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Critique de Cigale17


[Critique parue le 11/06/2023 sur le forum du jury du Prix du roman FNAC 2023]

Jeanne est très connue : actrice de cinéma porno qui met un point d'honneur à faire son boulot en professionnelle consciencieuse, elle a acquis une grande réputation. Actuellement, elle tourne un pilote qui, s'il marche, inaugurera une série qu'elle s'attache à considérer comme une relecture des mythes grecs. Son rêve est de devenir réalisatrice pour revisiter Phèdre et l'adapter en porno. Afin de supporter l'absurdité de sa vie, elle prend de la coke et d'autres drogues. Souvent.
Nathan est prof. Il donne des cours sur le cinéma américain dans une université. Si le cinéma américain le passionne, l'enseignement ne comble pas sa vie. Sa thèse traine depuis plusieurs années et il n'en finit pas de la rédiger. Il ne se trouve pas à la hauteur et, pour se rassurer, pour mieux paraître, pour plaire à ses étudiants et pour tout le reste, il prend de la coke et d'autres drogues. Beaucoup.
***
Je suis embarrassée pour donner un avis sur le Roman de Jeanne et Nathan. Je n'ai pas su l'apprécier, mais il va probablement trouver son lectorat. Il devrait en tout cas faire parler de lui : j'ai même eu parfois l'impression que certaines scènes étaient écrites dans ce but. Dès le début de son roman, Clément Camar-Mercier s'attache à mêler discours intellectuel et actes pornographiques. On trouve des scènes de sexe crues, brutales, dérangeantes, auxquelles s'ajoute, surtout dans la première moitié du roman, un discours parfois pédant tant sur la pornographie que sur la psychanalyse, la mythologie et le cinéma : la quantité de noms cités, l'absence de toute explication, certaines références pointues semblent viser un public restreint et particulier, à tout le moins vouloir impressionner le lecteur lambda, voire l'écarter. La volonté de recourir à un humour absurde, un deuxième degré qui se pratiquerait entre gens du même milieu, affleure souvent, mais pour moi, non-initiée, ça tombe le plus souvent à plat. La quatrième de couverture parle d'un amour fou ; il faudra cependant attendre la moitié du livre avant que les deux personnages principaux ne se rencontrent. Jusque-là, leurs histoires alternent sans jamais se mêler. Plus on avance dans le récit, plus il devient déjanté. Pendant leur sevrage, déjà, mais paradoxalement plus encore après : l'histoire perd toute crédibilité, part dans tous les sens, s'égare même en politique-fiction… La scène de viol (4 pages !) m'a semblé complaisante dans l'horreur. Bref, si on excepte la référence du titre, avec le roman de Jeanne et Nathan, on est bien loin de Tristan et Iseult à mon avis ! Mes deux petites étoiles et demi sont dues à la description effrayante et réaliste, très marquante, de l'addiction ainsi qu'aux quelques passages dont le style est remarquable. Vous l'aurez compris : je ne suis pas la cible.
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