La compréhension et la connaissance sont deux choses distinctes mais intrinsèquement liées. La compréhension est fondée sur la connaissance et la connaissance ne peut opérer sans une compréhension préliminaire, indistinctement formulée. Cette compréhension préliminaire dénonce le totalitarisme en tant que tyrannie et décide que le combattre constitue une lutte pour la liberté. Il est vrai que quiconque ne pourrait être mobilisé sur ces bases ne le sera probablement jamais. Cependant, beaucoup d’autres formes de gouvernement ayant renié la liberté - bien que jamais de manière aussi radicale que l’ont fait les régimes totalitaires - ce déni ne peut être la clé fondamentale de compréhension du totalitarisme.
Il est communément admis que le totalitarisme ne peut être combattu sans le comprendre. Fort heureusement, ce n’est pas le cas ; si tel était le cas, ce serait sans espoir. La compréhension, en tant qu’elle se distingue d’une information correcte et d’une connaissance scientifique, est un processus compliqué dont les résultats ne sont jamais sans équivoque. C’est une activité sans fin par laquelle, à force de changements constants et de variations, nous parvenons à accepter la réalité, à nous réconcilier avec elle pour tenter d’être en phase avec le monde.
Oui, le prix de la liberté est élevé. L’absence de monde, qui faisait la spécificité de l’humanité juive, était quelque chose de très beau. Vous êtes trop jeune pour l’avoir connu, mais c’était quelque chose de très beau, cette façon de se tenir en dehors de toute convention sociale, l’ouverture d’esprit la plus totale et l’absence de préjugés dont j’ai fait l’expérience, en particulier avec ma mère qui l’a elle-même pratiqué avec la communauté juive dans son ensemble. Bien sûr, une grande partie de cela s’est perdue avec tout ce qu’il s’est passé. C’est le prix à payer pour la libération.
Dans la mesure où l’avènement de gouvernements totalitaires constitue l’évènement central de notre époque, comprendre le totalitarisme n’est pas tolérer tout et n’importe quoi. Il s’agit de se réconcilier avec le monde dans lequel de telles choses sont tout à fait possibles.
Vous savez, ce qui fut décisif, du moins en ce qui me concerne, ne fut pas l’année 1933. Ce qui fut véritablement décisif fut le jour où nous avons appris l’existence d’Auschwitz.
Dans un ouvrage en trois tomes, l'écrivaine et psychanalyse Julia Kristeva s'interroge sur ce qu'elle appelle le "génie féminin". Un choix affectif et personnel la conduit à se pencher sur trois cas singuliers, trois femmes à l'oeuvre et à la vie extraordinaires : Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette.
Pour en parler, Géraldine Muhlmann reçoit :
Aurore Mréjen, ingénieure de recherche à l'Université Paris Nanterre et chercheuse au Laboratoire du Changement Social et Politique (Université de Paris)
Frédéric Maget, directeur de la Maison de Colette
Julia Kristeva, écrivaine, psychanalyste, professeure émérite à l'Université de Paris et membre titulaire et formateur de la Société Psychanalytique de Paris
Visuel de la vignette : Getty
Retrouvez notre série philo sur Julia Kristeva, l'oeuvre qui bouscule la littérature par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-julia-kristeva
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