Peu importe ce que tu vois. L'important est ce que tu sens.
Un guerrier est un chasseur. Il calcule tout. Ça, c'est le contrôle. Mais une fois tout calculé, il agit. Ça, c'est l'abandon. Un guerrier n'est pas une feuille à la merci du vent. Personne ne peut le pousser. Personne ne peut rien lui faire accomplir contre lui-même ou contre son jugement réfléchi.
Il est préférable de ne pas avoir d’histoire personnelle parce que cela nous libère des encombrantes pensées de nos semblables.
Le bonheur est d'agir avec la pleine conscience qu'il n'y a plus de temps; donc, les gestes ont un pouvoir particulier. Les gestes ont un pouvoir, particulièrement quand la personne qui fait l'action sait que ses gestes sont sa dernière bataille.
Il expliqua qu'en récoltant des plantes, il faut chaque fois s'excuser avant de les cueillir et leur affirmer qu'un jour notre propre corps leur servira de nourriture.
...à se rendre trop disponible, on s’épuise et on épuise les autres. On agit comme l’avare, comme celui qui craint toujours d’en manquer, qui mange plus qu’il n’a faim, qui manque de probité et de délicatesse.
Ici même je vais t'enseigner la première étape du pouvoir, annonça t-il comme s'il me dictait une lettre. Je vais t'enseigner comment élaborer le rêve.
Il me regarda en me demandant si j'avais compris. Ce ne pouvait être le cas. J'arrivais à peine à le suivre. Il expliqua qu'élaborer le rêve signifiait avoir un contrôle précis et pragmatique sur la situation générale d'un rêve, un contrôle exactement semblable à celui que l'on a au moment d'un choix dans le désert, par exemple grimper une colline ou demeurer dans l'ombre d'un canyon.
"II faut commencer par quelque chose de très simple, continua t-il. Cette nuit, dans tes rêves, tu regarderas tes mains."
J'éclatais de rire. Il venait de parler comme s'il s'agissait d'un acte des plus ordinaires.
"Pourquoi ris-tu ?" demanda t-il avec surprise.
- Comment puis-je regarder mes mains dans mes rêves,
- C'est très simple, concentre ton regard sur tes mains, comme ça..."
Il pencha sa tête en avant et fixa ses mains; il avait la bouche grande ouverte. Son expression était tellement comique que je ne pus m'empêcher de rire.
"Sérieusement, comment dois-je faire ?"
- Comme je te l'ai dit, répondit-il. Il est évident que tu peux, si bon te semble, regarder n'importe quoi d'autre, tes orteils, ton nombril, ou ton outil. J'ai mentionné les mains, parce que pour moi c'est la partie du corps la plus facile à voir. Ne crois pas que je plaisante. Rêver est aussi sérieux que voir ou mourir ou n'importe quoi d'autre dans ce monde effrayant et mystérieux.
Le monde est un mystère. Ceci, ce que vous regardez présentement, n'est pas tout ce qui est là. Il y a beaucoup plus, dans le monde, tellement plus, en fait, c'est sans fin. Ainsi quand vous essayez de le figurer, tout ce que vous faites vraiment c'est d'essayer de rendre le monde familier. Vous et Moi sommes ici, dans le monde que vous appelez vrai, simplement parce que nous le connaissons tous les deux. Vous ne connaissez pas le monde du pouvoir, donc vous ne pouvez pas vous en faire une image familière.
Être inaccessible ne signifie en aucun cas se cacher ou faire des secrets.
Être inaccessible signifie que l'on touche le monde environnant avec sobriété. Tu ne manges pas cinq perdrix; une seule suffit. Tu ne t'exposes pas au pouvoir du vent si ça n'est pas indispensable. Tu n'utilises pas et ne presses pas les gens jusqu'à les réduire à la peau et aux pépins, particulièrement ceux que tu aimes.
N'être pas disponible signifie que tu évites délibérément de fatiguer toi-même et les autres. Cela signifie que tu n'es ni affamé ni désespéré comme ce pauvre diable qui croit qu'il ne mangera jamais plus et qui dévore tout ce qu'il peut, cinq perdrix !
Se faire du souci c'est devenir accessible. Une fois que tu es inquiet, tu t'accroches à n'importe quoi de manière désespérée, et une fois que tu t'accroches tu t'épuises et tu épuiseras inévitablement ce à quoi tu t'accroches.
Laisse ton monde civilisé là où il est, dit-il. Qu'il soit ce qu'il est! Personne ne te demande de te conduire comme un fou. Je te l'ai dit, un guerrier doit être parfait de manière à négocier avec les pouvoirs qu'il chasse. Comment peux-tu concevoir un guerrier incapable de discerner une chose de l'autre? Par ailleurs, mon ami, toi qui sais ce qu'est le monde réel, tu trébucherais et mourrais en un rien de temps s'il te fallait dépendre de ta capacité à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'ai pas