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4,12

sur 315 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman sera incontestablement , pour moi , un de mes " coups de coeur de l'année " quand bien même celle - ci est loin d'être terminée et réservera sans doute encore à chacun et chacune d'entre nous de belles découvertes , et ...de bonnes nouvelles sur un plan sanitaire , espérons - le ....Mais pas de pronostic , des faits et les faits c'est que " Requiem pour une République " est un roman marquant , terriblement addictif qu'il faut absolument lire si , bien entendu , on aime ce genre littéraire mêlé à des pages d'histoire.
Avant de vous lancer dans une lecture qui va vous happer et vous emmener dans les arcanes du monde politique de la France de l'année 60 ( 1959 à 1961 , précisément ) , imaginez - vous dans un film en noir et blanc . Pensez à vos acteurs préférés de l'époque , fredonnez quelques airs musicaux , repensez au contexte politique et notamment aux " événements d'Algérie " , souvenez - vous de qui était au pouvoir , des troubles ....Trop loin ? trop difficile ? Trop flou ? Bon , ben même pas grave parce que Thomas Canteloube va vous remettre " plein de choses en mémoire " , voire vous donner envie de vous retourner sur ces années peu glorieuses , glauques , violentes et de vous pencher sur toute une époque pas si lointaine de notre histoire . Bon sang , 1960 , j'avais 7 ans !!! C'était hier ...euh , avant - hier ....
Le résumé ? Comme d'hab , il est sur la quatrième et vous me connaissez , si c'est pour vous raconter, " en gros " , ce qui va se passer , je ne suis pas trop " fan " , vous fréquentez autant que moi les librairies , vous savez faire , et ça ne présente qu'un bien terne intérêt de " divulgacher " ....
Non , pas de résumé , donc , mais tout de même : l'atroce assassinat d'un avocat algérien lié au FLN et le massacre de toute sa famille ..... Et puis trois hommes que tout oppose à la poursuite , hautement " surveillée et contrôlée " de l'assassin ..... Voilà, c'est tout , le reste , tout le reste , c'est pour vous . Mais attention : moi , j'ai fait du " non - stop " ce qui , dans une période où la mode est plutôt au " stop and go ou autre Click and collect " ( ah , la beauté de la langue française ) est tout de même un signe . Ceci étant, ça ne concerne que ma modeste personne .
Thomas Canteloube nous fait profiter de ses connaissances , de ses compétences linguistiques et introduit dans son histoire des personnages réels ou fictifs travaillés, attachants ( pour certains ) , détestables ( pour d'autres ) , époustouflants ou sans grand intérêt . le récit est rempli d'actions , d'émotions ,de réflexions, de suspens , nous fait côtoyer le monde politique dans toute son " hypocrite splendeur " et l'ironie mordante de certains propos nous arrache de complaisants acquiescements , voire même , mais oui , quelques sourires . Hum !!! Pas sûr qu'on puisse dire que " c'était mieux avant " mais ça , c'est bien à vous de voir ...
Et comment ai- je choisi ce livre ? Les prix qu'il a obtenus . Sa sortie en poche .Sa quatrième de couverture et ...sa couverture . Et , surtout , surtout , les conseils de mon libraire et ami Nicolas que je ne remercierai jamais assez . Oui , je sais , j'ai beaucoup de chance mais je crois que c'est le cas de bon nombre d'entre vous aussi et , un bon libraire , c'est vraiment extraordinaire . Il est tellement fan de ce premier roman de Canteloube qu'il veut lire son " petit dernier " , "Frakas ". S'il est de la même veine , les perspectives sont au beau fixe ...
Voilà pour ce soir . Hâte de lire vos commentaires , cet ouvrage , il vous le FAUT , sinon vous allez vous priver , à mon avis , d'un bon moment de plaisir .A bientôt .
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Requiem pour une République débute le 15 septembre 1959 et se termine le 18 octobre 1961. Tout se déroule donc durant les années troubles les plus sombres de la Ve République.
Un avocat algérien, Bentoui, lié au FLN, est assassiné ainsi que toute sa famille, assassinat orchestré par le Préfet de Police, Maurice Papon, et savamment enterré par le 36, Quai des Orfèvres. Trois personnages centraux, aux opinions et aux caractères différents, veulent trouver l'assassin : Sirius Volkstrom, ancien collabo, manchot devenu exécuteur de basses oeuvres pour Papon, Antoine Carrega, ancien résistant corse devenu convoyeur de drogue et Luc Blanchard, jeune policier assez naïf.
Ces trois individus que tout oppose vont se croiser et devoir, malgré eux, oeuvrer ensemble pour déjouer cette importante manipulation politique.
Chaque chapitre raconte une journée avec un de ces trois hommes comme personnage central. Ce sont bien sûr trois héros de fiction mais le talent de Thomas Cantaloube a été de leur permettre, lors de cette enquête, de rencontrer ou de croiser de vrais personnages politiques historiques : Mitterrand, De Gaulle, le Pen, Papon… Ce qui en fait une fiction plus vraie que nature.
Cette enquête est un véritable plongeon dans un Paris pourri par la lutte sanglante pour l'indépendance de l'Algérie, les trahisons politiques et les basses oeuvres du Préfet de police, Maurice Papon.
Outre les personnages réels, les événements tels que les essais nucléaires français dans le Sahara, l'attentat perpétré par l'OAS à Vitry-le-François contre le train Strasbourg – Paris, le 18 juin 1961 - le plus meurtrier sur le territoire hexagonal jusqu'au 13 novembre 2015, au Bataclan – et le massacre de manifestants algériens par la police française, le 17 octobre 1961, tous ces événements contribuent à rendre ce roman exceptionnel, d'autant que l'évocation de ces faits historiques n'est jamais pesante, bien au contraire.
Ceci fait de Requiem pour une République un grand polar historique dans lequel la trame policière est aussi passionnante que le fond politique. Tout y est : les sentiments, l'action, L Histoire !
Thomas Cantaloube, dans ce premier roman, a su mêler avec brio faits réels et fiction pure en le rendant palpitant de bout en bout. Difficile de sortir indemne de cette lecture qui nous rappelle ce que fut cette période : une tragédie pour les Algériens vivant en France, victimes de ratonnades et du racisme ambiant, une période dont on n'est pas fier, qu'on a préféré taire et qui pourtant, fait partie de notre Histoire : la fin de l'empire colonial français.
Je remercie vivement Lecteurs.com, dans le cadre des Explorateurs du Polar, et les éditions Gallimard qui m'ont permis de découvrir ce livre passionnant.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Fin 1959.
Volkstrom, ancien collabo, est engagé par le bras droit du préfet Papon pour "couvrir" l'assassinat d'un avocat d'origine algérienne. Mais l'affaire tourne mal...
Antoine Carrega, petit truand corse, est chargé par Félix, son ancien chef dans la résistance, de retrouver l'assassin de sa fille, épouse de l'avocat, de ce dernier et de leurs 2 enfants.
L'enquête officielle est confiée à Luc Blanchard, un flic débutant encore naïf, et à son chef alcoolique, Amédée Janvier.
Blanchard, Volkstrom et Carrega, un bon, une brute et un truand (au grand coeur) que l'enquête va mettre en relation...

