Moby Dick, tome 1 (BD)

J'ai eu beaucoup de mal à accrocher à la noirceur de ce récit de traque à la baleine. L'histoire bien connue (mais que je n'avais jamais lue) de Moby dick est adaptée au monde de la bande dessinée par Chaboute. Une histoire de folie, de vengeance envers un animal albinos.
J'avoue que c'est surement affaire de gout. J'ai toujours eu du mal à aimer les dessins de Chaboute autant qu'à ses histoires dénués d'espoir et de joie. Son trait est à cette image. Tout noir ou tout blanc. Les personnages ont des trognes suspectes, entre le désespoir le plus total et la folie la plus profonde. Jamais un sourire ou une expression de joie. C'est assez déprimant.
Mais pour être honnête on ressent très bien l'atmosphère froide et sale des ports et des ponts des bateaux. Et je comprends ceux qui admire ces dessins.
Je comprends mais je n'adhère pas.

Cet avis vaut pour les deux volumes de ce diptyque.

Il y a des classiques que je veux lire depuis longtemps, "Moby Dick" fait partie de ceux-là. J'ai toujours été curieuse de savoir comment un roman aussi long autour d'une chasse à la baleine peut être autant admiré dans le monde, et puis il fait partie de ces références culturelles dont on entend tant parler sans pour autant vraiment les connaître. Mais la taille de la bête - pas la baleine mais la brique littéraire, et le sujet qui est quand même une chasse à l'animal - thème auquel je suis parfois exagérément sensible, sur 740 pages, m'a toujours fait flipper.
Cette adaptation de Chabouté me paraissait idéale pour sauter le pas, voir si je pouvait supporter ce type de narration et de contexte, et si l'histoire me suffirait d'elle-même ou si je souhaitais la voir plus développée. Et bien la conclusion est bien curieuse et m'incite à me questionner sur le fonctionnement de mon cerveau.

Pour commencer, je n'ai pas adhéré aux graphismes, qui bizarrement ne m'avaient pas dérangée avec "Tout seul" du même auteur. Les visages se ressemblent tous et je les trouve carrément moches. Les grands aplats de noir et blanc sans nuances de gris empêchent par moment de comprendre ce qui se passe dans une scène, et les sauts entre différentes situations m'ont parfois semblé brouillon.
Certains passages comme l'acharnement dans le massacre et la fierté qu'il apporte, ce besoin de prouver qu'on est plus "mâle" que son voisin, la compétition omniprésente m'ont dérangée. Ce sont des sentiments humains que je peux comprendre s'ils sont bien expliqués - ce qui ne les rends pas justifiables pour autant, mais le peu d'attachement que j'avais pour les personnages et leur caractère un peu simpliste voire caricatural font que je suis passée à côté d'une forme d'empathie pour ces gens, qui finalement n'ont pas d'autre choix pour gagner un peu en risquant leur vie en permanence.
Et bizarrement...ça m'a aussi intriguée. J'ai senti que cette multitude de sentiments négatifs pouvaient montrer tellement d'autre choses si ils étaient mieux explorés, en particulier la folie d'Achab et cette obsession qui les mène au bout de cette aventure. En lisant des critiques de l'oeuvre originale, j'ai aussi découvert que le roman était plein d'humour, ce qui est difficile à croire en lisant le roman graphique de Chabouté, sombre et déprimant.

En conclusion, je n'ai pas vraiment aimé l'oeuvre de Chabouté mais il m'a donné envie de lire le roman original, un résultat complètement opposé à ce à quoi je m'attendais et oui, c'est n'importe quoi. Mais c'est pas grave. le livre d'Herman Melville étant suffisamment ancien, on peut le trouver gratuitement sur YT en version originale et je pense que ce sera la prochaine étape pour moi, j'aurai vite fait de savoir si je veux persister ou arrêter sans avoir le regret d'avoir acheté le livre ou investi trop de temps dans ce monstre rare.

Un jeune marin s'engage comme mousse sur le baleinier « Pequod ». Achab, son capitaine, est obsédé par un cachalot qui lui a arraché la jambe, Moby Dick.
Une adaptation assez terne du roman de Melville,
Figé et théâtrale le souffle de l'aventure n'est pas au rendez-vous.
La mer est la grande absente du récit, on n'a jamais l'impression d'embarquer.