Proche de l’asphyxie, Albert Atlan n’arrive pas à se justifier. Il aimerait bien expliquer à Schlomo qu’il a confondu le bidon d’alcool pour nettoyer les écrans informatiques avec un cendrier design, que des cendriers design comme celui là, il en a vu plein dans une boutique de la rue Saint-Denis, qu’ils n’étaient pas chers et qu’il a failli s’en acheter un pour chez lui, et qu’il n’avait pas fait gaffe au panneaux d’interdiction de fumer, et qu’il n’y est pour rien si la direction de Flocoon Paradise lui a offert un monstrueux havane et si le tissu qui recouvrait la caisse de torches fumigènes pour la descente aux flambeaux de la nuit prochaine était en synthétique.
La famille Atlan se balançait à plus de quatre cent mètres au dessus du torrent. Les forces de l’ordre se balançaient un peu plus haut, entre deux à-pic, frôlant les falaises enneigées dans un interminable mouvement de yoyo. L’aigle royal se balançait obstinément au dessus d’eux, son mécanisme coincé en position d’attaque, le volatile factice perdant quelques plumes à chaque choc sur le toit de la cabine.
Le célèbre trio comique Télérama, le Nouvel Obs et Libé s’est avachi dans les banquettes en cuir qui jalonnent le hall. Une main négligemment posée sur le dossier, les jambes ostensiblement croisées, le verbe haut, des petits cigares qui schlinguent, du cuir qui crisse, du marbre qui résonne, on les sent dans leur élément. Leur conversation a basculé des subtilités de l’art baroque hongrois vers les affres de la création qui hantent les réalisateurs de cinéma nord-coréens confrontés à un double paradoxe culturel.
Gabrielle ne plaisante pas. C’est une vraie attachée de presse très professionnelle, une fille intègre, au service des journalistes qu’elle a invité. Une qui répond à toutes leurs demandes, qui prévient tous leurs souhaits, prête à tout pour faire de leur séjour un moment inoubliable. J’ai parlé de faire un tonneau, elle me le rappelle, tout simplement.