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Critique de umezzu


Lorsqu'on m'a prêté ce petit ouvrage, j'ai d'abord vu la croix rouge de la couverture, puis le nom de l'auteur à gauche verticalement dans l'édition L'imaginaire de Gallimard : Louis-Ferdinand Céline. N'ayant jamais rien lu de Céline, j'en étais resté à la réputation sulfureuse qu'il traîne suite à la seconde guerre mondiale. La médecine n'étant pas mon domaine et une prose trop littéraire pouvant me décourager, ce livre partait avec des handicaps. Et pourtant…

Semmelweis est la thèse de doctorat qu'a soutenu en 1924 Louis-Ferdinand Destouches, qui deviendra Céline en tant qu'auteur. La thèse sera republiée en 1936, lorsque l'écrivain aura pris le pas sur le médecin. Plus que de médecine ou obstétrique, Céline parle d'un homme, de sa carrière médicale, de ses intuitions, du refus de toute nouveauté par un monde médical dirigé par des chefs de service imbus de leur personne, et surtout de l'incompréhension qu'un homme peut connaître lorsqu'il sait qu'il tient une vérité et que toute sa corporation refuse de l'accepter.

Ignace Semmelweis, né en 1818, était un médecin hongrois, formé en grande partie à Vienne, qui a analysé des chiffres de décès, alors énormes, dans la maternité où il exerçait. Les femmes meurent alors en nombre de fièvre puerpérale. Par tâtonnement, en changeant son personnel, il perçoit que l'asepsie des mains des manipulateurs entre chaque patient est un moyen de réduire les affections. Les faits lui donnent raison. Mais son chef de service, et la majorité des internes, ne veulent pas en entendre parler.
Car Simmelweis était peut être le précurseur de Pasteur, mais il était aussi un homme doté d'une (trop) forte personnalité. Cherchant à imposer plutôt à qu'à convaincre, il est marginalisé par un système médical fonctionnant à coup de postes attribués et d'obeïssance hiérarchique. Désemparé, il retourne à Budapest où il finit par devenir à moitié fou.

L'ouvrage est d'accès facile, le style passe aisément. Cette édition comporte une introduction intéressante par Philippe Sollers et la version abrégée de sa thèse que Céline a fait publier quelques mois plus tard. En comparant les deux versions, on voit que ce qui a attiré l'auteur c'est l'injustice faite à Simmelweis, et la solitude d'un inventeur, qui ne peut compter que sur quelques rares amis.
La forme et ce sujet d'histoire médicale constituent une heureuse surprise .
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