- L'amour ça ne meurt jamais, Nathan. C'est le secret de l'univers. Ça vibre depuis toujours et pour toujours.
C’est mal d’être bourré à Lyon à dix-sept ans, mais
a) On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans comme dit Arthur Machin,
2) Je m’en fous d’être mal, ça me fait du bien ou un truc comme ça et
13 bis) je la fais rire.
On peut me forcer à vivre chez ma mère, même si c’est
une parfaite inconnue pour moi. On peut ignorer la volonté
de papa et la mienne. On peut bouleverser ma vie pour la deuxième fois en quelques semaines.
Mais on ne peut pas m’obliger à adresser la parole à cette femme que j’ai crue morte pendant quinze ans et qui voudrait être ma mère.
Dire que je n’ai pas pleuré à l’enterrement de mon père.
En n si, un peu, évidemment. Mais quand même. Derrière les larmes, j’ai presque réussi à sourire. Je lui avais promis.
– Qu’est-ce que tu feras, à mon enterrement ?
– Je pleurerai, papa. Bien sûr.
– Bzzzz ! Mauvaise réponse. Si tu pleures, tu me devras
un bouquet de roses.
– Et si je ne pleure pas ?
– Tu auras gagné.
– Ça va aller, Nathan. Quoi qu’il se passe après, je veux savoir que tu es heureux. D’accord, on aurait pu vivre plein d’autres choses. Mais au moins, on a la chance de profiter complètement de ce qu’on vit. De ce qu’on a. C’est bien, la mort, pour ça. Ça te fait aimer la vie.
Bon, ben voilà, j’avais tort. Je me suis trompé. J’ai changé. C’est marrant comme tout change. Lentement et super vite à la fois.