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Critique de Faignan


J'ai lu la stratégie Ender, il y a longtemps. J'ai reculé parfois, souvent, devant la perspective de lire la suite du cycle. Je craignais de me confronter à quelque chose qui n'avait rien à voir avec ce que j'avais tant aimé dans le premier tome d'Orson Scott Card. C'était une erreur. Bien entendu, avec ce tome, nous entrons dans quelque chose d'autre. L'école de guerre et le conflit contre les doryphores ne sont que de lointains souvenirs. J'irais même jusqu'à dire que le premier tome n'est pas nécessaire pour comprendre ce qui commence ici. Pour les personnages, y compris Ender, il ne s'agit que de lointains souvenirs. Des décennies pour lui, des millénaires pour ses contemporains (sauf pour Valentine qui a voyagé avec lui). Pour le lecteur, c'est tout un univers nouveau. L'humanité a pris son essor et la Terre n'est qu'une allusion lointaine, une planète humaine parmi tant d'autres. Ender est un anonyme largement dépassé par la légende noire à laquelle il a donné le jour en étant le xénocide et l'auteur d'un livre devenu, presque, un nouveau texte sacré.
Les pages nous conduisent sur une colonie humaine, catholique, lusophone, aux marges de l'univers connu. Juste quelques milliers d'âmes dans une enclave sur une planète où se trouve la seule autre espèce intelligente. Ender, entant que porte-parole des morts, va s'y rendre pour parler la mort d'un homme ou de plusieurs. Hérétique dans une société qui n'accepte que le catholicisme, il va surtout se confronter à son passé, aux crimes de l'humanité et à cet autre monde, celui des pequenios.
Tout le roman est une discussion autour de la confrontation à de nouvelles formes de vies. C'est un texte sur l'acceptation de l'autre et, quelque part, une discussion de la "directive première" que Star Trek, a su imposer comme paradigme de la rencontre d'autres espèces. Petit à petit, nous voyons comment les mentalités évoluent et combien il est difficile de faire un choix entre ne pas intervenir et, au contraire, diffuser la connaissance et la religion (puisqu'il est abondamment question de cela).
J'ai évoqué la gestion du temps relatif lorsque j'ai lu la guerre éternelle. Ici encore, nous sommes confrontés à un personnage qui se heurte à cela. le monde évolue, mais lui reste malgré tout prisonnier de son époque. La propagation des thèses de Démosthène est d'ailleurs assez intéressante, juste allusion marginale lorsqu'il quitte Trodheim, elles sont largement admises lorsqu'il marche sur Lusitania, jusqu'au point d'être employées par les pequenios eux-mêmes pour discuter de leurs relations à l'humanité.
Il y aurait beaucoup à discuter des relations qui se tissent entre les espèces, de cette xénologie lointaine héritière de l'anthropologie.
Bien entendu, je m'interroge aussi sur la place de la religion dans tout cela. Il ne m'échappe pas que l'auteur est mormon et qu'il accorde une place prépondérante au catholicisme. C'est une question à creuser. Par ailleurs, la gestion du portugais langue vernaculaire de la planète et des différentes langues des pequenios (langue des frères, langue des épouses, langue des arbres) qui ne sont que des évocations et tout aussi intéressante.
On pourrait croire en me lisant que c'est un texte intellectuel, pour ne pas dire intellectualisant, mais ça n'est absolument pas le cas. J'ai dévoré ce tome et je dois reconnaître que, sous de nombreux angles, je le trouve bien meilleur que le premier.
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