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3,85

sur 253 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Paru en 1973, et récemment ré-édité aux éditions Gallimard, « le dernier été en ville » incarne le versant mélancolique de la Dolce Vita, cette époque bénie de la fin des années soixante, que nous avons tous l'impression d'avoir touchée du doigt, en visionnant le film éponyme de Federico Fellini.

Léo Gazzarra, milanais d'origine, dérive dans la douceur romaine, vit d'expédients, de petits boulots pour des revues, et profite de la générosité de la bourgeoisie romaine qu'il fréquente assidûment. Il a presque trente ans mais reste un éternel adolescent qui passe l'essentiel de ses journées à lire en terrasse, à aller au cinéma ou à la mer toute proche. Mélancolique et cultivé, il a intégré le cercle huppé de la capitale alanguie par la touffeur d'un été de plomb. La nuit, Léo boit trop, se laisse entraîner dans une nouvelle tournée des grands ducs par son ami alcoolique Graziano, ou fréquente les soirées mondaines, où il multiplie les conquêtes d'un soir.

La nuit de ses trente ans, lors d'une soirée raffinée où l'ont convié des amis, Léo fait la rencontre d'Arianna, beauté aussi irradiante qu'exubérante, femme-enfant parfaitement consciente de son immense pouvoir de séduction. Entre la jeune femme radieuse et le trentenaire désenchanté c'est le coup de foudre, qui fera basculer l'équilibre précaire de la vie du narrateur.

Les deux amoureux ne se quittent plus, passent leurs journées à la mer, et tandis qu'Arianna ne parvient pas à sortir du rôle qu'elle s'est attribuée, Léo est hypnotisé, et peine à se remettre de la violence de la collision avec la Beauté. Les corps se frôlent mais ne s'entremêlent pas tout à fait, Arianna disparaît puis revient, Léo trouve un travail de journaliste à la petite semaine, suit Graziano dans d'interminables virées nocturnes, et se perd peu à peu dans la chaleur romaine.

« Le dernier été en ville » est un roman doux-amer, teinté de mélancolie malgré l'apparente légèreté de la Dolce Vita qui plane sur la cité romaine. Son héros aussi attachant que désemparé, n'est pas dupe du jeu social qui régit la conduite des happy few romains. Et pourtant, le lecteur assiste impuissant à la lente désagrégation de son univers vacillant au gré de ses retrouvailles avec l'impénétrable Arianna.

Le livre de Gianfranco Calligarich est une plongée dans une certaine bourgeoisie intellectuelle et terriblement mondaine de la fin des années soixante. Derrière la beauté, l'opulence, les sourires, les coupes de champagne, la douceur d'un été sans fin, la disparition de l'astre doré dans la Méditerranée, se dissimule un entre-soi froid et sans pitié. Et le destin de Léo, en réalité étranger aux cercles aisés de Rome, envouté par la beauté qui s'est assise un soir sur ses genoux, évoque inéluctablement Icare se brûlant les ailes pour avoir tenté d'approcher de trop près le soleil.
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Comment qualifier ce livre? .
Paru en 1973, Roman d'une époque , peinture d'une ville : Rome l'été, fin des années 60 , roman d'amour et de désespérance ? .

Léo Gazzara, vient de fêter ses trente ans , installé depuis quelques années dans la capitale il écrit des articles «  très réfléchis et mal payés » pour des revues et des journaux , il tentera , sans succès ou……sans volonté de faire son entrée à la télévision avant qu'un ami Renzo marié à Viola , le fasse entrer au Corriere Dello Sport, il y retape des dépêches aux accents tragiques .
Il se tait , s'adapte à toutes les situations ,se laisse aller , en manque total d'ambition, un vide lancinant remplit sa tête.

Malheureusement , il voulait se soûler ,voulait la «  cuite mortelle la plus massive qu'il puisse échafauder » .

Car il avait rencontré une très belle oisive , fragile et séductrice, aux longs cheveux noirs, Arianna, ,soeur d'Eva , étudiante en architecture , un peu perdue, incapable d'exprimer ses véritables sentiments , rencontre un peu magique , au début d'une lutte amoureuse vaine aussi silencieuse qu'une vraie , douleur …..

«  La beauté douloureuse » de cette jeune fille énigmatique lui rappelait sa jeunesse finie et son total manque d'ambition .

