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Critique de Snarkk


Snarkk
08 décembre 2014
Je me fiche complètement de savoir si Louis-Ferdinand Céline était une ordure suprême, ou simplement un homme de son temps : c'est à dire quelqu'un aux opinions politiques très banales pour son époque, mais qui nous paraissent aujourd'hui infâmes, bien heureusement.


Ce qui m'intéresse, c'est la puissance de sa narration et le génie de son écriture. Ca, aucune idéologie ne pourra le lui enlever. Il me vient des envies de violence lorsque sont mis bien en vus sur les étals des libraires des auteur-es à l'écriture et l'univers aussi insipide que Musso, Levy ou Trierweiller pour ne taper que sur celles et ceux qui sont aujourd'hui le plus visible. Si Céline fait honte à une vision politique romancée de la France sous la seconde guerre mondiale, lui au moins, au contraire des trois que je viens de citer, ne fais pas honte à la littérature française. Mieux, il lui rend honneur.


Le cynisme radical qui suinte de tout l'ouvrage est aussi usant que la vie peut l'être ; il n'en demeure pas moins toujours assez juste, placé sur un ton à mi-chemin entre la fatalité de la pourriture - qui pour l'auteur semble inhérente à la condition humaine - et le désenchantement de celui qui espère que ses croyances s'avèreront fausses. Une galerie désabusée de personnages qui le sont tout autant, sans jamais tomber dans la facilité et le manichéisme ? Pour Céline, c'est possible.

Et un périple avec ça ! Un voyage un peu vain avec tous les cahots qu'il comporte, ça vous remplit une vie, ou une oeuvre littéraire majeure comme celle-ci. Et les palabres, les mesquineries qui émaillent ce parcours... on les retrouve encore, bien en forme, éclatantes de santé même. Ah, il a beau pourrir dans sa tombe le Louis-Ferdinand, force est de constater que sa vision noire de la vie - si prégnante qu'il en est tombé sous son emprise - son paradigme court toujours, bien peinard. La futilité, la vanité, s'embellissent au lieu de décrépir. Il en va de même pour les refuges à base de coït ou de narcotiques.

Tu étais peut-être un bel enfoiré, Louis-Ferdinand Céline, mais tu manques à la littérature française. Beaucoup.
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