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Critique de SZRAMOWO


Ecrit en 2012, traduit en France en 2016, quatre ans pour enfin pouvoir lire Une Lame de lumière, c'est un peu trop long pour l'afficionado de Camilleri et de son commissaire Montalbano.
Je suis très loin d'être déçu par cette enquête de Montalbano. Plutôt enthousiaste et retourné par la façon dont Andrea Camilleri, en utilisant toujours les mêmes ingrédients, produit des plats aux arômes, au bouquet, à la sapidité toujours aussi surprenants qu'étonnants. Des plats dont on reprend toujours une deuxième fois et dont on garde longtemps le goût en bouche après les avoir, hélas, dévorés.
Grâce aux éditions Fleuve, je fais partie des privilégiés qui ont pu lire le roman en avant-première. Avant-première pour le dernier roman.
Une lame de lumière est du concentré de Camilleri. On y retrouve un Montalbano plus Montalbano que jamais.
Toujours seul avec ses démons ; fuyant les autorités et la hiérarchie ; entouré de ses fidèles Fazio, Mimi Augello, et l'inénarrable Catarella ; la communauté de Vigatta ; les familles maffieuses, Cuffaro et Sinagra qui, tantôt se tirent la bourre, tantôt passent des alliances de circonstance pour soigner leur image. le questeur Bonnetti-Aldeghiri ; Enzo l'aubergiste ; Adelina la gouvernante cuisinière et son fils Pasquali.
Le récit plonge dans l'actualité. le commissariat est en effervescence. le Ministre de l'intérieur va arriver en hélicoptère pour visiter un campement d'urgence de migrants installé à Vigatta.
Montalbano se fait porter pâle pour ne pas accompagner la délégation officielle. Il se réveille ce matin-là la tête embrumée d'un rêve obscur dont il va constater par la suite qu'il était peut-être prémonitoire, en tous les cas qu'il contenait beaucoup d'éléments qui fonderont les intuitions de Salvo. Il est ramené, malgré-lui, au commissariat, car le Ministre annule son déplacement et plusieurs affaires viennent perturber le quotidien de Vigatta :
- Une querelle de chasseurs sur les lieux où se déroulait son rêve
- L'agression de la jeune Loredana, 20 ans, ex vendeuse de supermarché qui a épousé son patron M. di Marta âgé de plus de 50 ans.
- le témoignage de l'agriculteur, Gaspare Intelisano, sur des événements curieux qui se produisent sur son terrain de Spiritu Santo.
- L'ouverture d'une galerie d'art à Vigatta, dont Marian la gérante ne laisse pas Salvo indifférent et le rend nerveux lorsque Livia l'appelle.
L'histoire commence en douceur, semble se traîner comme le mal être de Montalbano. Au fur et à mesure des investigations dont il charge Fazio et Mimi, Montalbano voit se dessiner des pistes, des chemins qui se croisent.
Pour s'y retrouver dans ce dédale, Montalbano utilise toujours les mêmes « trucs » :
- Une interview à Retelibera par son ami journaliste Nicolo Zito réveille les familles maffieuses et justifie un coup de fil nocturne de l'avocat de l'une d'entre elles, Maître Guttadauro, qui raconte à Salvo la parabole des chasseurs et de l'âne travesti en lion….
- le recours à la connaissance du Milieu, de Pasquali le fils d'Adelina qu'il a sauvé autrefois de la prison.
- Les talents de séducteur de Mimi Augello chargé de séduire une suspecte…
- le vieille dame en fauteuil roulant qui habite par hasard en face de la maison du principal suspect et qui, passant ses journées à sa fenêtre, rapporte avec précision et force détails les allées et venues.
Cette fois encore, ça marche !
Loredana et son ami Valéria Bonifacio, avec l'aide du demi-frère de cette dernière, Rosario Lauricella, ont piégé di Marta pour le faire accuser du meurtre de l'ancien petit ami de Loredana, Carmelo Savastano.
Marian, la nouvelle conquête de Salvo Montalbano se retrouve au beau milieu d'un trafic de tableaux volés dont Salvo la protège in-extremis.
Des Tunisiens, réfugiés politiques poursuivis par la police de leur pays ont trouvé refuge sur le terrain de Gaspare Intelisano, et l'enquête lancée par Montalbano suite à la plainte de l'agriculteur est confié à la brigade anti-terroriste.
Ce dernier se demande pourquoi on cherche à le tenir à l'écart des investigations et, quand il découvrira la vérité cela se fera à ses dépens.
Peti clin d'oeil, au passage, lors d'une planque, Salvo Montalbano lit un roman de Roberto Bolaño, l'auteur des détectives sauvages, qu'il nous avoue adorer.
Du grand Camilleri qui, une fois de plus, démontre des qualités de moraliste - même si Montalbano défend sa propre conception de la morale qui ne cherche pas à changer la société mais à éviter ses débordements maffieux - et de conteur, nous conduisant avec sa verve coutumière, et après de multiples détours, vers une chute qui nous laisse songeur et nous ramène à une précédente enquête de Montalbano (Le voleur de goûter).
Aux dernières nouvelles, 7 ouvrages de Camilleri ne sont pas traduits en France. Vite, Monsieur Fleuve ! dépêche-toi de le faire. Un Camilleri à lire, même par les novices !
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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