Il s'en ouvre auprès de son ami Graziano marié à la riche américaine Sandie.
El il boit , un peu trop et il le sait .
Entre peinture lumineuse de Rome ,solaire et magnétique : «  le silence des chaudes soirées, les escaliers éblouissants, les fontaines tapageuses ,les temples en ruine et le silence nocturne des dieux révoqués » et aussi «  Les coupoles , les ponts , des vieilles maisons imbibées de lumière » ….où l'on croise des aristocrates déchus ,des parvenus ,des arrivistes sans le sou ..et un portrait tout aussi saisissant des saisons et de leurs couleurs » .
«    Crépuscule rouge sillonné par des centaines d'hirondelles » Soleil assassin d'août et rues vides » ou encore :
Le quotidien bouleversant et mélancolique d'un Léo dont Arianna qui ne cesse de disparaître et d'apparaître , ne le sauvera pas de sa lente et inexorable descente aux enfers ….

Une histoire d'amour , tragique , d'incandescence , une quête vide de sens , intemporelle .

Le récit crépusculaire , fulgurant, traversé par l'amertume, le désenchantement, le silence des chaudes soirées à Rome intimement lié à la lente dérive poignante d'un jeune journaliste milanais —- couplé au portrait de l'après - guerre en Italie —— un renoncement tranquille, douloureux , ironique qui laisse un sentiment éperdu de perte , à l'écriture magnifique .
Cela fait penser à La Dolce Vita de Federico Fellini .

«  La mer qui accueille tout., tous les êtres qui n'ont jamais réussi à naître et ceux qui sont morts pour toujours.
Je pense au jour où le ciel s'ouvrira et où , pour la première fois ou encore une fois , ils retrouveront leur légitimité » .

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Rome, années 60.

Léo est un jeune homme originaire de Milan, arrivé à Rome pour essayer de donner un sens à sa vie, et vit de petits boulots à droite à gauche. Il va de bar en bar, rencontre un couple qui décide de partir en Amérique du Sud et récupère dès lors leur appartement, il goûte aux plaisirs de l'alcool et de la dolce Vita sans vraiment trouver sa place.

Le soir de ses 30 ans, il rencontre la belle et mystérieuse Arianna. Commence alors une idylle pleine de rebondissements, où chacun cherche l'autre mais sans jamais réussir à être simplement ensemble. Il faut dire qu'Arianna est fragile – elle a fait un séjour en clinique – et souvent évanescente et que les deux personnages se retrouvent seuls face à leur désarroi intime.
Quant à notre Léo il peine à s'insérer dans la vie : devenu pigiste au Corriere dello Sport, il erre la nuit imbibé d'alcool et ne voit pas d'issue à ses questions.

Mais le personnage principal de ce roman c'est Rome. Fontaine de Trevi, Place Navone, Villa Borghese … on retrouve tous les lieux qui font aujourd'hui le bonheur des touristes … sans le tourisme de masse. On pense à Fellini bien sûr, et à tous les réalisateurs italiens de cette époque désormais révolue.

Très agréable à lire, plutôt sombre dans son récit, Gianfranco Calligarich raconte une histoire d'amour sans espoir, sur fond de nostalgie pour une société qu'on ne reverra plus. Une belle réussite.
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Désoeuvrés, les héros de Gianfranco Calligarich se cherchent, errant dans les rues de Rome, sous le soleil ou sous la lune. Oiseaux de nuit, ils aiment pourtant se nourrir de la chaleur italienne, de son ambre douce bientôt brûlante alors qu'août arrive. Ils flottent, souvent soûls, dissimulant une mélancolie latente et irrémédiable, un mal de vivre incurable que le tourbillon mondain accentue, induisant une torpeur étourdissante et écoeurante (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/06/29/le-dernier-ete-en-ville-gianfranco-calligarich/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Un livre au charme désuet dont les pages se tournent au rythme des saisons à Rome.
Une langue légère, désinvolte qui nous fait côtoyer tout autant la touchante superficialité de personnages hauts en couleur que la dérive existentielle d'un homme condamné à une terrible solitude intérieure.
Beau et mélancolique à la fois.

