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Citations sur Eros, Thanatos, Hypnos (8)

[1913]
Je suis allé
Je n'ai accepté aucune chaîne. Je me suis totalement donné et je suis allé ...
Vers des jouissances qui étaient en partie réelles
Et que j'avais en partie imaginées,
Dans la nuit éclairée, je suis allé.
Et puis, j'ai bu des vins forts, comme
Souvent en boivent les hommes qui se sont voués aux plaisirs...

[Traduction de Dominique Grandmont, p. 99]
Je n'ai pas voulu m'attacher. J'ai tout donné de moi, puis je suis parti.
Vers des jouissances qui se sont avérées à-demi réelles,
en même temps que les folles chimères de mon cerveau,
je suis parti dans la nuit illuminée.
Et j'ai bu des vins âpres, comment savent
en boire les hommes de plaisir.
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Gris 
 
Alors que je contemplais une opale plutôt grise, 
Je me suis souvenu de deux beaux yeux gris. 
Ce sont bien là vingt années qui, depuis, ont passé ... 
Notre amour dura un mois. 
Ensuite, il s’en est allé, à Smyrne, me semble-t-il, 
Pour travailler là-bas, et nous ne nous sommes plus revus. 
 
Ils auront bien changé, les yeux gris – s’il est encore de ce monde – 
Et il aura perdu tout son éclat, le beau visage .... 
 
Ma mémoire, garde-les, toi, tels qu’ils étaient alors. 
Ma mémoire, tout ce que tu pourras, de cet amour mien,  
Tout ce que tu pourras, ce soir, apporte-le moi ... 
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EROS. chapitre I, le corps.
L'érotisme, particulièrement chez les sujets masculins, dit-on, l'érotisme naît de la perception d'abord visuelle d'une personne, d'un corps qui va provoquer ainsi une attirance particulière. Même si tout cheminement érotique devrait être in fine l'acte sexuel espéré, la retenue due à une délicieuse frustration patiente est engendrée par l'imagination libérée mais ne survit que dans la perspective, évidemment, d'une future et éventuelle exploration de l'être convoité.
p. 33
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Tombeau d'Iasès

C'est ici que je repose, moi, Iasès, dans cette grande ville,
Moi, le jeune homme si réputé pour sa beauté ...
J'éblouissais de grands savants très érudits ; et tout autant le peuple,
Simple et superficiel. J'en avais, aussi, moi-même, bien du plaisir.

Mais à force d'être pour le monde un Narcisse ou un Hermès,
Dans les excès, je me suis consumé ; ils m'ont tué. Passant,
Si tu es alexandrin, tu ne me blâmeras point. Tu connais bien
L'impétuosité de notre vie, cette fièvre, cette exceptionnelle volupté.

Version Grandmont, p. 115. Tombeau d'Iasès.

Ici je repose, moi, Iassès. En cette grande cité,
jeune homme recherché s'il en est pour sa beauté.
J'ai fait l'admiration des sages ; ainsi que du vain peuple,
et des petites gens. Et j'ai ressenti un égal plaisir

aux deux. Mais à force d'être pour chacun Hermès ou Narcisse,
les excès m'ont anéanti, terrassé. Passant,
si tu es d'Alexandrie, ne me juge pas. Tu sais la fougue
de notre vie ; quelle est sa fièvre ; sa suprême volupté.

1917
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Un lustre.
Dans une petite chambre vide, aux quatre murs
Recouverts d'une seule étoffe verte,
Brûle un beau lustre qui jette des feux
Et dans chacune de ses flammes s'échauffent
Une passion voluptueuse, une excitation voluptueuse.

Dans la petite chambre qui resplendit, embrasée
Par le feu puissant du lustre,
Cette lumière n'a vraiment rien de banal.
Les délices de cette chaleur
Ne sont pas faites pour les corps embarrassés. (p. 90)

(Traduction Grandmont, p. 100)
Un candélabre.
Dans une petite pièce vide, seuls quatre murs
entièrement tendus de tissu vert,
brûle un superbe candélabre, qui flamboie ;
et dans chacune de ses flammes se consument
un élan de passion, une langueur lascive.

Dans la petite pièce qui scintille, éclairée
par le puissant embrasement du candélabre,
la lumière qui règne n'offre rien d'habituel.
Elle n'est pas faite pour les corps timides,
la volupté de cette chaleur.
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Comme de beaux gisants morts tout jeunes
Et qu'en larmes on a enfermés dans un mausolée superbe,
Avec à leur tête des roses et à leur pieds des fleurs de jasmin
Telle est l'image des désirs qui passèrent
En vain ; sans qu'une nuit de volupté
Ni son matin de lumière ne soit accordés.
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Autant que tu le pourras
Si tu ne peux donner à ta vie le sens que tu veux,
Au moins, autant que tu le pourras,
Essaie ceci : ne la rabaisse pas
Dans trop d'implications avec le monde,
Dans trop d'affairements et de discours.

Ne la rabaisse pas, en la traînant
En tout lieu et en l'offrant
A l'imbécillité quotidienne
De ces fréquentations et accointances,
Jusqu'à ce qu'elle devienne une ennuyeuse étrangère.
(p. 143)

Version Grandmont : Autant que possible.
Et si tu ne peux pas mener la vie que tu veux,
essaie au moins de faire en sorte, autant
que possible : de ne pas la la gâcher
dans trop de rapports mondains,
dans trop d'agitations et de discours.

Ne la galvaude pas en l'engageant à tout propos,
en la traînant partout et en l'exposant
à l'inanité quotidienne
des relations et des fréquentations ;
jusqu'à en faire une étrangère importune.
(1913)
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Le point de départ (p. 200)
Ils l'ont accompli, ce plaisir
Interdit. Laissant le matelas, ils se sont levés.
En grande hâte, sans un mot, ils se rhabillent.
Séparément, ils sortent, en se cachant, et tandis
Qu'ils s'éloignent, assez inquiets, on dirait
Qu'ils redoutent qu'un je ne sais quoi ne dénonce
A quelle espèce de lits ils se sont laissés aller tantôt.

Néanmoins, la vie de l'artiste y a beaucoup gagné !
Demain, après-demain ou par-delà les années, seront composés
Des vers pleins de force dont le point de départ fut ici.

Version Grandmont : "Leur origine", p. 151.
Leur plaisir coupable vient de connaître
son assouvissement. Ils se sont levés du lit,
et s'habillent à la hâte, sans parler.
Ils sortent de la maison l'un après l'autre, furtivement ; et comme
ils marchent avec une certaine inquiétude dans la rue, on dirait
qu'ils redoutent que quelque chose sur eux ne trahisse
à quel genre d'amour ils viennent de céder.

Mais la vie de l'artiste n'a eu qu'à y gagner.
Demain, après-demain, ou des années plus tard, s'écriront
les poèmes brûlants dont l'origine était ici.
(1921)
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