Avec la quantité de travail que j'avais déjà fournie, j'étais tout à fait capable d'écrire ce texte sans une seule faute. Mais sentir le regard de mon père fixé sur mon stylo me mettait les nerfs à vif et le cerveau en déroute. Certains mots perdaient leur sens et n'étaient plus qu'une suite de lettres que je ne savais plus assembler. Les grognements que papa poussait ne faisaient que m'affoler un peu plus. (p. 63)
(...) quand papa était enfant, il était bon élève et rêvait de devenir médecin. Mais son père l'a obligé à devenir garagiste pour reprendre le garage familial. Mon pauvre papa a eu beau protester et supplier, il a dû quitter l'école à seize ans. Aussi s'est-il juré que son fils, lui, ferait des études et réaliserait son rêve... Son rêve à lui, je veux dire. (p. 8)
J'ai filé à la salle de bains me passer de l'eau fraîche sur la figure pour effacer les traces de mes pleurs.
Mais, dès que j'ai mis le pied dans la cuisine, ma mère a vu que quelque chose clochait. Elle a des antennes pour ça, c'est effrayant. (p. 22)
Avec la quantité de travail que j'avais déjà fournie, j'étais tout à fait capable d'écrire ce texte sans une seule faute. Mais sentir le regard de mon père fixé sur mon stylo me mettait les nerfs à vif et le cerveau en déroute. Certains mots perdaient leur sens et n'étaient plus qu'une suite de lettres que je ne savais plus assembler. les grognements que papa poussaient ne faisaient que m'affoler un peu plus.
(...) c'est à ce moment-là que j'aurais dû révéler la vérité. Clamer que je me fichais d'être médecin, pompier, charcutier, président de la République ou même garagiste comme lui ! Que je voulais être un garçon de dix ans, joyeux et sans souci. Pas un condamné aux travaux forcés, obligé de traîner son avenir comme un boulet au pied. (p. 14)
Est-ce que j'étais un rebelle ? Cette interrogation m'a fait monter les larmes aux yeux. Bien sûr que non ! J'étais seulement un garçon déboussolé, prisonnier d'un trou noir où il s'enfonçait. Et je n'avais personne pour m'aider. (p.71)
J'avais honte de moi, je me dégoûtais mais je ne voyais pas comment agir autrement. Alors, je ne ratais aucune occasion de faire le clown en classe et, quand je provoquais les rires admiratifs de mes copains, pendant un instant, je croyais retrouver l'estime de moi-même. (p.69)
- Je te conseille de t'appliquer et d'avoir la moyenne. Sinon, gare à toi !
Comme il fallait s'y attendre, cette menace a achevé de me paniquer et, lorsqu'il a fallu écrire les phrases que nous dictait le maître, j'ai perdu tous mes moyens. J'entendais un mot, je savais comment il s'écrivait... et je l'écrivais autrement ! C'était comme si ma main faisait des fautes en cachette de ma tête. (p.52)