Un roman noir dont l'intrigue se déroule à la charnière des années 1950-1960, une époque où les amitiés nées dans la Résistance, la prise du pouvoir par le général De Gaulle, et les haines liées à la demande d'indépendance de l'Algérie vont se confronter. L'auteur nous fait vivre avec intensité cette période trouble et méconnue de l'histoire de France. Pourquoi a t'on voulu la mort de l'avocat algérien devient vite secondaire...
Les personnages sont parfois très noirs (moralement !), rarement tout blancs. Thomas Cantaloube, pour ancrer son roman dans le réel, n'hésite pas à convoquer, parmi ses héros de fiction, quelques figures de l'époque, comme le préfet Papon ou François Mitterrand.
J'ai aimé l'écriture, dynamisée par l'alternance des points de vue qui place le lecteur tantôt dans la peau du bon, de la brute ou du truand. S'y ajoutent de nombreuses péripéties parfois sans lien avec la trame du roman, mais qui éclairent sur l'instabilité de l'époque ou la psychologie des personnages.
Il y a longtemps que je n'avais pas lu un roman noir aussi brillant et intéressant !
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Voilà (encore) un roman policier que je n'aurais pas lu sans les critiques positives postées sur ma page d'accueil par mes amis sur Babelio. Merci à eux. En effet, je suis pas un adepte de la collection (Série noire de Gallimard), la couverture est délibérément vieillotte, l'auteur m'était inconnu (c'est un journaliste de Mediapart), et, avant tout, la période abordée, celle de la guerre d'Algérie et des manipulations auxquelles elle a donné lieu en métropole, est toujours source d'oppositions et de parti-pris.

