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Critique de JabyOby


Un petit conte bien sympathique, avec les ingrédients habituels d'Orson Scott Card qui en font une valeur sûre pour moi.

L'histoire raconte le départ de Ruisselet, loin de sa famille qui le maltraite depuis sa naissance. le jeune adolescent explore et tombe sur une ville où il découvre des usages différents et cherche à s'y faire une place. Ce récit initiatique alterne entre des phases de découverte du monde, des autres et de soi-même, des petites aventures aux grands enjeux.

Les personnages ne sont pas très profonds, et c'est tout à fait normal pour un si petit conte.
Je me suis tout de même reconnue dans le personnage de Ruisselet, et cela tient à un détail particulier qui a son importance dans l'histoire. J'ai beaucoup aimé cette idée qu'on ignore pourquoi tout le monde le déteste, cela constitue un peu la quintessence de la traversée de l'adolescence !

D'autre part, au cours de ses aventures, Ruisselet, élevé dans le culte de l'eau, apprend à remettre en question ce qu'on lui a inculqué. L'intrigue distingue alors 1/ ce en quoi on croit, souvent hérité familialement et culturellement, et 2/ les actions et affections qui témoignent d'attachements plus profonds, viscéraux, personnels.
Cela s'applique à la religion dans l'histoire, et de manière générale à la vision du monde, aux professions vers lesquelles on se permet d'aller, etc. C'est aussi ça l'adolescence : s'émanciper des évidences de l'enfance.

J'ai aussi beaucoup aimé un détail tout simple. Ruisselet a du mal à dormir au troisième étage dans une maison toute en bois, alors qu'il a toujours dormi au sol. Dès lors qu'il identifie son mal-être et qu'il comprend son propre fonctionnement et ses besoins, le problème cesse d'en être un.

En temps que personnage, Ruisselet n'est peut-être pas très intéressant, mais ce qu'il représente l'est. Il s'agit en fait de l'archétype du héros de récit initiatique intelligemment remanié. Il n'est pas juste un adolescent, il est l'adolescence.



Ensuite, la magie élémentaire a beau être un poncif des univers de fantasy, ici elle soulève des thématiques intéressantes et plutôt originales.
On découvre ainsi l'existence des pierremages et aquamages, leurs cultes associés, et les rapports d'autorité entre ces communautés, l'Histoire passée dont la mémoire diffère selon le camp.
Magie de pierre et magie d'eau reposent en effet sur des visions du monde diamétralement opposées. La magie de la pierre permet de construire, faire en sorte que l'environnement soit plus confortable pour les humains ; là où la magie de l'eau se consacre à la conservation et le respect de ce qui est sacré.
Sans garde-fou, la magie de pierre devient extrêmement dangereuse (volcans), et celle d'eau se rend oppressive. Chacune repose sur de beaux principes et s'accompagne de dérives terribles.

Je ne peux m'empêcher d'y voir une métaphore philosophique sur les idéaux politiques : l'équilibre à trouver entre changement et conservation.
Notons que si ces deux magies s'alliaient avec un but commun, elles seraient bien plus puissantes et s'équilibreraient mutuellement…



En conclusion, l'intrigue et les personnages ne sont pas vraiment passionnants, mais en cherchant plus de profondeur dans les symbolismes, j'y ai trouvé des questionnements vraiment intéressants à creuser.
Cela me fait encore une fois de plus me dire que, pour faire une bonne histoire, ce ne sont pas les idées de départ qui comptent mais leur developpement.

Dans cette fable, à chacun de voir ce que les magies de pierre et d'eau représentent pour soi ! Et cela peut aussi bien être simplement des éléments de décor familiers dans un petit conte sympathique.
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