Paul Celan, poète roumain d'origine juive et d'expression allemande, est quelqu'un de difficile à rencontrer : sa poésie est âpre, austère, aussi elliptique parfois que du
René Char (mais sans ses concetti tarabiscotés), et elle se prête mal à l'effusion lyrique et au partage. C'est peut-être pour cela que je n'ai eu accès à lui que par divers médiateurs :
Rachel Ertel (dans son essai-anthologie sur la poésie de l'anéantissement, "
Dans la langue de personne"),
Norman Manea et, plus modestement, à la faveur d'une mode passagère qui ramena la problématique de la littérature juive à l'honneur en France, dans les années 80 et les milieux informés. L'attention fut attirée aussi par l'entretien qu'il eut avec Heidegger, dont la philosophie fait une place bien particulière à la poésie. En un mot, ses
poèmes sont magnifiques, et pour une fois les modes littéraires n'ont pas eu tort de l'amener à la lumière.
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