La fuite exige une énergie que seuls la colère, la peur ou le désespoir peuvent nourrir. Je le sentais mourir. J'étais en train de mourir. Et dans un dernier souffle, je suis parti.
Pour certains, les promesses sont comme le vent, elles caressent un lopin de terre puis filent ailleurs caresser encore.
Mais je fais partie des gens qui pensent que l'on est plus fort avec sa vérité en poche. Même quand la vérité est moche.
Dans ton premier cri, j'avais perçu un avenir. Peut-être paraissait-il plus fort, fendant le silence de ton frère. Peut-être aussi y avais-je vu du courage parce que, finalement, tu étais sorti du corps de ta mère sans son aide, comme le premier acte d'une autonomie féroce. Dans tout cela, je devinais un destin hors du commun. J'aurais pu m'apitoyer sur ton sort, craindre pour toi, mais j'avais désormais une conviction. Celui qui naît seul mérite toute la lumière du monde.
Il ne faut pas grand-chose pour briser un être humain. Lui offrir l'amour puis le lui retirer. Lui offrir l'espoir puis le lui ôter. Et recommencer ce cycle jusqu'à le faire craquer.
Lutter pour survivre, lutter pour aimer, lutter pour mourir. Renoncer puis lutter à nouveau. Elle n'avait pas baissé les bras lorsqu'on l'avait ramenée à la maison avec son manque. Elle n'avait pas abandonné non plus face aux menaces et à la violence des adultes.
Le bonheur, c'est quand on se sent à sa place, qu'on a choisi une vie qui est juste pour soi, une vie qui a du sens pour soi.
L’on ne sort pas indemne de ce que tu t’apprêtes à vivre. Je crois qu’à cet âge précoce où l’on ne peut que subir, appeler à l’aide en hurlant sans mot, cela s’ancre durablement. Et qu’un jour, cette douleur tatouée dans la chair peut revenir nous dominer. Sous la forme d’une tristesse qui s’attarde, d’une peur qui nous prend, d’une émotion qui nous empêche de poursuivre notre quotidien. C’est pour cette raison que je te raconte ici ce que je préférerais que tu ne saches jamais. Parce que la conscience apporte la lumière qui transforme la souffrance. Parce que je suis convaincue qu’on ne traverse pas une épreuve pareille sans acquérir une force profonde, de celles qui nous permettent, une fois adulte, de regarder la douleur et d’en faire autre chose.
-C'est justement ça la magie! Si un enfant a appris à apprendre, le reste viendra tout seul.
Dès le moment où vous franchissez le seuil d'une maison, vous pénétrez dans un univers unique, fait de règles dont la plupart sont implicites. Elles sont le produit de leur vie ensemble, d'habitude qui se sont glissées souvent à leur insu.