Je suis parti sur cette piste en sachant qu'il me manquait l'instant qui avait tout fait déraper. Comment on passe de deux adolescents en train de faire zizi-pan-pan à trois cadavres...
Je vais enfin pouvoir donner un visage à mes peurs.
Le jour où mes parents m'ont offert ma chienne, j'étais à la fois heureux et terrifié qu'on ajoute ainsi un être mortel à ma liste déjà trop longue. Je me suis effondré en larmes. Mes parents ont cru que l'émotion m'avait submergé et, bien des années après, racontaient encore l'anecdote avec un mélange d'amusement et de tendresse. Je n'avais pas pleuré de joie ce jour-là.je portais déjà le deuil de ce petit animal que j'ai aimé au premier regard.
Ma vie ressemble à quelque chose d'immobile. Je n'avance que lorsque je n'ai pas le choix. Le reste du temps, je freine autant que possible ou, à défaut je louvoie. J'entrevois tellement d'écueils sur mon chemin, tellement de pièges et de dangers... Se sentir vulnérable en permanence est éreintant. Le poids de la lâcheté est bien lourd à porter. Je ne passe pourtant pas pour craintif, ce serait même plutôt l'inverse. Je n'ai pas peur dans la vie, j'ai peur de la vie, c'est différent.
"Personne n'est aussi fade et lisse qu'on peut le penser. Certains ont juste le cuir plus épais que d'autres".
Les éminents historiens de l'"Ancienne école" affirmaeint que l'Histoire est une science qui ne pouvait laisser nulle place à l'imagination. Je ne suis pas d'accord. Je crois que, sans imagination, il n'y a pas d'Histoire. Le passé existe uniquement parce que chacun d'entre nous est capable de plonger dedans tel qu'il le voit, tel qu'il le sent, tel qu'il l' recréé. La connaissance scientifique en coule sans aucun doute les fondations. Puis nous devenons ensuite l'architecte du reste.
La nuit ne peut pas tout cacher, ce sont les éléments qu’elle recouvre qui noircissent et réduisent des masses sombres. Ici elle dessine les contours de la forêt qui oscille au gré des bosses et des creux du relief.
Il était doute, inquiet, un souffle un doute un rien, tout lui donnait de la fièvre.
La Fontaine
Ma vie ressemble à quelque chose d’immobile. Je n’avance que lorsque je n’ai pas le choix. Le reste du temps, je freine autant que possible ou, à défaut, je louvoie. J’entrevois tellement d’écueils sur mon chemin, tellement de pièges et de dangers… Se sentir vulnérable en permanence est éreintant. Le poids de la lâcheté est bien lourd à porter.
Il m’a valu une gloire éphémère et, au bout du compte, assez embarrassante ce jeudi de décembre 1980, quelques jours après qu’on avait fêté mes 11 ans. Malgré tout, je restais persuadé qu’il ne m’était rien arrivé à Basse-Misère. J’avais tort.