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Critique de Bouteyalamer


Louis-Ferdinand Destouches raconte les suites immédiates de sa blessure en octobre 1914, puis son séjour dans un hôpital de campagne, au contact des troupes anglaises. Il manque le récit de la blessure elle-même car le manuscrit écrit en 1934 et retrouvé en 2021 commence à la page 10. Qu'importe, les premières pages disponibles sont les meilleures, par la sincérité, le style, et par l'information qu'elles apportent sur les interminables séquelles que l'auteur va subir jusqu'à sa mort. Ces pages sont du grand Céline (voir citations).

Puis vient la fiction, décousue, obscène, laborieuse, répétitive, digne des paillardes de salles de garde. La convalescence du Céline bis est le prétexte d'une série de tableaux : la vantardise des hommes en déchéance physique, l'infirmière branleuse, le proxénète automutilateur, la putain dominante qui le trahit, ses clients piégés, etc. de l'humour aussi dans les scènes où interviennent ses parents, d'abord comme de touchants pieds nickelés, puis lors d'une bataille drolatique entre le souteneur et sa ribaude en présence des bourgeois et du curé, dispute qui se termine par une dénonciation et le peloton d'exécution.

Il faut dire ce qui en est de cette exhumation : au mieux l'ultime délectation des exégètes, au pire la rapacité des ayants droit et des éditeurs. Ce livre de 180 pages (dont 130 de brouillons de Céline) est disponible en « édition originale » (sic) sur vélin Rivoli. Il est précédé d'un avant-propos, d'une note sur l'édition, et suivi d'une autre note sur « Guerre dans la vie et l'oeuvre de Céline », d'un répertoire et d'un lexique. Dans l'avant-propos, François Gibault, exécuteur testamentaire de Céline, s'abstient de commenter l'intérêt de Guerre et préfère encenser la trilogie allemande (D'un château l'autre, Nord, Rigodon) « qui constitue la géniale apothéose d'une oeuvre comparable à nulle autre ». Resic : Céline ouvre en 1957 une interview à la radio Suisse romande en avouant qu'il a écrit D'un Château l'autre « évidemment pour des raisons économiques ». Mais il ne faut pas épuiser le filon.

Si vous avez aimé le Voyage et Mort à crédit, passez-vous de Guerre. Céline l'a écrit en 1934 et aurait eu le temps de l'achever, s'il l'avait jugé convenable, avant qu'on vole ses manuscrits en 1944. Il n'ajoute rien à la gloire de Céline.

Lien : https://www.rts.ch/archives/..
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