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Critique de H-mb


Ce livre interroge, avec la « nostalgie », le rapport entre patrie, exil et langue maternelle, à travers trois figures : Ulysse, Enée, Hannah Arendt.
Quelques notes :

Ulysse.
Ulysse est en "manque du retour et de sa femme". La nostalgie, c'est ce qui fait préférer rentrer chez soi, quitte à y trouver le temps qui passe, la mort et, pire, la vieillesse, plutôt que l'immortalité. Tel est le poids du désir de retour.
Mais quand Ulysse arrive, il ne reconnait pas son île et n'est pas reconnu. La reconnaissance se fait petit à petit. Ulysse qui n'était Personne doit redevenir lui-même. Comment donc reconnaît-on pour de bon son île ? "On la reconnaît, je crois, parce qu'on y est reconnu, c'est-à-dire qu'on y a son identité".

Enée.
La nostalgie tourne autour de l'enracinement (comme le lit d'Ulysse, enraciné dans sa chambre) et déracinement.
De la nostalgie à l'exil et d'une épopée à l'autre, le but n'est plus le retour et la maison mais une fondation, Rome. La seule certitude acquise tout au long de l'exil est qu'il ne faut pas de seconde Troie : il ne s'agit pas de reproduire à l'identique, mais de fabriquer de l'autre. Pour que Junon permette à Enée enfin de mettre un terme à son errance, Jupiter doit céder sur un seul point, mais il est essentiel : Énée ne parlera plus grec mais latin, la langue de ceux qui habitent là où il s'installe. L'exil oblige à abandonner la langue maternelle. Terre des pères, langue des mères : c'est avec la langue de l'autre que l'on se fait une nouvelle patrie.

Hannah Arendt.
« L'Europe pré-hitlérienne ? Je ne peux pas dire que je n'en ai aucune nostalgie. Ce qui en est resté ? Il en est resté la langue »
La langue allemande et le peuple allemand ne sont ni identiques ni même superposables en quelque manière que ce soit, et surtout pas politiquement. Arendt n'est pas tant exilée de son pays, l'Allemagne, que d'une langue, l'allemand. Elle est polyglotte comme réfugiée et comme théoricienne du politique.
Suit une comparaison avec Heidegger à laquelle je n'ai rien compris car je suis complètement hermétique à ce jargon.

Au total, un livre intéressant (moins quelques paragraphes donc), qui donne à réfléchir dans nos temps de mondialisation et de migrations diverses et variées plus ou moins bien accueillies.
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