En fait, Cantaloube a trouvé par le biais du roman policier l'occasion de raconter une époque, celle des débuts de la cinquième république.
1959, De Gaulle est de retour au pouvoir en promettant de traiter le problème algérien. Ce que certains interprètent comme un blanc-seing aux exactions anti-FLN, particulièrement en France métropolitaine. le préfet de police de Paris, Maurice Papon, a déjà sévi en matière de maintien de l'ordre pendant l'occupation. Son adjoint, Deogratias, décide de se débarrasser de l'avocat algérien des militants FLN en lui envoyant un tueur issu des rangs de l'extrême droite, Victor Lemaire. Pour couper toute chance à une très éventuelle enquête de remonter jusqu'à lui, il mandate un ancien collabo de ses amis, Sirius Volkstrom, pour liquider le tueur dés qu'il sera passé à l'action.
Un plan qui devait se dérouler sans accroc, un soir de la semaine où l'épouse française issue de la bonne bourgeoisie et les enfants devaient être de sortie. Mais le jour venu, Volkstrom ne peut que constater les dégâts : Lemaire a exécuté l'avocat, son frère de passage dans les lieux, sa femme et deux tout jeunes enfants, et il a réussi à s'enfuir. L'enquête est confiée à la brigade criminelle. le jeune débutant Luc Blanchard est sur le coup. Un dossier où il va vite sentir malgré sa naïveté qu'on cherche à orienter l'enquête vers un simple règlement de compte entre algériens.
Le père de la femme de l'avocat est un grand banquier, ancien chef d'un réseau de résistance dans le sud. Désemparé, sentant que la préfecture de police lui ment, il fait appel à un camarade du maquis, Antoine Carrega. Ce truand corse a ses entrées dans le milieu. Au nom de leur passé commun et des liens qu'ils ont noué, Carrega va accepter de mener l'enquête de son côté pour savoir qui a pu tuer aussi sauvagement toute une famille.

Chaque chapitre concerne alternativement l'un des personnages (fictifs) : Carrega, du mauvais côté de la loi mais totalement fiable, Volkstrom, escroc occasionnellement tueur, sans engagement politique, mais toujours prêt à faire régner la violence pour de l'argent, et Blanchard, le petiot manquant de confiance en lui, mais qui ne se satisfait pas des conclusions toutes faites qu'on lui présente.
La chasse à l'homme commence. Elle va permettre de croiser des personnages réels. Papon, bien sûr, dont on voit la responsabilité dans la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 organisée par le Front algérien de libération nationale (FLN). François Mitterrand aussi, alors sénateur d'opposition, impliqué dans un faux attentat contre sa personne, boulevard de l'observatoire. Michel Debré, chef du gouvernement, dont Cantaloube reprend un discours, en le situant dans un autre lieu. Jean-Marie le Pen, alors député d'extrême droite présent dans les manifestations pour l'Algérie française.
L'ambiance faite de manoeuvres politiques, de coup d'État en préparation et d'opérations clandestines en réaction aux attentats du FLN et aux discussions à Evian autour de l'indépendance, est prenante.