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Un livre étrange, une errance, une désespérance, une impuissance. Étrange aussi par ce mot qui n'existe pas dans la langue française et que l'on retrouve aux quatre coins du récit : « brancal ». Simplement « bancal » avec une petite faute de frappe ou quelque chose de plus complexe, de plus habité que le lecteur comprend confusément. Brancal, une manière d'osciller, de ne pas trouver sa route, d'être quelque peu contrefait, d'être voué à l'anéantissement… Tel est le destin de Léo Gazzarra dans ce Dernier été en ville. Une ville qui est Rome, qui le coeur du récit, son personnage essentiel. Une Rome de la Dolce Vita pour un univers à la Fitzgerald. Léo, présenté par d'autres comme « malin comme un singe » n'est qu'un homme perdu, tant dans l'alcool, tantôt dans l'abstinence, toujours dans l'incapacité de vivre jusqu'au bout ses désirs et ses impulsions intimes avec quelques scènes d'anthologie comme ce moment où rentrant chez lui à Milan pour Noël, Léo voit sa mère, à la fenêtre, faire un geste de la main à son père qui va faire chauffer son moteur et ne voulant pas troubler ce calme, cette sérénité, cette vie simple qui existe sans lui, fait aussitôt demi-tour et retourne à Rome. Rome où il vit son amour contrarié, fait d'impuissance et d'impossibilités avec Arianna, un amour qui n'est rien d'autre que la métaphore de son propre destin. Avec une apothéose des corps qui se trouvent enfin pleinement après un après-midi où, dans une explosion consommatrice, ils achètent tout jusqu'à un teckel de race, teckel qui sert finalement à payer leur thé dans un salon de thé où l'on refuse les chèques. le dernier été en ville nous parle d'un temps qui n'est plus, où même la désespérance était moins sombre. Un récit que l'on eut imaginé filmé en noir et blanc par Antonioni plus encore que par Fellini. Un livre sur la vacuité, sur le rien de la vie, sur sa vanité fondamentale et qui pourtant laisse une trace, comme un sillon dans une plage, allant vers une mer absolue, qui engloutit tout.
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Un roman sombre mettant en scène des personnes perdues qui cherche un peu de lumière dans leur vie monotone. Une histoire de solitude qui cherche une échappatoire dans l'amour.
En somme toute une magnifique lecture avec une plume poétique de Calligarich.
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« En peu de temps, je fus chaviré par une avalanche d'émotions oubliées, de souvenirs de ma vie avec elle durant le dernier été de ma vie. »
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Chef d'oeuvre de la littérature transalpine, « le dernier été en ville » est le 1er roman de Gianfranco Calligarich.
Traduit en français près de 50 ans après sa publication en Italie, ce récit flamboyant et de ceux qui vous marquent par leur incandescence.

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« Que ce soit clair : je n'en veux à personne, j'ai eu mes cartes en main et je les ai jouées. Voilà tout. »
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Dans la Rome fellinienne des années 60, on y suit les tribulations de Leo Gazzara, jeune looser aussi magnifique que mélancolique.
A travers le portrait en clair-obscur de cet anti-héros désabusé, c'est une plongée poétique - et lumineuse - dans les méandres d'une vie intérieure douce-amère que nous donne à découvrir l'auteur.

Porté par une écriture délicate qui tient à distance - tout à la fois - le pathos et les phrases trop contentes d'elles-mêmes, ce roman offre à ses lecteurs des surfaces de projection au travers des non-dits et des hors-champs dessinés par G. Calligarich, dans ce livre à la grâce subtile qui m'aura émue aux larmes.
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Dans les années soixante, Léo, jeune adulte, traîne son mal de vivre, à travers les ruelles de la capitale italienne.
Rebelle à un travail répétitif et des horaires réguliers, Léo flâne , le jour, dans Rome et passe ses nuits, à s'amuser, s'enivrer et s'ennuyer dans des fêtes huppées et snobs.
Mais, notre héros est cependant, attachant et sympathique. Amoureux de la littérature, il se révèle intelligent dans de fulgurantes réparties, fragile en amour et touchant en amitié.
Ses soirées déjantées rappellent des scènes de «  La Dolce Vita » de Fellini et la douceur de ses promenades nocturnes reflète certaines images de «  La Nuit » d'Antonioni.
La beauté de la « Ville éternelle «  illumine chaque page de ce roman au charme fou.
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« Le dernier été en ville » est un livre que j'ai eu beaucoup de mal à finir (environ deux mois). Pour faire court, le personnage principal ne me correspondait pas. Pourtant, j'ai adoré la fin du livre. Cette dernière est symbolique et inévitable, c'est tout le paradoxe de ce livre, le récit angoissant est indissociable de la fin délivrante. La fin libère du récit et c'est simplement grâce à cette libération marquante que je conseille la lecture de ce livre.
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