La Colère d'Izanagi

La Colère d'Izanagi de Cyril Carrère (Français, né en 1983). Denoël éditions (21/02/2024).
« La colère est nécessaire ; on ne triomphe de rien sans elle, si elle ne remplit l'âme, si elle n'échauffe le coeur ; elle doit donc nous servir, non comme chef, mais comme soldat. »
Aristote
« L'alcool insufflait le désir, déliait les langues, réchauffait l'atmosphère. L'heure tournait avec davantage de voracité dans ces moments de dépravation. »
On parle de fission nucléaire et de tourisme…
Les personnages sont présentés brièvement dans une introduction type « Dictionnaire » …
Une découverte du Japon, son envers et sa face publique.
Même si j'ai apprécié le début et que le style était « bien », peut-être que j'avais fantasmé ce Livre avec cette vision Dark du Japon, le fait qu'il soit tout récent, la question de la colère. Qui est une émotion assez courante chez moi, de John Locke à Hulk… En fait je m'attendais à croiser Hulk ou Asura Wrath … Peut-être si je n'avais pas eu de telles attentes je n'aurais pas été autant déçu.
Désolé pour le flop.
Phoenix
++
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Voilà un polar qui en met plein les yeux! Percutant, nerveux et addictif, le genre de roman qui se lit quasiment d'une traite.

L'entrée en matière est des plus efficaces et capte rapidement l'attention. La Velvet Tower est en feu. A l'intérieur de nombreuses personnes sont coincées, sans espoir de s'en sortir vivants.

« Les cris des spectateurs gagnèrent en intensité lorsque le building vomit une partie de ses occupants, qui déguerpissaient en beuglant comme des animaux fuyant l'abattoir. Mais même dehors, libérés de cette tour flamboyante, quelques-uns n'échappèrent pas à leur destin, heurtés de plein fouet par des bombes humaines tombées du ciel. Les corps pleuvaient, s'écrasant au sol dans un bruit sinistre. »

Le bilan est effroyable, plus d'une centaine de morts. L'enquête est confiée à Hayato Ishida, flic un peu hors norme, surdoué mais qui a du mal à travailler en équipe. Cette fois il devra pourtant mener ses investigations avec l'aide de Noémie Legrand, une enquêtrice franco-japonaise bien décidée à profiter de cette opportunité professionnelle qu'elle attendait depuis longtemps.

Le duo fonctionne plutôt pas mal grâce aux caractères bien trempés des deux enquêteurs. Leurs échanges vifs et mordants apportent une belle dynamique au récit, notamment avec le franc parlé de Noémie. Pour autant, il aurait mérité d'être approfondi davantage mais le rythme effréné du roman ne s'y prêtait sans doute pas assez. Il semble en revanche que ces personnages puissent devenir récurrents ce qui laisse entrevoir à l'avenir un développement plus important de leur psychologie.

En parallèle, on suit deux étudiants, Suzuka et Kenta, confrontés eux aussi à des évènements dramatiques. Ce récit à deux arcs narratifs distincts, mais dont on devine qu'ils vont finir par se croiser ou se rejoindre, est un classique du roman policier. Certes. Mais je dois dire que c'est fait de manière très intelligente et plutôt surprenante (en tout cas pour moi). Je ne suis généralement pas friande du twist « ah ah! vous ne l'aviez pas vu venir celle-là » qui est souvent assez artificiel, mais justement ici il est cohérent et bien amené dans le récit.

Roman efficace donc, sans doute trop pour moi. le récit va à cent à l'heure, les chapitres sont courts et s'enchainent sans temps mort, et je suis arrivée au terme de l'histoire très rapidement. J'aurais aimé plus de matière, plus de temps pour m'immerger dans les lieux, plus de détails sur les personnages. Pourquoi pas grâce à une nouvelle enquête de Hayato et Noémie ?

Les premières pages font leur petit effet : on est pris à la gorge, on suffoque avec bien sûr l'incendie absolument monstrueux mais aussi via toute une série de petits détails qui font mouche dans la manière d'instaurer une ambiance.
Malheureusement, le livre redevient plus classique par la suite bien que possédant un bon rythme rendant la lecture fluide.

Pas de quoi s'affoler ou s'effrayer, le livre possède sa propre identité et permet d'accepter les défauts d'un écrivain prometteur qui sait comment s'interesser aux différents travers des hommes.

Encore une fois je vais aller à l'encontre de l'avis général, je n'ai pas été convaincu par La colère d'Izanagi. J'ai bien aimé le style, c'est à la fois bien écrit et facile à lire, j'ai bien aimé le personnage de Noémie, partagée entre sa culture française et japonaise. Elle trouve les villes japonaises moches et se fait snober car elle est à moitié européenne, et elle est dotée d'une grande sensibilité. Hayato son binôme, est lui assez désagréable mais intéressant, et il faut reconnaitre qu'il s'améliore au fil du récit.
L'intrigue commence bien, on cherche à comprendre qui manipule qui, mais la fin est trop grosse, trop loufoque pour être crédible. Encore une fois c'est très bien construit, l'auteur place ça et là quelques rares indices qui permettront de suivre le dénouement, mais ce n'est pas vraisemblable pour autant.
J'avoue que je n'ai aucun attrait pour la culture japonaise, mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle je n'ai pas accroché à ce livre qui néanmoins reste agréable à lire.

Quelques exemples de choses qui m'ont dérangé dans ce livre : le personnage de Miyake est assez insignifiant et pas trop crédible. Kenta n'a rien d'un pirate informatique au départ, mais il accède à la messagerie et même à l'ordinateur de Sugiyama. Facile !
Kenta sait qu'il est piégé par la Bergerie, que tout ce qu'il fait est épié, et que sa compagne est en danger. Pourtant il raconte tout à Suzuka, qui s'empresse de la répéter à son amie Minami. Difficile à croire. En Afrique on dit qu'un secret est "Une chose qu'on ne répète qu'à une personne à la fois". Est-ce la même chose au Japon ???