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Critique de cicou45


Cher Monsieur Capote,



Bien qu'il s'agisse ici d'une lettre d'outre-tombe et qui vous sera adressée dans l'au-delà, faisons pour un temps comme s'il n'en était pas ainsi. Pourquoi a-t-il fallu que vous rendiez l'âme l'année où moi, j'ai ouvert les yeux pour la première fois, acte par lequel j'officialisais mon arrivée dans ce monde mystérieux mais aussi, bien trop souvent, noir et ténébreux ?

J'ai enfin l'immense opportunité, de par cette lettre, de pouvoir vous dire ce que je ressens à votre égard. Sachez, cher Monsieur Capote, que je vous aime et vous admire autant que je vous hais.
Je vous admire car je trouve que votre écriture est emplie d'une immense richesse, autant par le style que vous utilisez que par la profondeur des sentiments que vous voulez faire transparaître. Vos écrits, romans comme nouvelles, sont poignants car ils révèlent une certaine meurtrissure de l'âme que l'on dénote chez bon nombre de vos personnages, tels que Grady dans La traversée de l'été, P,B Jones dans Prières exaucées ou encore Holly Golightly dans Petit déjeuner chez Tiffany pour n'en citer que quelques-uns. On retrouve aussi un profond attachement que le lecteur ressent indubitablement pour ces derniers. Voilà donc une des raisons pour lesquelles je vous aime ; vos personnages sont empreints d'une profonde sensibilité mais aussi d'une certaine fragilité qui les rend attachants et ne me laisse par conséquent pas indifférente. Ce sont des êtres qui ont le plus souvent été blessés et qui essayent autant bien que mal de vivre avec la crainte d'être rejetés ; sachez que je comprends cette souffrance.
Voici en revanche la raison pour laquelle je vous hais et qui n'est pas totalement incompatible avec la première. Vous faîtes naître chez moi, toujours par l'intermédiaire de vos personnages, des sentiments de violence (violence envers la société, les hommes,,,) que je croyais avoir réussi à canaliser et à refouler. J'éprouve en effet une profonde affection pour Perrry Smith et Dick Hickock, les criminels dont vous retracez le parcours et que vous analysez dans votre roman-reportage de sang froid. D'après les faits que vous relatez (faits qui sont véridiques), on pourrait assimiler ces hommes non pas à des êtres humains mais davantage à de véritables bêtes. Or, le sentiment que j'éprouve pour eux est tout autre, Il est vrai que les crimes dont ils se sont rendus coupables sont absolument atroces puisqu'ils ont tué une famille entière d'innocents fermiers littéralement « de sang froid » dans l'espoir d'un magot totalement inexistant. Néanmoins, malgré cette animosité apparente chez ces deux individus, vous arrivez à les « ré-humaniser » en montrant qu'il existe chez eux quelque chose de troublant, une vivacité d'esprit et d'intelligence qui les rend attachants, Je me suis en effet sentie inexorablement touchée par eux et c'est ce sentiment que vous avez réussi à faire resurgir en moi que je déteste.
Cela démontre cependant une nouvelle fois à quel point votre écriture est talentueuse pour arriver à susciter chez un même individu des émotions totalement contradictoires, à l'opposé du « bon sens » et qui ne paraissent pas du tout en adéquation avec sa personnalité.

Excusez-moi d'abuser encore un peu de votre patience mais je souhaiterais vous poser deux questions. La première est celle de savoir si durant vos visites aux condamnés Smith et Hickock dans le Couloir de la mort, vous avez vraiment ressenti un amour charnel pour Perry et si celui-ci était réciproque ?
Enfin, pouvez-vous me dire dans quelle mesure vous estimez que votre roman La harpe d'herbe peut être considéré comme un roman autobiographique ?


Je vous prie d'excuser mon écriture qui peut parfois manquer de limpidité mais comprenez ma timidité à m'adresser à un écrivain que j'idolâtre et que je considère comme étant le plus Grand Écrivain du XXème siècle,,,
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