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EAN : 9782330182106
352 pages
Actes Sud (16/08/2023)
3.13/5   102 notes
Résumé :
Ce livre est un choc, une violence faite au corps que l’époque terrasse. Un roman entre tragédie et conte d’amour – Vous plaît-il d’entendre un beau conte d’amour et de mort ? –, porté par une langue puissante, une dramaturgie épique, un rythme cinématographique, des personnages inoubliables.
L’histoire de Jeanne et Nathan est celle d’un réel que l’addiction met à distance, qu’elle rend supportable ou transcende en le falsifiant. Réunis, ils s’inventent un mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
3,13

sur 102 notes
[Critique parue le 11/06/2023 sur le forum du jury du Prix du roman FNAC 2023]

Jeanne est très connue : actrice de cinéma porno qui met un point d'honneur à faire son boulot en professionnelle consciencieuse, elle a acquis une grande réputation. Actuellement, elle tourne un pilote qui, s'il marche, inaugurera une série qu'elle s'attache à considérer comme une relecture des mythes grecs. Son rêve est de devenir réalisatrice pour revisiter Phèdre et l'adapter en porno. Afin de supporter l'absurdité de sa vie, elle prend de la coke et d'autres drogues. Souvent.
Nathan est prof. Il donne des cours sur le cinéma américain dans une université. Si le cinéma américain le passionne, l'enseignement ne comble pas sa vie. Sa thèse traine depuis plusieurs années et il n'en finit pas de la rédiger. Il ne se trouve pas à la hauteur et, pour se rassurer, pour mieux paraître, pour plaire à ses étudiants et pour tout le reste, il prend de la coke et d'autres drogues. Beaucoup.
***
Je suis embarrassée pour donner un avis sur le Roman de Jeanne et Nathan. Je n'ai pas su l'apprécier, mais il va probablement trouver son lectorat. Il devrait en tout cas faire parler de lui : j'ai même eu parfois l'impression que certaines scènes étaient écrites dans ce but. Dès le début de son roman, Clément Camar-Mercier s'attache à mêler discours intellectuel et actes pornographiques. On trouve des scènes de sexe crues, brutales, dérangeantes, auxquelles s'ajoute, surtout dans la première moitié du roman, un discours parfois pédant tant sur la pornographie que sur la psychanalyse, la mythologie et le cinéma : la quantité de noms cités, l'absence de toute explication, certaines références pointues semblent viser un public restreint et particulier, à tout le moins vouloir impressionner le lecteur lambda, voire l'écarter. La volonté de recourir à un humour absurde, un deuxième degré qui se pratiquerait entre gens du même milieu, affleure souvent, mais pour moi, non-initiée, ça tombe le plus souvent à plat. La quatrième de couverture parle d'un amour fou ; il faudra cependant attendre la moitié du livre avant que les deux personnages principaux ne se rencontrent. Jusque-là, leurs histoires alternent sans jamais se mêler. Plus on avance dans le récit, plus il devient déjanté. Pendant leur sevrage, déjà, mais paradoxalement plus encore après : l'histoire perd toute crédibilité, part dans tous les sens, s'égare même en politique-fiction… La scène de viol (4 pages !) m'a semblé complaisante dans l'horreur. Bref, si on excepte la référence du titre, avec le roman de Jeanne et Nathan, on est bien loin de Tristan et Iseult à mon avis ! Mes deux petites étoiles et demi sont dues à la description effrayante et réaliste, très marquante, de l'addiction ainsi qu'aux quelques passages dont le style est remarquable. Vous l'aurez compris : je ne suis pas la cible.
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Ce n'était pas gagné au départ. le faible potentiel d'attraction des personnages principaux aurait pu constituer un obstacle majeur : une actrice de porno et un camé mondain, mal équipés pour devenir des figures de légende ! Et pourtant, un je ne sais quoi sans le récit suscite la curiosité (pas malsaine : aucune surprise quant aux évocations du succès des films X ! ) Non c'est la détermination de Jeannette qui emporte la sympathie. Quant à Nathan qui épuise son corps en multipliant les expériences toujours plus insatisfaisantes et se composant un simulacre de vie sociale, il est loin pas d'un héros des temps modernes.
Masi le roman est aussi une magnifique histoire d'amour, aussi improbable qu'inévitable qui deviendra possible lorsque ces deux-là auront touché le fond.

La reconstruction puis l'élan vers un avenir différent sont-ils le gage de lendemains qui chantent ?

J'ai adoré ce roman, qui nous prend par les tripes puis se targue de ramener les choses à leurs justes valeurs : attention, lecteur, tu es en train de lire une fiction! …

Une belle découverte que ce premier roman mené de main de maître.

352 pages Actes Sud 16 août 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Ahhh merci merci merci d'avoir sauvé ma semaine, mon mois, ma rentrée.

La rentrée littéraire, ça fait toujours un peu peur. On est souvent noyé.s sous les romans lénifiants qui rivalisent de bienséance pour s'assurer un prix. Là, on n'est ni dans la bienséance ni dans les normes. On est dans le dur.