Le montage de Cantaloube prend vite. le lecteur plonge dans un polar stylé années cinquante, avec des truands qui ont des règles d'honneur et des barbouzes qui fraient avec les extrêmes. Les policiers sont ambigus, les politiques ouvertement manipulateurs. Cantaloube avance son intrigue avec efficacité. le livre est épais, mais il se lit à grande vitesse en se remémorant les évènements réels que Cantaloube évoque au passage. Une réussite dans le genre.
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Passionnant et instructif ce « Requiem pour une République » de Thomas Cantaloube. On pourrait presque s'arrêter là tellement ces deux mots définissent à eux seuls ce premier roman. C'est dans une plongée vertigineuse durant les années les plus sombres de la Vème République, de 1959 à 1961, que nous entraine l'auteur.

Automne 1959 : l'assassinat d'un avocat algérien lié au FLN tourne au carnage. Victor Lemaitre, écrivain raté d'extrême droite et professionnel du crime, assassine froidement toute la famille d'Abderhamine Bentoui puis disparait. Que s'est-il passé ? Rien de tout cela ne devait arriver. Juste l'avocat, avaient-ils dit. Qui ils ? le Préfet de police, Maurice Papon et son Directeur Adjoint, Jean-Paul Deogratias, qui ont commandité le meurtre. Pour quelle raison obscure ont-ils orchestré cet assassinat ?

Trois hommes que tout oppose vont se lancer dans une chasse à l'homme qui va les mener bien malgré eux à se croiser et à joindre leurs forces dans cette traque dont les enjeux profonds les dépassent. Luc Blanchard, jeune flic intègre et naïf de la PJ chargé de mener l'enquête, Sirius Volkstrom, ancien collabo devenu exécuteur des basses oeuvres du Préfet Papon, présent sur le lieu du crime et en possession de documents estampillés secret-défense dont il peine à comprendre le sens et les enjeux et Antoine Carrega , ancien résistant corse qui a ses entrées dans le Milieu.
Leur traque racontée en chapitres relativement courts narrant pour chacun la journée d'un de ces trois hommes.

Partant d'une intrigue de fiction, l'auteur met en scène avec un talent certain des personnages fictifs et réels. On croise les figures emblématiques de ces années troubles : De Gaulle, Papon, Mitterrand, le Pen et bien d'autres, l'OAS, le SAC, le FLNC. Il entremêle avec brio la fiction et des évènements bien réels de cette époque : les essais nucléaires français dans le Sahara, l'attentat perpétré par l'OAS à Vitry-le-François contre le train Strasbourg – Paris et le massacre de manifestants algériens par la police française, le 17 octobre 1961…

« Requiem pour la République » est un polar historique absolument étourdissant, palpitant de la première à la toute dernière ligne, tant du point de vue de l'intrigue que sur le fond politique réel. L'auteur a su recréer à la perfection l'ambiance et l'atmosphère de ces années sans rien occulter de la réalité de l'époque : évènements, langage châtié qui en choqueront plus d'un, tant aujourd'hui tout est sclérosé. Alors certes, on peut ne pas être forcément d'accord avec cette étude coupée aux couteaux de cette époque néfaste de la France mais l'auteur a le mérite d'avoir écrit sur cette période qu'est « la guerre d'Algérie », ce qui est rare pour être souligné !

Bref, une chose est sûre et certaine ce pavé de plus de 500 pages est impossible à lâcher : un vrai régal de lecture !

Un formidable polar qui n'est pas sans écho à ce qui se passe de nos jours !

