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Treize pièces de joaillerie, voilà ce qui compose le recueil de Jaume Cabré, centré sur la pénombre, en l'occurrence la mort et le meurtre sous différentes formes. Pourquoi et comment la ligne est franchie ? C'est à cette analyse que l'auteur se consacre, évoquant à chaque nouvelle un éclairage inédit, sans omettre de tisser des liens pour que l'ensemble fasse corps. Des conséquences de la maltraitante au métier de tueur, en passant par la guerre, le suicide et la folie, Jaume Cabré présente une belle exposition de monstres, de victimes et de cyniques, le tout avec un style ciselé, parfois drôle, mais toujours incisif.
La brièveté des nouvelles peut déstabiliser, car l'auteur n'aide guère le lecteur qui est plongé dès la première ligne dans le grand bain : à lui de retrouver ses marques.
Cependant, l'art et la peinture ont ici, comme dans les autres titres de l'auteur, leur importance.
Si le format ne rend pas hommage aux talents de conteur de Jaume Cabré, qui semble ici un peu à l'étroit, ce recueil donne un très bon avant-goût de son imaginaire.
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Mouais... S'il est toujours très agréable pour moi de découvrir un auteur qui fait la place belle à l'imagination et chahute le convenu de l'écriture et du réel, je trouve néanmoins que les nouvelles ici sont trop souvent alambiquées (déconstruction de la structure narrative qui m'a rendu la lecture plus d'une fois fastidieuse) et souvent répétitives dans le thème (l'univers pictural et la confusion "dans le tableau/hors du tableau") ou les procédés narratifs (impression d'une mécanique). En outre, les dialogues flirtent régulièrement avec le bavardage (d'où une impression générale d'inconsistance et de fadeur). Et puis le cynisme le plus cru, et tout azimut, pour unique substance des textes, n'est-ce pas un peu facile et pauvre? Enfin, les chutes sont à revoir: tantôt elles sont faibles, tantôt elles n'en sont pas vraiment.

N'est pas nouvelliste qui veut...

Selon moi, plus un "premier jet" qu'un recueil réellement abouti. Et un livre qui m'a semblé plus chercher à ébranler (pour ça, quoi de mieux que de mettre en scène le Mal) qu'à proposer des textes doués d'une âme (et... d'intelligence?).

Je vais tenter Confiteor, le "magistral roman" de l'auteur, selon Actes Sud. Mais j'ai des doutes.
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S'il est surtout connu pour la démesure et la virtuosité de son roman Confiteor, Jaume Cabré est également un remarquable nouvelliste.

J'ai choisi de vous parler de ce second recueil - Quan arriba la penombra - car c'est je pense une très bonne porte d'entrée pour qui s'intéresserait à l'écrivain ou à l'écriture catalane.

Véritables constantes de son oeuvre, on retrouve ici la fascination esthétique et métaphysique de l'écrivain pour l'art (la peinture surtout) et son rôle d'échappatoire à la réalité ; son obsession pour le Mal, la recherche d'une hypothétique origine universelle, l'étude de ses déclinaisons, son inéluctabilité dans l'Histoire déjà écrite et à venir.

Ainsi, Jaume Cabré convoque les particules les plus sombres de l'âme humaine, avec la particularité qu'aucune femme, ici, ne se fera l'instrument du mal. Son génie consiste à rendre l'exercice du mal banal, obligatoire, et en mettant tout sens dessus dessous, presque salvateur en définitive.

Enfin, lire Jaume Cabré c'est avant tout faire l'expérience du vertige. On le comprendra à la lecture de « Les hommes ne pleurent pas » qui ouvre ce recueil, que l'écrivain est un géant des lettres. Jaume Cabré orchestre son propre univers, télescope sa trame narrative par l'arrivée brutale d'un nouveau narrateur, manipule le temps comme un enfant jouerait avec de la pâte à modeler. Avec toujours une simplicité et une élégance proprement déconcertantes.

