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Critique de Pavlik


D'une certaine façon c'est avec ce tome que le cycle d'Ender commence vraiment. L'auteur lui-même a qualifié le premier roman de " livre orphelin " et on comprend pourquoi en lisant ce deuxième opus. Exit l'école de guerre, les stratégies, les batailles spatiales. Il est rare de voir un écrivain prendre de tels risques en rédigeant une suite, surtout quand on sait le succès du premier tome. Rien que pour ça La voix des morts mérite qu'on s'y attarde, et son auteur le respect.

Depuis l'extermination des Doryphores, 3000 ans ce sont écoulés. Ender, en voyageant fréquemment à la vitesse de la lumière, est toujours de ce monde et est devenu adulte. Grâce au livre qu'il a écrit, la Reine et l'Hegemon, il est connu dans l'ensemble de la galaxie comme étant le xénocide, le responsable du génocide des Doryphores. Devenu Porte Parole des Morts, il voyage de planète en planète pour rendre hommage aux défunts, à l'appel de leurs proches, et mettre en lumière, aux yeux de la communauté, quels hommes ou femmes ils ont été. L'histoire se déroule sur Lusitania, qui a la particularité d'abriter la seule race extraterrestre découverte depuis les Doryphores : les Piggies, de petits êtres bipèdes aux allures de cochon. Ender y est appelé pour porter la parole d'un xénologue (un ethnologue qui étudie les races extraterrestres) , récemment tué par les piggies.

Orson Scott Card réussie à rendre crédible une race qui, décrite sur le quatrième de couverture, parait plus ridicule qu'autre chose. Leurs moeurs, leurs coutumes et surtout leur mode de reproduction et leur physiologie en font un peuple qui, au delà de la simple apparence physique, est réellement très éloigné de nous. Ce n'est pas toujours le cas d'autres races extraterrestres dont les motivations semblent calquées sur les nôtres. La petite communauté humaine de Lusitania, dont le ciment est la religion catholique, regarde avec méfiance ces petits êtres si différents. Les xénologues tentent de comprendre leur fonctionnement tout en essayant de ne pas dénaturer leur mode de vie.

La Voix des Morts n'est absolument pas un roman où l'action est primordiale. Ender, personnage tragique qui accepte de porter seul la responsabilité de l'humanité dans le xénocide, essaye de trouver la rédemption à travers son rôle de Porte Parole des Morts. Lorsqu'il arrive sur Lusitania, il se rend vite compte que la famille du défunt qu'il doit parler cache de lourds secrets qui la gangrène. A travers le travail de libération par la parole il essaye de la ramener du côté de la vie, tout en soutenant les efforts de tous ceux qui tentent de comprendre les motivations de l'horrible traitement infligé par les piggies au xénologue.

Roman aux accents psychologiques et théologiques, La Voix des Morts est assez atypique dans l'univers de la science-fiction et ambitionne de faire réfléchir le lecteur sur de nombreux thèmes : le rapport à l'étranger, la famille (il est difficile de passer à côté des convictions chrétiennes de l'auteur, ce qui peut parfois agacer, mais a le mérite de susciter la réflexion), le travail de mémoire, le deuil, la vérité...

Si vous lisez de la SF pour la grosse machinerie classique (vaisseaux interstellaires, planète exotiques, batailles épiques, robots etc...) alors ce livre n'est pas pour vous. Si vous lisez de la SF pour la qualité des histoires, des personnages et la réflexion qu'elle peut provoquer alors vous avez sans doute déjà lu La Voix des Morts. Si par hasard ce n'était pas le cas, n'hésitez pas à le faire.
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