Ça n'est pas le premier retour de ce roman que vous voyez passer depuis le mois dernier et, autant vous le dire, ça ne sera pas le dernier.
Ceux qui me suivent un peu savent quelle admiration je porte à
Cyril Carrère et qu'il est tout bonnement l'un de mes auteurs favoris.
Avec
la Colère d'Izanagi, Cyril enfonce au bélier la porte du club des maîtres français du thriller et prends de force la place qui est sienne.
Une intrigue qui se déroule dans un pays étranger, sans racine latine, avec des noms de lieux et de personnages aux consonnances peu voire pas familières du tout, peut, lorsqu'elle lance ces éléments sans ménagement, représenter un dos d'âne à la fluidité de la lecture.
Ici, dès les premières pages, le dosage parfait de description de la société japonaise, dans son architecture, sa gastronomie et ses moeurs, m'a immédiatement plongé dans un Japon moins caricatural qu'on se le figure, à l'image des terribles tempêtes qui secouent l'archipel, à l'atmosphère froide et tendue.
Le style cinématographique propre au style de l'auteur, notre
David Fincher français expatrié au Japon, est encore une fois un personnage à part entière de l'intrigue. Quand vous tenez un Carrère entre vos mains, vous avez à la fois un thriller redoutable sur le papier mais également un scénario de blockbuster de Grand Cinéma.
Avec un G et un C majuscules.
Le duo formé par Hayato et Noémie fonctionne à la perfection, chacun étant la face d'une pièce, leur équilibre reposant sur la tranche. Pour ne rien trahir, je ne rentrerai pas dans les détails de l'histoire, encore une fois menée pied au plancher sur la file de gauche, mais l'imbrication des deux développements parallèles (d'une part Hayato et Noémie, Kenta et Suzuka de l'autre) est stupéfiante d'ingéniosité et nous laisse bouche bée.
Un final de haute voltige pour un thriller qui mérite d'être porté aux sommets.
Autre très bon point positif. Alors que l'effroi est présent à bien des moments, Cyril distille l'effet de terreur avec toute la pudeur que l'on connait des nippons, sans verser des hectolitres d'hémoglobine sur les pages. Et ça, ça rend l'oeuvre encore plus esthétique.
On le savait depuis quelques années, si
Cyril Carrère est l'un des auteurs français sur lesquels il fallait déjà compter, avec
la Colère d'Izanagi il affirme sa place auprès de ceux qui imposent et inspirent.
Une Masterclass.