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Critique de lafilledepassage


Voilà une lecture qui se mérite … Non à cause d'un vocabulaire recherché, que du contraire, ni d'un style trop travaillé ou d'une syntaxe alambiquée. On est ici dans l'extrême simplicité. L'épreuve réside dans la confrontation avec la banalité, l'insignifiance, la futilité de la vie humaine. Pages après pages, nous sommes ramenés à notre propre histoire, si petitement banale.

Ces nouvelles ont été écrites au siècle dernier, bien avant l'exacerbation du narcissisme et de l'égocentrisme encouragée par les réseaux sociaux, bien avant cette orgie de photos dégoulinantes de bonheur, de rencontres fabuleuses, mais éphémères, et d'aventures trépidantes de globe-trotters pantouflards. Pas sûre qu'il y ait d'ailleurs encore de la place pour ce genre de littérature dans le monde actuel.

Raymond Carver décrit de façon très lucide et sans effet romanesque (ce qui peut être très déstabilisant) la vie ordinaire de ses compatriotes, dans une sorte de photomaton géant et littéraire. Dans ses nouvelles, il jette une lumière crue sur nos petites vies, notre solitude, nos petits travers, et parfois notre part sombre. Les personnages sont jaloux, fainéants, médiocres, froussards, ennuyeux, lâches … C'est une galerie d'anti-héros.

Mais quand Raymond se met à nous parler d'amour, par exemple dans la très belle nouvelle qui donne le titre à ce livre, alors là c'est tout simplement magnifique. On peut regretter qu'il n'ait pas plus écrit sur ce thème, mais peut-être que ♫ l'amour est rare, et le bonheur aussi ♫ (comme chantait l'autre) … Je ne sais.

Le tout est révélé sans complaisance mais sans aucun jugement, un peu à la façon des reportages de l'émission belge Strip-Tease, pour ceux qui connaissent. C'est écrit sans fard, dans un souci extrême d'honnêteté, de justesse, mais c'est aussi empli d'empathie et d'humanité.

Si vous ne connaissez pas Raymond Carver, je pense que la lecture de « les feux », où l'auteur éclaire sa démarche, est indispensable et permet d'aborder son oeuvre mieux armé.
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