Citations sur L'héritage des Darcer, tome 1 : L'envol (18)
Elle avait lu quelque part que les fauves s'isolaient pour soigner leurs blessures
Les gens qui se sentent près de mourir, dit-on, mettent tout en ordre avant le grand voyage
Si un regard pouvait tuer, elle aurait été à cet instant raide morte, enfoncée dans vingt centimètres de terre fendillée
Les yeux, dit-on, sont les miroirs de l'âme
C'était la première fois qu'elle avait absolument besoin de lui. Et, pour la première fois, c'était lui qui prenait la fuite.
Le blanc aristocratique, le noir trouble du reste. Mais jamais ses parents, au cours des années qui l'avaient fait passer de l'enfance à l'état de jeune fille apprêtée, d'esprit vif et facile, si papillonnante déjà, ne lui avaient fait remarquer que le noir couleur trompeuse, pouvait accumuler une multitude de nuances et anéantir la vision du monde que son éducation, moitié persuasive, moitié contraignante, lui avait fait adopter.
- Quelle forme ai-je prise à Liett ? Il y a des jours que je traîne le Don dans mon sillage, et sur lui, j'en sais toujours aussi peu; Répondez-moi : qui suis-je?
- Vous êtes süre de vouloir l'apprendre ? (...) Eh bien... Déjà, vous battez Madael de plate couture. Je tiens à préciser. Les dragons, les griffons - dépassé tout ça. Vous consiliez, Votre Altesse, toutes les qualités que vos vénérables ancêtres n'ont pas été fichus d'incarner. La plus jolie, la plus vulnérable et le plus ridicule de toutes les formes ailées...
Le sarcasme parut refluer su visage de l'assassin pour se transposer tout entier sur sa bouche, et du bout des lèvres Orest précisa :
- Un papillon.
Après s'être sentie humaine et insecte à la fois, la jeune fille avait l'impression d'abriter en elle-même deux My très distinctes. La première était Mydria Siartt, une demoiselle pour laquelle elle avait une immense estime. Svelte, gracieuse, ambitieuse -promise, elle n'en doutait pas, à un avenir de petite princesse accomplie. L'autre My était la vraie princesse. Elle n'en avait que le titre. Dans la foulée, elle avait perdu sa famille, sa superbe, son castel et le beau nom de Siartt. Belle altesse, en effet !
Et Orest, assassin certifié, homme sans coeur plus certifié encore, se retrouva à sangloter comme un enfant devant une toute jeune fille qui était, théoriquement, sa reine.
Ses pieds volaient au secours de My de leur propre initiative. Lui-même, en son âme et conscience, ne savait plus bien où il était. Il avait simplement peur. Si My… si cette petite idiote était… A non ! Il l’avait traînée d’un bout à l‘autre d’Edrillon. Elle n’allait pas lui claquer dans les doigts maintenant !
- My ! beugla-t-il. Répondez, ventredieu !
Rien. Pour une fois, elle se taisait. C’était bien le moment…