Citations sur La fille de braises et de ronces, Tome 3 : Le royaume.. (15)
Il me saisit la main et, bien que tous les yeux soient braqués sur nous, il porte mes doigts à ses lèvres. Il plante dans le mien un regard ardent.
- Je refuse de me séparer de vous.
Ma gorge se noue. Je prend conscience que moi non plus, je ne veux plus le perdre.
Étendu par terre sur le dos, le souffle rauque, il fixe le plafond.
— C’était moins une, dit-il.
Je plante mon index dans son torse.
— Ne me faites plus jamais ça. J’ai eu la peur de ma vie.
En un éclair, il m’attrape par le bras, me pose à califourchon sur lui et m’embrasse goulûment.
— C’est atroce, non ? murmure-t-il, sans détacher sa bouche de la mienne. De voir la personne que vous aimez en danger de mort.
J’appuie mon front contre le sien.
— Une fois que toute cette histoire sera finie, je vous propose que nous arrêtions de nous faire ces frayeurs-là.
Il affiche un grand sourire.
— Marché conclu.
- Eh bien, maintenant vous êtes fixé. Je vous aime.
Il hausse un sourcil.
- Plus que vous n'aimiez Alejandro ?
- Je ne l'ai jamais aimé.
- Plus que vous n'aimiez ce garçon du désert ?
- Il s'appelait Humberto, et à présent je vous trouve mesquin.
Rien ne m'empêche d'abdiquer. De céder mon trône au comte Eduardo, qui ne rêve que de cela. De le laisser gérer le conflit qui oppose Joya d'Arena à Invierne. Pendant que moi, je retournerais auprès de Papa et d'Alodia, à Orovalle. J'aurais failli à mon rôle de reine. Je n'aurais pas accompli mon destin d'Elue. Mais je serais saine et sauve. Et ma vie se déroulerait tel un long fleuve tranquille. Je sais pourtant que jamais je ne choisirais cette voie. Même si celle que j'ai décidé de prendre est périlleuse et risque de me mener à la mort. C'est une peur que je peux contrôler. C'est moi qui l'ai choisie.
Une forme surgit de l'obscurité, me fond dessus, m'entraînant par terre. Une douleur fulgurante me fend le crâne tandis que des tâches brunes me troublent la vue. Ma bouche s'emplit de sang. Je veux tourner la tête pour cracher, respirer. En vain. Des mains s'enroulent autour de mon cou, chassant peu à peu la vie de mon corps. Ma bouche s'ouvre et se ferme, mes poumons se vident. Le noir m'engloutit peu à peu. Ma vision se focalise sur le visage aux traits délicats de mon agresseur, sur son regard haineux. Franco.