Trop de vieilles blessures saignent encore chez de grands enfants qui deviennent parents sans avoir fait la paix avec les guerres de leur propre enfance.
Tout enfant est pensé avant que de penser lui-même, il est aimé avant que d'aimer, et parlé avant que de pouvoir le faire. Aucun enfant ne nait dans le vide, sa naissance ne s'inscrit jamais sur une page blanche.
L'argent donné est toujours un cadeau complexe, surtout en famille, surtout dans une relation censée être horizontale comme la relation sororale.Celle qui donne s'attribue une place singulière , forte, elle prend le pouvoir , celui de donner. Un pouvoir primordial dans une fratrie, car il fait sortir de la relation égalitaire
Les enfants préférés - tout comme les enfants rejetés - sont souvent prisonniers de l'attention qu'on leur porte, ou de celle qu'ils recherchent. Pour quitter sa famille, il faut être autorisé à le faire, être libre de s'éloigner ou alors s'arracher, se faire violence. Abandonner soit l'amour dont on dispose à profusion - ce qui est une forme de prison -, soit l'amour qu'on attend encore et qu'on attendra toujours.
Il n'est pas toujours facile de devenir l'enfant de ses parents. Ni la fille de son père ni celle de sa mère. Se confronter à leurs rêves, et trouver le sien, accepter leur héritage et réussir à devenir soi-même, se libérer pour s'affilier, c'est l'aventure d'une vie.
C'est souvent inconscient, mais la générosité n'st jamais gratuite. Donner, c'est être fort, puissant, c'est dominer. La sœur qui donne à sa sœur sort de la symétrie factice de la relation sororale pour s'essayer à la hiérarchie parentale, dans le rôle de mère ou père selon la destination de l'argent.
L'existence répare mal les blessures d'enfance. Elle ne soigne pas ce qui est à vif. Elle ne sait qu’offrir des occasions de répétition et des opportunités de changement.
l'argent étant le symbole le plus labile qui soit, son très large spectre peut tout représenter et tout augurer, l'autonomie comme la servitude, la dette ou le don.
La transmission de l'héritage par la féminité, par la maternité, est un élément puissant de l’imaginaire familial, rarement évoqué spontanément