«Je ne veux pas être désobligeant avec vous, mais il y a des choses qui vous dépassent. L'intérêt supérieur du pays nécessite souvent que l'on passe certains évènements, certaines personnes, par pertes et profits. »

« La raison d'Etat.
Qu'est-ce que tu racontes ?
On apprend ça lorsqu'on fait des études de droit. C'est, quand au nom d'intérêts supérieurs, des gouvernants s'autorisent à violer les règles de droits. »

Édifiant non ?...
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Bon évidemment c'est un pavé. Mais c'est réellement passionnant. Un voyage dans le temps (années 60) autour de l'indépendance de l'Algérie.
5 morts. Un avocat algérien, sa femme française, leurs deux jeunes enfants, le jeune frère de l'avocat.
Un meurtre commandité au nom de la raison d'Etat.
3 hommes vont naviguer autour de ce drame :
- un jeune flic idéaliste, fils de Résistant, en charge du dossier
- l'organisateur de l'assassinat (qui voit le dit assassinat partir en vrille), un tueur de l'extrême droite, collabo pendant la 2e Guerre Mondiale
- un malfrat corse, ancien Résistant, sollicité afin de retrouver les commanditaires des meurtres.
Avec eux on va croiser Papon, Préfet de Police, Mitterrand, élu sénateur....
On va revoir nos leçons d'Histoire. Notamment le traitement infligé aux Musulmans vivant en France.
Un livre coup de poing passionnant !
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Une fois de plus mon instinct de lecteur m'aura conduit à une belle découverte.
Rencontré au Quai du polar, édition  2019, Thomas Cantaloube m'a séduit en me parlant de son premier roman Requiem pour une République.
Moi qui suis friand de romans qui mêlent petite et grande histoire, j'ai été comblé.
Là,  pas de Moyen-Âge, pas de Première ou de Seconde guerre mondiale, ni rois ni généraux, pas de dépaysement non plus.
France. 1959 à 1962.
L'Algérie souhaite son indépendance.
En France, pros et antis s'affrontent.
Le préfet de police, Maurice Papon, donnent des ordres au nom de la raison d'État.
Il faut mater la rébellion.
Tous les moyens sont bons.
Sirius Volkstrom est convoqué. Un avocat gênant doit être éliminé. Ce bon vieux Sirius, personnage mystérieux, doit superviser l'exécution.
Tout ne se passe pas comme prévu, mais... la raison d'État exige le silence.
Thomas Cantaloube se sert donc de cette période perturbée pour tisser la trame de son roman noir à travers le destin de trois personnages. Sirius, Antoine et Luc.
Je vous laisse soin de découvrir le rôle de chacun de ces protagonistes que rien n'aurait dû réunir.
Requiem pour une République est donc une enquête qui s'étale sur quatre années et dans lequel on retrouve quelques événements sombres et peu flatteurs pour notre pays. Les dirigeants de l'époque,  Général de Gaulle en tête, militaires, policiers, politiques ou journalistes qui n'ont pas toujours fait leur travail ou qui, obéissant aveuglément, eurent du sang sur les mains, ont ainsi écrit l'une des pages les plus sombres de notre histoire.
Cantaloube a su recréer l'atmosphère de l'époque, notamment en employant un langage courant, banni aujourd'hui et qui peut choquer, mais là, on ne peut pas dire qu'il ait enjolivé pour masquer la réalité du moment.
Soixante ans plus tard et au regard de ce que l'on entend ou voit aujourd'hui, on peut aisément s'imaginer vivre la situation.
Si l'on peut, sans aucun doute, avoir de l'empathie pour les personnages fictifs de ce livre, il en va tout autrement des personnalités qui y apparaissent...
Un roman qui m'a fait penser, par certains côtés, à ce qu'écrit l'un de mes auteurs favoris, Romain Slocombe.
Si vous aimez les bons polars noirs, Requiem pour une République est pour vous.

