'il y a un public pour ce genre de recueils. Ce serait souhaitable. Dans mon cas, les nouvelles de Burke sont des marches qui m'entraînent et me ramènent en littérature les fois où je n'ai plus envie, où la passion s'est enfuie. Rien que pour cela, ça compte.
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Neuf nouvelles datées de 1992 à 2007 composent ce recueil publié en 2010 chez Rivages et tout juste réédité en format poche. J'avais pour ma part attendu cette nouvelle édition pour l'acheter et je ne le regrette pas. Non que ce livre n'eût pas valu d'être acheté en grand format mais simplement parce que, reparaissant au moment où l'éditeur publie Swan Peak, il permet, par le biais d'une nouvelle centrale, de mieux faire la connaissance de l'un des personnages de ce roman, Albert Hollister, qui y apparaissait à peine esquissé. Et, ce faisant, il nous éclaire sur le travail de l'écrivain qui sait conférer à ses personnages une véritable personnalité quand bien même ils ne doivent que tenir un rôle très secondaire.

Mais au-delà de cet intérêt purement technique et un brin anecdotique, Jésus prend la mer est aussi un condensé des thèmes chers – des obsessions, même – de James Lee Burke. Sous une forme relativement épurée (l'épure reste toujours relative chez Burke, auteur sujet aux grandes envolées lyriques), on aborde ainsi la question de l'addiction, la façon dont un homme peut ou pas décider de passer le pas qui fera de lui l'égal de celui ou de ceux qu'il veut combattre et, bien entendu, la violence intrinsèque de l'Amérique. Une Amérique qui, d'un conflit à l'autre, de Pearl Harbour à l'Irak en passant par la Corée, est un pays perpétuellement en guerre. Contre les autres, mais aussi contre lui-même et qui apparaît souvent comme un ogre dévorant ses propres enfants. Les plus faibles, bien sûr. Que ce soit par le biais de l'ignorance entretenue des plus pauvres qui les mènera dans quelque geôle ou sur une plateforme pétrolière branlante, par la fabrication d'inadaptés sociaux qui n'ont plus que cette violence pour s'exprimer, ou en laissant ces invisibles dériver pendant que le président survole la ville à bord d'Air Force One.

C'est là le portrait doux amer, où la nostalgie se mêle au regret que rien n'ait vraiment su changer, d'un pays bien ancré dans ses préjugés et qui peine à avancer. Un portrait entre réalisme et fantasme poétique. Un bien beau recueil.

Et, en plus, beau bonus, vous apprendrez qu'entre deux règlements de comptes et l'ouverture d'un casino à Las Vegas, Bugsy Siegel vouait une véritable passion au yo-yo. Si avec ça vous n'êtes pas convaincus…

