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Critique de Levant


L'éventail des crimes de la palette humaine étant infini un polar ne se singularisera que par la personnalité de ses enquêteurs. Fini les Hercule Poirot, Colombo et autre Maigret, au XXIème siècle la perspicacité et la force de déduction ne suffisent plus pour appâter le chaland, il faut des enquêteurs atypiques.

Les deux héros de Donato Carrisi dans L'écorchée répondent parfaitement à ce critère de singularité. Mila Vasquez est reléguée aux Limbes. Ce service n'est pas le fleuron de la police judiciaire. C'est un service d'archives vivantes. Un service qui reste aux aguets sur les affaires de disparition. Interdiction de clore un dossier. Patience et longueur de temps font leur oeuvre et parfois resurgir ce que les années passant ont transmis d'un agent des Limbes à un autre. Mila Vasquez y est depuis 7 ans quand des pages jaunies s'ouvrent à l'actualité.

Elle est une femme flic dénuée de toute empathie y compris pour ses proches. Cette absence de sentiments à l'égard d'autrui la met à l'abri de la pollution de ses investigations. La contre partie est que cette froideur s'exerce aussi contre elle-même. Ce défaut d'estime de soi lui fait agresser son propre corps par des scarifications. Il lui fait aussi mépriser le risque et aller au bout de ses capacités physiques et psychologiques pour traquer le criminel.

Elle est mise fortuitement en relation avec un certain Simon Berish. Un autre relégué de la criminelle. Il a porté le chapeau dans une affaire de connivence avec des malfrats. Il est devenu le paria de son service. Il a toutefois un don qui retient de ne pas se séparer de ses services, il a fait des études d'anthropologie et sait faire parler un suspect mieux que quiconque.

Quand des disparus de 20 ans se signalent par une série de meurtre, sans même faire mystère de leur identité, c'est ce binôme de flics d'arrière plan qui est lancé à leurs trousses. Curieux choix de la hiérarchie qui imagine leur avoir donné un os à ronger. Elle ne fait rien pour leur faciliter la tâche mais quand l'affaire s'envenime elle veut à toute force faire pencher la balance vers une entreprise de terrorisme. Contre vent et marées Mila Vasquez et Simon Berish subodorent un autre mobile. Ils ont bien compris que pour convaincre il faudra des arguments et des preuves. Ils iront les chercher coûte que coûte.

L'oeuvre de fiction ne doit pas faire perdre de sa crédibilité au polar, sauf à verser dans le fantastique – qui est un autre genre qui se respecte – ou bien à sombrer dans l'imbroglio que seules des coïncidences improbables permettront à l'auteur de se rétablir à l'épilogue. Avec Donato Carrisi, l'écueil est évité. L'auteur maîtrise son intrigue. C'est du cousu main, cela tient la route. La fiction n'est située ni dans l'espace ni dans le temps. Elle reste une pure intrigue que ni lieu ni date ne distraient dans l'esprit du lecteur. du travail d'orfèvre. C'est prenant, c'est réaliste quand on sait que la réalité dépasse souvent la fiction. C'est du très bon polar.

J'avais inscrit le Chuchoteur dans mes projets de lecture. Il y est fait allusion à plusieurs reprises dans cet ouvrage comme une affaire de 7 ans qu'avait dû résoudre Mila Vasquez. Je me fais donc l'obligation de remonter le temps de Donato Carrisi et me procurer ce murmure à l'oreille du lecteur. Il ne doit pas manquer de faire froid dans le dos lui aussi.
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