Jeanne et Nathan, ils n'ont rien, sont paumés, font semblant, ils ne tiennent que par la came. Jeanne est star du porno, elle est fière de s'être faite seule et de diriger sa carrière. Mais elle prend plein de coke - entre autres - pour oublier son job qu'elle n'aime pas tant que ça finalement quand elle gratte un peu. Et justement, la dope est là pour l'empêcher de se gratter. Nathan est « fils de », réalisateur raté et enseignant parce qu'il a adoré être étudiant. Il se pense spirituel, joue les blasés, mais au fond il sait qu'il est un imposteur parmi tant d'autres, et qu'il ne tient debout que parce qu'il se came.

Ces deux là sont faits pour s'enflammer: au premier regard dans un centre de désintox, ils vont s'aimer, d'un amour grand, beau et tragique.

Tout y est: l'histoire ancrée dans la réalité, les personnages forts et faibles, qui mentent beaucoup, surtout à eux-mêmes, et qui s'enflamment d'un coup, comme seuls ceux qui n'ont rien à perdre même pas la vie.

Un roman époustouflant, écrit avec un style, que dis-je un panache incroyable, une verve que je n'avais pas lue depuis des années, et qui nous emporte autant que l'histoire (j'aime particulièrement quand il s'adresse directement au lecteur - ça casse le rythme et en même temps l'histoire rebondit, c'est excellent).
Clément Camar-Mercier a écrit là le grand roman de l'année, peut-être pas dans les clous littéraires mais dans ceux de la vie, avec nos mots, avec nos maux… un roman assez inoubliable - mais quand même réservé à un public averti car il est toujours brut et un peu trash
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* Rentrée littéraire 2023 #3 *

Le 3ème roman reçu dans le cadre de ma participation au jury du prix du roman Fnac était "Le roman de Jeanne et Nathan" de Clément Camar-Mercier. Voici ma critique rédigée en juin dernier :

Jeanne est une actrice assez connue dans le milieu du cinéma pornographique. Très professionnelle, elle semble capable de tout, sans éprouver de difficultés. En réalité, désabusée par la vie, elle ne supporte tout cela que grâce à la cocaïne.
Nathan est un prof d'université, qui n'arrive pas à finaliser sa thèse. Il donne des cours sur le cinéma américain, et ne peut "assurer" que sous l'emprise de la drogue, dont il a besoin pour se sentir suffisamment captivant face à ses élèves. 
Et, un jour, ils se rencontrent...

J'ai aimé le style de l'auteur, à la fois très réaliste, presque brutal - voire cru - très imagé, mais aussi idéologique et littéraire. J'ai aimé la finesse, l'intelligence de ses digressions, ses interpellations au travers de ses personnages, de leurs questionnements, de leurs souffrances, de leurs sensations, de leur addiction...

J'ai aimé rencontrer les 2 personnages principaux alternativement, par leurs pensées, leurs souvenirs, leur présent,... exprimés à la première personne, et ce au sein d'un même chapitre. Cela crée du rythme, des contrastes, et déjà un lien entre eux, avant même qu'ils ne se rencontrent. Cela imprime aussi un côté épique, cinématographique au récit. Je trouve qu'on sent vraiment la formation et l'expérience de dramaturge de Clément Camar-Mercier

Cela a également suscité chez moi une évidence, celle que, comme l'expriment nombre de grandes tragédies, tout était écrit à l'avance et ne pouvait se terminer autrement que dans le drame. Je rejoins à ce niveau le parallèle fait par l'éditeur avec Tristan et Iseult.

Et pourtant... je ne peux pas vraiment dire que j'ai eu un coup de coeur pour ce roman. 

Les descriptions des actes pornographiques, ces scènes de sexe crues, brutales, dérangeantes, et notamment la scène de viol, ont été particulièrement éprouvantes pour moi. C'est sans doute volontaire de la part de l'auteur, mais cela reste un bémol pour moi concernant ce roman. 

De plus, le dernier tiers de l'histoire m'a déçu. Je suis d'avis que certains aspects manquent un peu de vraisemblance, à mon sens, notamment l'engagement en politique de Jeanne. 

Bref, je ne pense pas que ce roman, doté cependant de nombreuses qualités, puisse remporter le prix. Et je ne le conseillerais pas à n'importe qui. Toutefois, je suis heureuse de l'avoir lu et j'en garderai un bon souvenir dans l'ensemble. 

#PrixRomanFnac #fnac_officiel #rentréelittéraire2023 
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Avant d'ouvrir « le roman de Jeanne et Nathan », j'avais
reçu les conseils et avis de quelques un.e.s : courage, ce n'est pas un
livre facile, il faut réussir à dépasser le début, le mélange sexe et
drogue est sidérant, il faut sauter les trucs trop trash… Bref, il faut
faire preuve d'ouverture et d'indulgence pour aborder cette lecture,
c'est un premier roman après tout.

Eh bien, une fois la dernière page tournée, je sauve certes une
construction intéressante en trois temps : présentation des futurs
amants, leur rencontre et la chute ; pour le reste, je suis partagée
entre perplexité et écoeurement.

