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Critique de ODP31


Blessure de guerre.
L'annonce de la publication imminente de plusieurs inédits de Celine m'a excité comme la veille d'un premier rendez-vous ou comme ce jour inoubliable, les larmes perlent mes yeux à la surface de ce souvenir, où j'avais trouvé par hasard un vieux Bounty comestible dans ma boîte à gants. On peut être romantique et goinfre.
J'ai donc entamé la lecture de Guerre dans le métro, à la sortie de ma librairie. Je ne vais pas blâmer la curiosité de mes voisins de rame qui ramaient pour deviner le titre du roman que je lisais. Je fais pareil. Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. Quelle horreur. En revanche, devant certaines mines déconfites et moues hostiles, formules toutes faites pour désigner des gens qui font la gueule, j'ai pu me rendre compte que Celine, même mort depuis un demi-siècle, ne laissait pas indifférent.
Comme j'assume mes mauvaises fréquentations, j'ai poursuivi ma lecture et j'ai même réussi à glisser assez fort à la personne qui m'accompagnait que j'avais adoré le dernier film de Polanski pour aggraver mon cas auprès de mes congénères.
Je ne vais pas descendre à la station des lieux communs pour dire qu'il faut distinguer les pamphlets antisémites impardonnables des romans vertigineux ou qu'il y a eu un avant et un après Céline en matière de littérature. Ah, je l'ai fait, bon tant pis. Mentions sanitaires.
Autant le dire tout de suite, ce roman est un premier jet qui n'est pas du niveau de Voyage au bout de la nuit ou de Mort à Crédit.
Céline n'est pas un génie imaginatif. Il fictionne sa vie et frictionne la langue pour la rapprocher le plus possible de l'oralité, avec tout ce qu'elle contient de répétitions, d'imperfections et parfois de vulgarités. Il a le don des expressions qui claquent dans une « mauvaise » langue populaire.
En 1914, le soldat Destouches est blessé gravement au bras droit à Poelkapelle, dans les Flandres, ce qui lui vaudra la croix de guerre. La même mésaventure arrive au soldat du roman qui va être hospitalisé et il va être pris en main dans tous les sens du terme par l'infirmière l'Espinasse. Sur place, il va se lier à un autre blessé, Cascade, à la fois petit ami et souteneur d'une Angèle bien mal prénommée. Ils vont faire le mur et l'amour, comme ils ont fait la guerre. Cette dernière en prend pour son galon.
Je sais que les phrases de Céline rebutent beaucoup de monde mais je fais partie de ceux que cette langue parlée, volontairement outrancière, fascine. Je trouve que les mots de Céline sont carnés, les scènes de bataille incarnées, les vies décharnées, le sexe acharné et j'arrête car je n'ai plus d'idées : écharné.
J'ai terminé cette lecture il y a près d'un mois et je sais que je n'oublierai pas certains passages malgré une structure inaboutie.
Je ne m'excuserai pas de lire le prochain.
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