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Critique de Funrider


Céline nous embarque dans un voyage solitaire, celui de Ferdinand Bardamu, qui s'annonce « sombre » (le lecteur n'est pas déçu) et sous plusieurs formes : voyage physique, voyage intérieur, voyage vers l'autre aussi.

Commençons par le plus simple, le voyage « physique », Ferdinand Bardamu parcours bien des contrées en ce début de 20ème siècle : les tranchées de « 14 », Paris et sa banlieue, l'Afrique de l'Ouest, les Etats-Unis… mais ce voyage n'est pas le plus intéressant ni l'objet premier de l'auteur.

« Voyage au bout de la nuit » nous emmène aussi dans un voyage intérieur, la quête de soi, découvrir qui on est à travers ce qu'on vit, ce qu'on ressent, ce qu'on fait, ce qu'on est… et cette quête n'est pas rose pour Céline, elle passe par des étapes bien sobres. Je retiens surtout un passage sur le sujet : « C'est peut-être ça qu'on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir. »

C'est aussi un voyage vers l'autre. le protagoniste principal du roman vit en solitaire mais fait beaucoup de rencontres, parfois fortuites, parfois plus décisives ; toutes ces rencontres le façonnent, et le conduisent à l'étape d'après dans ce voyage qu'est la Vie.

L'auteur, à travers son personnage principal, est assez cynique sur la vie. Il apporte une vision de la vie assez sombre, comme la nuit. Ça me rappelle « Berlin Alexanderplatz », de Alfred Döblin, dans la noirceur du roman, la tristesse, la description d'un monde « gris », car ni blanc ni noir, ni complètement gai ni complètement pourri…

« Berlin Alexanderplatz » est un roman sombre qui relate la vie des bas-fonds à Berlin dans la fin des années 1920, en suivant le destin de Franz Biberkopf qui occupera plusieurs emplois, et rencontrera bien des déboires, dus notamment à sa rencontre avec Reinhold, à qui il reste attaché malgré tout.
« Voyage au bout de la nuit » de Céline nous plonge dans la même période de l'entre-deux guerre et traite aussi de la « grisaille » de la vie. Ferdinand Bardamu, l'anti-héros de Céline, a aussi une vie bien remplie, étudiant en médecine à Paris, « poilu », commerçant dans l'Afrique coloniale, ouvrier chez « Ford » à Détroit, médecin à Paris et enfin directeur d'un asile en banlieue parisienne. C'est aussi via Robinson, rencontré durant son périple en Afrique, que bien des déboires arriveront à Ferdinand, mais il lui reste attaché malgré tout, car ils partagent finalement la même vision de la vie, un voyage bien pénible…

L'oeuvre de Döblin, « Berlin Alexanderplatz », est aussi un témoin de l'histoire, intégrant dans son récit la montée du nazisme ou encore le communisme et la lutte des classes. Ce ne sont pas les mêmes thèmes qui sont abordés en filigrane chez Céline mais lui aussi raconte l'Histoire à travers la guerre « 14-18 », le colonialisme en Afrique, le développement des Etats-Unis avec la ville verticale (New-York) et le Fordisme à Détroit…

D'autre part la question de l'autobiographie se pose véritablement quand on sait que Céline vécut à Paris, fût cavalier durant la guerre 14-18, rapidement démobilisé (comme le héros de son livre), qu'il partit en Afrique de l'Ouest dans une compagnie forestière pour faire fortune (sans succès), qu'il reviendra en France passer son bac et obtenir un diplôme de médecine, qu'il séjournera aux Etats-Unis et plus exactement à… New-York et Détroit… qu'il aura une aventure avec une danseuse américaine, qu'il ouvrira un cabinet près de Clichy et qu'il occupera un poste de médecin dans un dispensaire parisien… saisissant !
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