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Critique de Lutin82


Jack Campbell s'est largement inspiré du fameux exploit de Xénophon et de sa traversée de l'Asie Mineure au IV° siècle avant Jésus-Christ.

Isolés sur les plaines entre le Tigre et l'Euphrate, les mercenaires sont conduits par le stratège grec : cette campagne est connue dans l'histoire sous le titre de « Retraite des Dix Mille » (les Grecs de la retraite sont 13 600). Dans son ouvrage l'Anabase, Xénophon stigmatise les faiblesses de l'Empire Perse, relate les péripéties du trajet, les combats difficiles et les rapports humains conflictuels. C'est ce que propose Campbell dans sa saga de space opera.

Les batailles spatiales occupent une place de choix dans ce deuxième tome, mais certainement pas la plus importante. Comme depuis le début de l'aventure, Jack Campbell se concentre sur les relations conflictuelles entre les hommes, mais aussi entre les générations. le procédé utilisé est connu, puisqu'il met en scène un « revenant » qui a connu un autre siècle, d'autres moeurs et une autre façon d'aborder la vie. Nous pourrions reprocher à l'écrivain de se concentrer sur une population très spécifique : une flotte militaire.

Indomptable se focalisait sur la figure de l'homme providentiel. Cette fois-ci, c'est le leadership et la nostalgie qui sont abordés. A l'image de la Grèce antique, le monde de l'Alliance semble se conformer à l'essence de la démocratique : tous les chefs sont élus. Dans la période hellénique, les stratégos (chefs militaires) étaient également désignés par les urnes, comme le fut Xénophon et un des plus célèbres : Périclès. Nous retrouvons donc cette pratique dans le monde imaginé dans La Flotte Perdue, le collège d'électeur étant sensiblement plus restreint et sans doute la raison de soucis subséquents…

Dans le tome d'ouverture, Black Jack a été désigné par l'Amiral en charge de la flotte pour symboliquement commander cette dernière en son absence. Tout comme Cléarque et Mennon (les généraux grecs sous l'ère Xénophon), ils tombent dans un traquenard et sont assassinés. Geary prend la consigne au pied de la lettre et dirige la retraite de la Flotte, au grand dam des autres capitaines qui s'offusquent du non respect des règles d'élection du Capitaine de la Flotte. le problème fut réglé, Jack étant au vue des circonstances le plus ancien dans la grade… Dans Téméraire, ce n'est plus tout à fait le cas, et les rouages démocratiques vont être mis en branle, car le capitaine Falco et Geary n'ont pas la même vision, stratégie et surtout le même leadership. Tout va se jouer sur cette notion, avec l'aide précieuse de Rione, la politicienne. Les tensions sont exacerbées entre les différentes factions, et le jeu politique bat également son plein, chamboulant notre vision du monde militaire. Cette partie est assez bien réussie et tient le lecteur en haleine.

L'autre facette sur laquelle joue l'auteur ainsi que la faction pro-Black Jack Geary est la nostalgie d'un époque révolue où tout paraissait plus facile, plus doré. Une impression que l'on connait tous, n'est-ce pas ? Flaco incarne le présent, tandis que notre héros le passé, glorieux qui plus est. Bien entendu, beaucoup est en faveur de ce dernier : ces faits d'armes passés, l'admiration de la plupart des membres des vaisseaux, la légende qu'il représente, son charisme,… qui peut lutter ?

Cependant, dans son opposition entre le passé et le présent, Jack Campbell n'est pas assez équilibré, le côté nostalgie est trop appuyé et possède tant d'attraits que l'issue est prévisible à des kilomètres. Certes, l'ensemble donne une cohérence et densifie l'univers créé mais sans doute au détriment du roman lui-même.

Seuls deux personnages sont brossés avec soin. Jack Geary, l'homme providentiel, avec ses doutes, ses lacunes quant à son nouveau monde et son fonctionnement, les différents ajustements qui lui sont nécessaires ainsi que toutes ses qualités de stratège, son charisme et sa ténacité. Il représente le leader plein de charme, un peu à l'image des grands hommes du XX°.

A l'opposé, nous avons Falco d'une veine plus politique (non péjoratif), sûr de son droit et surtout de son devoir. Ce n'est pas par ambition personnelle qu'il s'oppose au Capitaine de la Flotte, sa formation et son éducation lui dictent son comportement et ses revendications (et quelques opposants à Geary, bien entendu). L'auteur nous livre un personnage avec assez d'ambigüité et de facettes pour le rendre presque sympathique.

Puis, nous avons Rione, l'animal politique (péjoratif) dans toute sa splendeur : manipulatrice, habile, retorse. Elle frôle la caricature à certains moments telle une tête à claque. Les autres personnages sont… utilitaires.

Enfin, question style et plume, Jack Campbell est efficace dans sa prose mais ne rivalise pas avec un Poul Anderson ou un Roger Zelazny.

Une critique bien plus complète sur mon blog

Lien : https://albdoblog.wordpress...
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