Voici un roman intéressant, qui m'a bien plut, et dans lequel j'avais hâte de me replonger quand je devais faire une pause.
Contexte : Nous sommes à la fin de la guerre d'Algérie (qu'on n'appelle pas encore comme cela, puisqu'il faut attendre les années 90 pour trouver officiellement l'appellation ‘'guerre d'Algérie''), entre 1959 et 1961.
Quoi : à Paris, un avocat algérien et son frère se font assassiner chez eux. Pour la police, c'est un simple fait divers, un simple règlement de compte entre factions algériennes rivales.
Qui :
Luc Blanchard, un jeune inspecteur de police criminel, que ses collègues ne prennent pas encore très au sérieux avec ses lunettes rondes et sa tête de premier de la classe, Sirius Volkstrom, pion occulte de la préfecture de police, chargé du ménage, Antoine Carrega, ‘'bandit corse'', convoyeur entre Marseille et Paris, engagé malgré lui, et tardivement dans l'affaire. le Bon, la Brute et le Truand. Ce trio va se croiser, se flairer, s'entendre, se chercher, chacun manipulé, commandé, commandité par des tierces personnes, parfois à leur insu.
C'est une fiction, mais dans un contexte historique chargé. Elle plante le décor, l'ambiance, l'atmosphère de la France de ces années-là. Mais de la France de la préfecture, des instances de police. C'est une FICTION, certes, mais dans laquelle on trouve des personnages bien REELS, certains toujours en vie. Alors, quand dans cette période trouble, on tombe au coin d'une page sur Papon ( préfet de police de Paris) , Mittérand (ancien ministre à différents portefeuille) ou le Pen ( qui a encore son bandeau sur l'oeil), on se dit qu'on devra bien se laver les mains après avoir refermé le livre.
« En dépit de ces récentes lectures, Volkstrom n'était pas doté d'une grande culture politique. Mais il avait suffisamment bourlingué dans les arrière-cours du pouvoir pour comprendre que la période s'apparentait à une vaste tambouille où les affiliations d'autrefois comptaient moins que les combats tactiques du moment. Gaullistes at anti-gaullistes se claquaient la bise. Des résistants farouches faisaient bras dessus bras dessous avec des collabos. Fachos, poujadistes et nostalgiques de Vichy étaient recyclés dans l'administration ou l'Assemblée Nationale, avec la bénédiction de leurs anciens adversaires. » p 355
« Ce qui se passait dans les vespasiennes parisiennes avait vocation à rester dans les vespasiennes parisiennes » p 229
« Blanchard commençait à saisir. Son esprit moulinait de nouveau. Une famille entière trucidée dans Paris à cinq cent mètres du quai des orfèvres, c'était mauvais. Une famille franco-algérienne, ç compliquait les choses. Une épouse avec un tel pedigree, ça attirait les ennuis. Un avocat descendu, ça suscitait des questions. Un avocat descendu qui bosse avec le FLN, ça pouvait être bon ou mauvais, selon qui l'avait refroidi. Ça devenait politique. Un frère qui n'était pas censé être là, ça soulevait des interrogations…Bref, un beau bordel. » p 67