Qu'il est balèze, Blaise ! Quel zigomar,
Cendrars ! Il vous compile quelques articles, les réarrange un tantinet soit peu et vous offre, en rodomont assuré, un fabuleux recueil de boniments, galéjades et autres carottes sublimes.
On le croit sur paroles quand il vous dépeint une croisière sur l'Amazone de Belém à Manaos : parfums, couleurs, musiques, vous y êtes... Mais le faramineux espiègle n'y a jamais fichu les pieds !
Il dégoise sur la Russie et l'Amérique latine, rapporte la légende d'un diamant maudit, se remémore les confidences d'un outlaw du far-west ou d'un légionnaire taiseux qui joue les passe-murailles à la Banque d'Angleterre, rapporte l'histoire d'un cercueil fugueur ou évoque les miracles d'un sacristain gentiment crétin et chaque page est un enchantement.
On retrouve le goût de
Cendrars pour les listes, enfilant adjectifs, substantifs et verbes en colliers de poésie pure. Il se gargarise de mots rares, se joue d'un name-dropping à l'esbroufe, chipe ici, maraude ailleurs... Il nous filoute avec adresse et l'on en redemande.
Délicieux matamore, Blaise se donne le beau rôle, tout à la fois mondain et populo, aventurier et observateur. Il y a du Tintin, du Corto Maltese dans ce manchot magnifique.
Histoires faussement vraies, vraiment fausses ? Qu'importe, on le suivrait jusqu'au bout du monde ce diable d'homme !
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