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Neuf nouvelles pour passer un moment littéraire parfait aux côtés du grand James Lee Burke, occasion rêvée pour ceux qui ne le connaissent pas d'approcher son oeuvre.
On retrouve dans ce recueil les thèmes de prédilection de Burke: son goût pour la nature et son don pour la décrire; la violence et les rapports de force qui régissent le monde; les questions de morale; l'amitié; une certaine nostalgie pour une Amérique disparue...
Plusieurs nouvelles mettent en scène deux jeunes garçons dans l'Amérique des années 40, soulignant l'apprentissage de la vie, la perte de l'innocence, le passage à l'état d'homme...
Un magnifique recueil qui se termine par un texte très fort mettant en scène deux hommes perchés sur le toit d'une maison lors de l'ouragan Katrina.
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Je ne suis pas trop nouvelles, je préfère suivre une histoire sur plusieurs jours voir, semaines, m'imprégner d'une ambiance, y repenser souvent, donc les histoires courtes, c'est un peu trop vite digéré pour moi. Mais je succombe devant l'écriture de James Lee Burke une fois de plus, il nous prend par l'épaule et nous raconte son Amérique et on se régale.
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Pas spécialement fan des nouvelles, je suis encore une fois tombée sous le charme de James lee Burke, de ses personnages, ses histoires inattendues et leur ambiance.
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critiques presse (1)
Telerama
04 avril 2012
Ces textes sont des chants mélancoliques ou rageurs, hommages virils à un pays dévasté, abandonné par les dieux et surtout les hommes politiques.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Pâques approchait et, à l'école, cela voulait dire le chemin de la Croix ainsi qu'un rappel quotidien en classe de catéchisme de la faiblesse et de la déloyauté de la nature humaine. Lorsqu'il avait eu le besoin d'eux, les compagnons du Christ avaient taillé la route pour le laisser trinquer tout seul. J'ai pu mesurer un peu mieux le sens de la trahison, ce printemps-là. (Page 166)
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Voilà comment j'en suis arrivé à un de ces moments dans la vie où on finit par se rendre compte qu'il n'y a pas de réponse aux grands mystères : pourquoi les innocents souffrent, pourquoi la maladie et la guerre existent, etc. J'ai également compris que ce qu'on appelle le destin est généralement déterminé par deux ou trois décisions ordinaires qui, en apparence, ne semblent pas avoir plus d'importance que de cracher son chewing-gum à travers la grille d'une bouche d'égout.(Page 52)
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Le quartier noir de Houston était un monde à part. Même les flics qui patrouillaient - on ne leur refilait que des voitures pourries, souvent toutes cabossées - étaient noirs. A presque tous les coins de rue, on trouvait des bars, des baraques de marchands de grillades et des stands de cireurs de chaussures. La musique était partout, elle sortait des radios, des juke-box, des églises, deux, trois vieux faisaient un boeuf sous un chêne. Rendez-vous compte : dans le quartier noir les magasins de disques n'existaient même pas. Pour acheter ses 78 et ses 45 tours, il fallait aller au salon de beauté ou chez le coiffeur. Les patrons de ces établissements accrochaient des haut-parleurs à leur devanture et passaient les derniers disques sortis, et, toute la journée, dans les rues, résonnaient les airs de Gatemouth Brown, de Lavern Baker et des Platters. (Page 48)
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Je n’ai qu’un regret. Personne ne s’est donné la peine de nous expliquer pourquoi on nous a laissés tomber. (Passage de l’ouragan Katrina sur La Nouvelle-Orléans). Tandis qu’avec Miles on est emportés vers le large, j’ai envie de lui poser la question. Puis un drôle de truc se produit. Dans l’eau, à côté de nous, apparaît la grande sculpture de Jésus sur la croix, celle de l’église en stuc au bout de ma rue. Il est sur le dos, les bras écartés, effleuré par les vagues. Les trous dans ses mains sont pareils aux pétales des bougainvillées sur le mur de l’église. Je lui demande ce qui s’est passé là-bas.
Il me regarde longuement, comme si j’étais long à la comprenette.
- Ouais, je vois ce que tu veux dire, j'enchaine, de peur de passer pour un con. C'est bien ce que je pensais. (Page 189)
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Installé dans l'arrière-boutique d'un coiffeur, Cool Daddy Hopkins était assis à son bureau avec, devant lui, un gros ventilateur, un hot-dog aux haricots rouges dégoulinant de fromage fondu et une bouteille de bière Mexicaine. Il avait une peau dorée tachetée de grains de beauté, comme si une voiture l'avait éclaboussé en roulant dans une flaque de boue. Sa veste et son gilet étaient suspendus au dossier de son fauteuil, ainsi que son Derringer 8 mm, rangé dans un holster. Au niveau des dessous-de-bras, des auréoles de sueur s'étalaient sur sa chemise en soie argent. (Page 48)
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Videos de James Lee Burke (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de James Lee Burke
?Robicheaux de James Lee Burke aux éditions Rivages/Noir ??https://www.lagriffenoire.com/1011046-nouveautes-polar-robicheaux.html ? ?Dans la brume électrique de James Lee Burke aux éditions Rivages Noirs ?? https://www.lagriffenoire.com/28333-poche-dans-la-brume-electrique.html ? ? ? Chinez & découvrez nos livres coups d?coeur dans notre librairie en ligne ? ?? lagriffenoire.com ? ? Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv ? ? Notre Newsletter ?? https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter ? Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel ? ? ? #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #sudradio #conseillecture #rentréelittéraire2019 #éditionsseuil #éditionsxo #éditionsbuchetchastel #éditionspocket #éditionsflammarion #éditionsfleuve #éditionsactessud #éditionsgallimard
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