 
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En chroniquant les coulisses de la guerre d'Algérie, Thomas Cantaloube, reporter d'investigation qui travaille actuellement à Médiapart s'attaque pour son premier roman à un projet aussi ambitieux que complexe.

Il installe son intrigue au tout début de la Ve République, entre 1959 et 1962, pendant la période particulièrement sombre des dernières années de la fin de la guerre d'Algérie et en toile de fond, on y découvre tous ces événements qu'on apprend que trop peu dans les manuels d'histoire, tels quele massacre de la station de Charonne ,en 1962 ou les attentats de l'observatoire qui avait pris pour cible un certain François Mitterrand.


Car c'est tout l'intérêt de l'excellent roman de Thomas Cantaloube: partant d'un point de départ fictif, l'enquête d' un meurtre commandité d'un avocat proche du FLN, commandité par un certain Maurice Papon, Canteloube met en scène des personnages réels - Papon, Mitterrand, le Pen, et même un certain jean Pierre Melville non cité nommément, mais qu'on reconnait aisément- qu'il mélange à plusieurs personnages fictifs parmi lesquels Luc, jeune policier idéaliste qui va essayer de résoudre cette affaire criminelle particulièrement sordide.

Avec un titre un peu ironique (comme on assiste au début de la Ve république, le requiem n'étant pas forcément la musique des plus adaptés ) qui laisserait entendre que ce régime était vicié dès ses origines, l'auteur ne nous cache rien des manoeuvres les moins glorieuses gaullisme, avec une répression policière violente dont le parallèle avec des faits actuels pourrait sembler assez évidente à faire..


Si le primo romancier s'appuie sur un vrai travail journaliste de documentation et d'analyse des faits, il réussit également avec une belle maestria à tricoter le réel et la fiction, à inventer des personnages parfois très proche de la réalité et réussit avec une belle fluidité à maintenir un suspense constant avec un sens du dialogue et de la formule qui fait très souvent mouche.

"Ces politicards qui nous gouvernent n'ont pas de principes ! De Gaulle est revenu aux affaires, porté par des médiocres et des minables. Il a choisi de les garder à ses côtés, il s'est entouré de requins au nom de la raison d'Etat !

Un vrai plaisir de lecture à vous conseiller illico parmi les bons polars de cette année 2019, et un auteur qui frappe un grand coup dès son entrée en force dans la si prestigieuse collection « Série noire »!!

