C'est un roman modeste, pas une référence dans les conversations littéraires, d'un auteur modeste lui aussi. Un petit éditeur qui, sur le tard, a écrit six romans.
C'est la couverture du livre (de l'importance des couvertures), une dame à l'allure un peu démodée qui marche dans un jardin champêtre, qui a attiré mon regard. Merci donc à cette photo sans laquelle je n'aurais pas eu le bonheur de lire cette histoire touchante, ce court roman, qui décrit un mois de l'été 1920 dans la campagne anglaise. Des jours vécus par deux éclopés de la Grande Guerre, profondément traumatisés par l'horreur vécue, mais qui trouvent à travers la beauté de la campagne et des liens simples noués avec les villageois, lors de leur séjour solitaire, une forme d'apaisement. L'un fait des fouilles près d'une vieille église et vit dans une tente, l'autre est chargé de mettre à jour une fresque du Moyen-Age située dans le clocher, lequel est à la fois son lieu de travail et de coucher. A cette thématique originale s'ajoutent des épisodes de la vie campagnarde ordinaire, rythmée par les événements réguliers que sont la messe, les déjeuners partagés, l'école du Dimanche, les fêtes du village… vécus par ces deux solitaires. La magie du récit vient que du banal surgit la beauté, et l'on ressent comme une fascination paradoxale pour cette atmosphère d'humilité, de simplicité où le temps semble se dérouler sans précipitation. Un temps vécu. Autant qu'un réel attachement pour ces vies modestes, qui se déroulent au rythme des saisons où, au-delà d'un religieux formalisé, c'est une notion de sacré presque païen qui ancre les hommes à la terre et au temps. Au milieu de l'ordinaire surgit aussi parfois le trouble (certains traits particuliers de l'archéologue Moon et de l'homme mystérieux de la fresque).
Nous sommes en 1920, dans une Angleterre encore pastorale, où dans les églises résonne le chant d'hymnes exaltants, une Angleterre du passé, un monde devenu désuet, mais dont l'attachement à la nature, le rapport au temps, une forme de bonheur sans superficialité, dans l'économie et la simplicité, si loin du matérialisme, voire de l'opulence, auxquels nous sommes habitués, la ressource qu'offre la contemplation parleront à certains. La saveur, le charme et la beauté que recèle ce petit roman les séduira également.
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Un mois à la campagne », une belle et attachante découverte.