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Critique de brigittelascombe


Que reste-t-il d'un homme au milieu du chaos?
Voilà la question que l'on se pose dans La peste qui envahit Oran submergée par un flot de rats,une Peste semblable à l' Ouragan de Laurent Gaudé qui déblayait tout,semait la mort et la panique suscitant chez les hommes des réactions diverses.
Ici point de séisme,mais un fléau tout aussi meurtrier contre lequel le docteur Rieux, le modeste héros mais héros tout de même autour duquel s'axe ce livre, essaye de lutter pour endiguer le mal qui passe à sa portée.
Quelle mort absurde et quelle absurdité de la vie que de mourir au coeur d'une épidémie!
C'est toute la philosophie d'Albert Camus(écrivain français du XX° siècle auteur d'essais,pièces de théatre,romans,nouvelles) qui perce à travers ce roman publié en 1947 et prix Nobel en 1957! Seule une prise de conscience lucide permettra de lutter contre le nihilisme engendré par ce sentiment d'absurdité.
L'homme,qu'est-ce qu'un homme seul vis à vis d'un mal qui le dépasse?
Ici bien sûr la notion du mal est symbolique puisque La peste se situe en 1940 moment où le nazisme et la guerre sont l'horreur brute qui secouent le monde.
Qu'est-ce qu'un homme seul?
Seul de par ses réactions.Chaque comportement diffère.
Le docteur Bernard Rieux,intègre,dévoué à son propre sacerdoce,bien qu'athée(car "Dieu se tait là haut dans son ciel") lutte par tous les moyens mis à sa disposition et des enseignements qu'il a déjà tiré de la misère.Il s'endurcit pour faire face, veut y voir clair mais pense avoir raison.Il perdra tout mais lucide accepte cette perte se sachant limité.
Jean Tarrou, l'énigmatique étranger,son double, sa conscience(peut-être? qui meurt à la fin du trop plein de souffrances engrangé) l'interroge et veut comprendre l'inexplicable incompréhensible. Il lutte en ami, à ses côtés pour organiser l'aide sanitaire.Il relate tout sur ses carnets.
Rambert,le journaliste en égoïste impatient,(mais qui ne le serait pas dans un tel cas?)alors que la quarantaine est déclarée et que les voilà prisonniers de la ville,pour le droit au bonheur celui de retrouver sa compagne à Paris.
Cottard,le rentier pendu dépendu,pris dans une mauvaise affaire se réjouit de cette épidémie qui l'éloigneme d'un éventuel emprisonnement,puis peu à peu grandit au contact des "bons".
Grand veut écrire un livre.
Le père Paneloux brandit la foi comme un bouclier,organise des rassemblements de prières pour disséminer de bonnes paroles où il évoque "l'ange de la peste,beau comme Lucifer et brillant comme le mal lui même" et prêche: "le fléau qui nous meutrit vous élève et vous montre la voie".
Le petit vieux aux chats voit ses chats tués par des crachats de plomb et, malheureux, ferme ses volets définitivement.
Certains épiciers comme en temps de guerre stockent et revendent à prix fort.
Et les autres en détresse,nient,n'acceptent pas ou acceptent,se terrent ou s'unissent,paniquent ou affrontent, bref...agissent ou réagissent chacun différemment.
Un livre fort,celui d'un humaniste dans lequel l'horreur monte en crescendo de premier rat vers la panique, puis s'éclaire d'espoir du sérum jusqu'au vaccin final et la prise de conscience lucide.
Mais est-on jamais totalement immunisé contre La peste, absurdité de la vie qui vous tombe dessus alors que rien dans le ciel serein ne le laissait présager?
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