"Il descendit les escaliers calmement et prit à rebours le chemin par lequel il était venu. Il jurea intérieurement : putain de Lemaire, putain de Deogratias, putain d'arabes trucidés!"
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai adoré ce livre.
Ma libraire me l'avait recommandé un peu avant l'annulation de Quais du Polar, l'année dernière, peu après sa parution. « Vous allez voir, c'est du lourd, un ancien journaliste de Mediapart, on y croise Mitterrand,Papon,Le Pen,Pasqua etc..L'intrigue est bien ficelée, la petite histoire croise la grande Histoire ...vous allez adorer »
Exact.
Mais , je dois vous l'avouer, cela m'avait fait un peu peur, et il a fallu un peu plus d'un an,3 confinements et la parution en livre de poche pour m'intéresser à Thomas Cantaloube
Alors oui j'ai vraiment aimé ce livre qui a tout pour plaire. Coup d'essai, coup de maître.
L'écriture est incroyable, on est parachuté entre septembre 59 et avril 62, dans le Paris ( et un tout petit peu Marseille) des remugles de la guerre d'Algérie.
On saute de Dauphine à 404, on entend le « tacatacatac » des motrices de train, on empeste l'anisette, on vibre avec le gentil, on adore détester le méchant, on louvoie en pleine zone grise.
C'est époustouflant de maîtrise, c'est virtuose, c'est passionnant.
Bon, vous connaissez l'histoire : on suit 3 hommes lors de courts chapitres datés.
Le désagréable Sirius, l'intriguant Antoine et notre jeune héros : l'inspecteur Luc Blanchard, un bleu de la Crim qui doit son affectation au pedigree de son héros de père.
Au fil de l'intrigue tout ce petit monde prend de l'épaisseur et se complexifie. Flic idéaliste, truand madré et psychopathe collabo se croisent et se recroissent, au fil d'un destin qui leur échappe et auquel l'auteur ne croit guère.
Alors bien sûr Thomas Cantaloube a ses sympathies et mine de rien développe habilement sa thèse , voir son engagement.
C'est très enlevé et en même temps profond.
Et c'est plein d'humour, c'est même carrément tordant.
Morale de l'histoire : écouter votre libraire.
De mon côté j'attaque Frakas, la suite paraît il, qui vient de sortir.....et qui serait du même...calibre !!
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La République est morte; vive la République !
En refermant ce livre, je me demande si ce requiem vaut pour la IVe tout juste enterrée, ou pour cette jeune Ve dont Thomas Cantaloube fait le décor de son roman.
L'histoire débute en 1959 par le meurtre sauvage d'un jeune avocat d'origine algérienne et de toute sa famille.
Époque fébrile. Ramené au pouvoir par les spadassins de l'Algérie française, voilà que le Général de Gaulle hésite et atermoie, générant une confusion poisseuse et délétère. "Gaullistes et anti-gaullistes se claquaient la bise. Des résistants farouches faisaient bras dessus bras dessous avec des collabos. Fachos, poujadistes et nostalgiques étaient recyclés dans l'administration ou à l'Assemblée nationale avec la bénédiction de leurs anciens adversaires. "
Du côté d'Algérie, on fourbit ses armes tandis que Paris et la France plongent dans une folie ultra-droitière menée par une raison d'État qui s'impose jusque dans la création de milice sauvages et sanglantes.
C'est dans ce climat malmené que l'auteur conduit son enquête d'une main de maître. Lauréat du prix Landerneau en 2019, ce premier roman montre autant d'érudition pour la période que de maestro pour tirer les ficelles d'un suspense prenant.
Trois personnages se croisent entre 1959 et 1961. Antoine, le bandit corse, résistant de la première heure ; Luc, jeune inspecteur à la crim qui sera déniaisé plus vite qu'il ne l'imaginait, et Syrius, barbouze de tous les coups tordus pourvu que la paye soit en ordre.
De l'ordre, il y en a à la fois trop et pas assez en ces jours troublés. Pas assez pour permettre une cohabitation pacifique avec nos cousins d'Algérie appelés en renforts dans les usines de la métropole, et beaucoup trop dans les forces de police menées par le préfet Papon qui ne paiera ses crimes contre l'humanité qu'en 1998!
A l'image de ce sinistre personnage, la Vè se révèle gangrénée dès sa naissance. Thomas Cantaloube excelle à brosser une fresque qui, si elle n'était pas si triste, nous ramènerait au temps des sixties. Mais la Seine se rappelle le 17 octobre 1961, Évian l'assassinat de son maire par L'OAS et Vitry-le-francois n'oublie pas les 28 innocents massacrés dans un attentat que l'État français refusera de reconnaître jusqu'en 1966.
Oui, le charme des années 60 bat de l'aile sous la plume incisive de Thomas Cantaloube.
Arrivée au terme de mon billet, je me questionne encore. Ce requiem vaut -il pour la IVe "née sur les cendres du pétainisme et des combats de la Résistance " ou plutôt sur la Ve qui "démarrait sur les cadavres des algériens et les remugles d'un fascisme en képi"?
Dans cette dernière option, l'agonie est fort longue; la bête aura eu la dent et le poil durs... Sans jamais se départir de ses corrompus ni de ses magouilles, elle flotte encore au fronton de nos mairies. Sans doute ce jeune auteur est-il un peu visionnaire...
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