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Critique de Nastie92


Mon traître.
Quel coup de génie dans ce titre ! Précisément dans ce possessif "mon".
Car si le traître a trahi (c'est normal, c'est son rôle !), il n'a pas trahi n'importe qui, n'importe comment.
Non content de trahir un pays (l'Irlande), un groupe (l'IRA), une cause (celle des indépendantistes) il m'a trahi, moi, nous dit le narrateur.
Mon traitre.
Deux petits mots qui en disent long.
C'est un cri de douleur, d'incompréhension, d'incrédulité, de refus.
Ce traître n'est pas un anonyme, un traître parmi les nombreux traîtres de l'Histoire.
Ce traître était mon ami.
Ce traître est mon traître.
Voilà un petit aperçu de ce que nous dit ce titre. Rien que le titre. Alors, imaginez tout ce que nous dit le roman !
Un roman magnifique que l'auteur a écrit avec ses tripes.
L'Irlande, ses paysages, sa beauté sauvage.
L'Irlande de l'IRA et de ses combattants.
L'Irlande des pubs et des amitiés fortes.
L'Irlande des quartiers pauvres de Belfast.
L'Irlande et la fierté de ses habitants.
Antoine, luthier parisien s'est pris de passion pour cette Irlande-là et pour ces Irlandais. Il a été adopté par ces hommes et ces femmes terriblement attachants. Il les comprend. Il les approuve. Il embrasse leur cause. Il se sent irlandais.
L'Irlande devient toute sa vie, ses amis irlandais deviennent sa famille.
Alors quand Antoine apprend que l'un d'eux, celui dont il est le plus proche, celui qui lui a tout appris sur l'Irlande, celui qu'il admire et aime par-dessus tout, celui qui l'appelle "fils" est en fait un traitre depuis vingt-cinq ans, son monde s'écroule.
Antoine est perdu, Antoine ne comprend plus rien.
"Je ne respirais pas. J'avais la bouche en liège. le ventre en caverne. Ma tête battait. La neige avait cessé. La rue ne murmurait plus rien. J'étais assis, mains entre les cuisses. J'avais froid. Jamais, je n'ai eu aussi froid. La lumière éteinte. J'étais mon ombre, dos voûté, tête basse, bouche ouverte. Je sentais mon coeur. J'étais sans souffle."
Dans un roman magnifiquement écrit, Sorj Chalandon nous offre une réflexion très riche sur la loyauté, la fraternité, l'engagement, l'amitié, la sincérité et finalement, sur la nature humaine.
C'est beau, c'est rude, souvent poétique et toujours percutant.
Je ne suis jamais allée en Irlande et cette lecture m'a donné terriblement envie d'y aller. Je connais peu l'histoire de ce pays, et Sorj Chalondon m'a donné envie de m'y plonger.
Rares sont les romans qui vous donnent de telles envies. Rares sont les romans qui ont une telle force.
En attendant de partir pour l'Irlande, je vais rester encore un moment en compagnie de Sorj Chalandon et aller avec lui du côté de Killybegs.
J'ai hâte de retrouver Antoine, Tyrone et les autres.
J'ai hâte de découvrir ce que le traître va nous raconter.
J'ai hâte de retrouver l'Irlande !
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