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Critique de Kirzy


J'attendais énormément du dernier roman de Cécile Cabanac. Je n'ai pas été déçue. Si le Chaos dans nos veines ne m'a pas bouleversée comme La petite ritournelle de l'horreur ( il est vrai sur un sujet terriblement fort, l'enfance maltraitée et les dysfonctionnements de l'ASE ), j'ai été soufflée par la puissance d'un incroyable scénario taillé au laser.

Tout commence par une découverte macabre dans une maison isolée de Dordogne, le cadavre d'une femme, vraisemblablement un suicide par arme à feu. Sauf que dans la cave, un autre corps est retrouvé en train de se décomposer dans une cuve d'acide, impossible à identifier donc. Sauf que la première victime est une ex-capitaine Céline Arbin dont le sens de la justice surpassait tout au point d'être obsédée par deux affaires non résolues qui évidemment seront la clef des événements présents.

L'architecture de ce polar est remarquablement complexe, jonglant sur plusieurs temporalités. Ainsi alternent les chapitres du temps de l'enquête ( année 2019 avec une échappée en 2021 ) avec ceux qui remontent aux racines du Mal et aux investigations passées de Céline Arbin, déroulés chronologiquement à partir de 1983 pour se reprocher progressivement de 2019. L'autrice enchâsse ses chapitres de telle façon à ce que le passé et le présent se répondent, ouvrant des interrogations qui résonnent dans le chapitre qui suit, comme des échos qui construisent patiemment le puzzle de ce scénario d'une précision millimétrique.

La construction est tortueuse comme les méandres d'un fleuve, il est absolument impossible de comprendre où Cécile Cabanac nous mène. On a souvent l'impression d'y voir clair ou plus clair mais ce n'est qu'une illusion tant l'intrigue joue avec nos certitudes. Quelques intertextes en italiques tisonnent encore plus notre obsession à découvrir la vérité. Ce sont les confessions du tueur-manipulateur qui les démarrent ainsi : « tuer n'est pas à la portée du premier venu. » La trame est d'une rare densité, pleine de surprises et de rebondissements inattendus, peuplée de personnages inquiétants ( notamment de nombreux criminels, assassins ou violeurs, gravitant autour d'un avocat pénaliste as du barreau ).

Le titre fait écho à la thématique centrale du roman : l'hérédité et la question de la naissance du Mal. le Chaos dans nos veines fore la psyché humaine jusqu'à ce qu'elle a de plus sombre, sans aucun manichéisme. Les notions de Bien, de Mal et de Vérité étant profondément instables, n'importe qui semble être capable de basculer pour une raison ou une autre et se rendre capable du pire.

Il y a peu de lumières dans ce polar puissant et oppressant. A peine surgit-elle de l'impeccable duo d'enquêteurs qui apporte chair et humanité. Les deux flics, Rémy Brisseau et sa jeune adjointe Marianne Decointet ont des manières très différentes d'envisager leur métier ou de déployer leur énergie pour trouver pourquoi la capitaine Arbin a été assassinée et qui est l'inconnu dans la cuve d'acide. Mais au final, ils y parviennent. L'épilogue est d'autant plus terrible que l'auteur parvient à brillamment l'étirer et le disséminer sur une cinquantaine de pages au lieu de le balancer en quelques pages comme c'est souvent le cas. Vraiment une excellente lecture.

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