En fin connaisseur de son pays catalan, de son histoire, son parler, ses saveurs et couleurs, il pose de vibrants décors pittoresques à ses histoires. L'arène n'attend plus que ses combattants ! Mais preparez-vous à applaudir avec un plaisir coupable les mauvaises graines, truands et autres brutes qui invariablement, l'emporteront.
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Il faut aimer le jeu du chat et de la souris pour entrer dans un récit de Jaume Cabré... C'est déjà ce que je m'étais dit après avoir lu Confiteor. C'est toujours ce que je pense en refermant son recueil de nouvelles : Quand la pénombre arrive.
Son style s'est épuré : plus de rupture brutale au niveau spatio-temporel au milieu d'une phrase, plus de phrases inachevées... Il joue moins avec nos nerfs et notre patience ! Son jeu diabolique avec la construction du récit demeure mais dans ce recueil les codes de la nouvelle l'oblige à plus de sobriété, même si chaque récit s'ouvre sur un contexte qui nous plonge d'emblée dans l'incertitude : où est-on ? Qui parle ? On ne sait pas encore. Il faut accepter d'être déstabilisé et jouer la carte du suspense et du dévoilement progressif qui nous conduira vers un dénouement surprenant comme dans Pandore ou nous laissera dans le brouillard comme dans Buttubatta. C'est le côté facétieux de l'auteur !
Autre caractéristique de son écriture et de son univers : son art de jouer avec les limites. Celles de la technique narrative avec cet étourdissant va et vient dans l'espace et le temps où des fils d'intrigue se croisent, s'entrelacent pour se rejoindre dans un dénouement qui nous donne enfin la clé de ce dédale narratif dans lequel nous étions enfermés. Dans Points de fuite, par exemple, le retournement final nous renvoie de façon très peu conventionnelle vers une réalité bien plus folle que ce que nous proposait la fiction.
Jouer avec les limites, l'auteur le fait aussi avec les personnages de ses nouvelles. C'est en effet une belle galerie de meurtriers en tous genres qui défilent sous nos yeux. Qu'il s'agisse de tueurs professionnels traitant un meurtre comme s'il était question d'une banale affaire commerciale ou d'un tueur de petites filles qui nous fait entrer dans sa logique délirante, à aucun moment - du moins à mes yeux - l'auteur ne tombe dans le scabreux ou le voyeurisme. L'humour noir très présent dans ses nouvelles est sans doute l'une des clés de ce tour de force car il fait de cette plongée dans les noirceurs de l'âme humaine une source de questionnements et non de rejet.
Ce que j'ai aussi aimé dans ce recueil c'est le jeu de piste auquel nous invite l'auteur en développant une thématique cachée ou plutôt masquée. En effet, ce n'est pas un hasard s'il est beaucoup question de peinture dans ces nouvelles notamment avec un tableau de Millet La Fermière. Autour de cette oeuvre vont évoluer de façon itérative,dans des récits qui se font écho, plusieurs personnages masculins, , tous amoureux fous de cette paysanne vue de dos qui les nargue... Qu'a voulu nous murmurer à l'oreille Jaume Cabré en nous entraînant dans ce jeu de piste ? J'ai bien sûr une réponse personnelle que je me garderais bien de vous dévoiler. Mais j'ai beaucoup aimé cette façon ludique qu'avait l'auteur pour aborder une thématique très présente aussi dans Confiteor et qui semble l'obséder.
Certes, Jaume Cabré n'est sans doute pas un auteur consensuel mais quel plaisir de le lire quand on accroche à son style et son univers romanesque !
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Les thème du mal, du crime, du meurtre sur commande avec au milieu un tableau qui englouti son propriétaire irriguent ces 13 récits. le tout livré avec beaucoup d'humour noir.
Victime de pédophilie, placides tueur à gages, âme de voleur de moutons, écrivains diaboliques, et bien d'autres avec une tension parfaite dans ces courts récits. Une vision cynique de l'Humanité qui m'a procuré de bons moments de lecture.
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'on se venge de sévices du pensionnat ou qu'on agisse par contrat pour de petits meurtres entre amis, la faux finit toujours par tomber. On se confessera parfois au prêtre... mais est-on sûrs qu'il en réchappera? La fiction devient ici prétexte à libérer les pulsions criminelles les plus inavouables. Grinçant à souhait!
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La nouvelle est le genre littéraire dont je raffole. Ayant décidé de découvrir Jaume Cabré à travers ce recueil, j'avoue être partagé. Les 2 nouvelles intitulée « Paradis » et « les hommes ne pleurent pas » m'ont beaucoup plu. Les autres malheureusement beaucoup moins.
Je compte lire son chef-d'oeuvre « Confiteor » pour découvrir son talent de romancier.
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Jaume Cabré est un auteur de romans complexes qui m'a époustouflé avec Confiteor (2011), le roman total par excellence, qui a nécessité 8 années de travail, une grosse pépite littéraire. Aussi, j'ai beaucoup apprécié L'Ombre de l'eunuque (1996) une réflexion sur la création artistique à la fin du franquisme. Et aussi Les Voix du Pamano (2004), un livre très fort sur la mémoire historique.

Quand arrive la pénombre (2017) est le premier livre que je lui lis en français et je dois avouer que je n'ai pas reconnu le style de l'auteur, si posé et complexe. Ici c'est une succession de récits (13), en rapport et sans rapport les uns avec les autres, sur des sujets assez marginaux, avec des personnages principaux masculins et des femmes reléguées en toile de fond et pour des choses secondaires.

Il y a quelques histoires imbriquées, d'autres non. Parfois surgissait un personnage et je ne savais pas le situer dans le contexte. Des histoires assez décousues et beaucoup de thèmes délictueux.

J'ai été déçue, et à deux doigts d'abandonner la lecture, puis, au vu de l'admiration que m'ont inspiré les trois romans lus, j'ai persisté et arrivée, essoufflée, à la fin.

Les deux premières histoires m'ont intéressé beaucoup, écrites dans une prose plus que colloquiale (pouvant être grossière), où l'on sent de l'humour sous-jacent avec deux histoires bien menées. La première, "Les hommes ne pleurent pas" est l'histoire triste d'un adolescent abandonné dans un internat par un père qui ne viendra jamais le voir, un enfant qui sera abusé et qui ourdira une vengeance.

La deuxième histoire, "Moyennant finances", est assez cocasse, celle d'un pâtre voleur de moutons qui sera découvert.

A partir de la troisième histoire, l'intérêt s'est complètement gâté pour moi. J'ai éprouvé de la difficulté à suivre des enchaînements en dents de scie et des sujets qui m'ont paru sans grand intérêt.

Première déception de lecture d'un auteur de prédilection.
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Treize nouvelles sur des meurtriers qui exécutent froidement leurs victimes sans remords ni questions existentielles, parce que c'est comme ça, gratuitement ou sur commande ou par accident malencontreux.
Beaucoup d'humour noir dans ces récits et un petit jeu de piste car si ces nouvelles sont indépendantes les unes des autres au niveau des intrigues, on retrouve parfois un personnage antérieur qui s'y est égaré ou un tableau mystérieux qui aspire celui qui le regarde d'un peu trop prés.
Excellent
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13 nouvelles ayant pour point commun le meurtre. Dit comme ça, pas très engageant. Mais c'est sans compter la prose unique et intelligente de Jaume Cabré, auteur du fabuleux Confiteor. le crime y semble ordinaire et parfois presque justifié. En toile de fond la peinture, la musique. Mes deux préférées sont Les hommes pleurent et Point de fuite. Écriture hypnotique.
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