Perplexité parce que la 4e de couverture annonce une langue puissante
que j'ai trouvée verbeuse voire pédante, des personnages inoubliables
qui m'ont semblé vains, une histoire à mi-chemin entre la tragédie et le
conte d'amour ce que je n'ai pas reconnu (su reconnaître ?), une
lucidité qui à mes oreilles a sonné comme du cynisme, un caractère
subversif qui m'est apparu surtout malsainement dérangeant, une peinture
de l'époque qui pour moi tient plutôt du gloubi-boulga : les addictions
et la désintoxication, la pornographie, le cinéma et le théâtre, le
fascisme, les pandémies et le retour à la terre dans une ferme du
Loir-et-Cher… N'en jetez plus, la cour est pleine !

Et écoeurement par le caractère à la fois glauque et racoleur de
l'ensemble, misogyne du sol au plafond (l'actrice porno cocaïnée que son
activité délivre, au secours !). Et comment qualifier la principale
scène de viol sinon de voyeuriste, aussi indécente que révoltante,
étalée sur 4 pages d'une violence sans nom ?

Dire que j'étais aux anges de lire ce roman qu'Arnaud Viviant avait
si bien « vendu » dans le Masque et la Plume… Je suis bonne élève et
quand on me dit « faut lire », je lis mais franchement, là, j'ai eu le
sentiment d'avoir perdu mon temps ; je ne saurais mieux dire que cet
avis croisé sur un forum qui affirmait la « conviction qu'on a tous
autre chose de mieux à faire avec nous-même que de nous vautrer dans le
mal-être des autres pendant autant de pages » (j'ajoute : 341 pages
quand même !).

Ce livre voyage dans le cadre des #68premièresfois, merci à l'équipe pour cette belle aventure et ses découvertes enthousiasmantes (habituellement...)
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critiques presse (2)
LeMonde
24 août 2023
A dessein, ce premier roman sonne merveilleusement faux, juste assez pour soustraire le lecteur à un pathos un peu trop facile : juste assez faux pour être parfaitement juste, en somme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
RevueTransfuge
25 juillet 2023
Clément Camar-Mercier signe le premier roman français le plus abouti de cette rentrée : "Le roman de Jeanne et Nathan". Entre drogue, porno et Wagner.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Damien lui posa la question. Elle tenta d'y répondre, "Difficile de décrire l'orgasme féminin. " Il n'imagine même pas. Sinon il ferait le contraire de tout ce qu'il se passe dans cette vidéo . D’ailleurs, il ferait de manière plus générale, le contraire. Il serait bon que les hommes fassent le contraire. Tout ce que vous faites, les mâles, pour le faire bien, il y a juste à faire le contraire. Plus largement, si la société idéale existait , elle serait le contraire de celle-ci. Elle le pensait.
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Archiver, ce n’est pas savoir ce qu’on garde, c’est savoir ce qu’on jette.
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Il aimait dire aux étudiants lors de ses premiers cours : "Si vous voulez faire du cinéma, vous pouvez partir." Son cynisme plaisait à une jeunesse prise en étau entre le progressisme exécrable du monde et la vieillesse aigrie des professeurs. Par la même occasion, il justifiait son échec. Son rôle consistait à faire de sa vie ratée un modèle à ne pas suivre. Au moins, il pouvait se contenter de servir de mauvais exemple.
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C'est donc l'histoire d'un professeur d'université toxicomane qui tomba fol amoureux d'une actrice pornographique, elle aussi toxicomane. Et inversement.
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Le roi français, lui, était ralenti par ses archive, à l'époque itinérantes, qui devaient lui servir à prouver ses droits sur cette terre. Alors : comment prouver qui ont est et que cette terre est à nous ? Les papiers ne suffirent pas, la preuve : c'est à cause d'eux que l'envahisseur anglais put mettre la main sur cette vaste parcelle de France. En effet, embourbés à cause de leur poids, les chariots contenant les archives empêchèrent l'armée française d'avancer et, à sept heures du matin, Cœur de Lion attaqua Auguste. Tout y passa : les bagages, les chevaux, les corbeilles, les vases, les tables, l'or, les écus. Les Français, à l'administration déjà assourdissante, furent massacrés. Le roi d'Angleterre brûla toutes les archives. L'Homme sans origine. C'est après cette bataille que Philippe Auguste créa la fonction de garde des Sceaux et les Archives nationales par la même occasion, bien en sécurité au Louvre, pour éviter de trimballer tout ce bordel et perdre encore des bouts de territoire en essayant de prouver par la loi ce qu'il faut défendre par la force. (pp. 273-274)
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Videos de Clément Camar-Mercier (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clément Camar-Mercier
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0:00:15 Introduction 0:01:02 Clément Camar-Mercier 0:11:47 Yasmine Chami 0:22:56 Sylvain Coher 0:33:49 Lyonel Trouillot 0:44:09 Clara Arnaud 0:55:03 Loïc Merle 1:06:13 Mathias Enard
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Plus d'informations sur notre rentrée française : https://rentree.actes-sud.fr/ #rentréelittéraire #litteratureetrangere
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