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Critique de Pancrace


C'est l'histoire d'un luthier français qui veut rejoindre la lutte de l'IRA, un délire.
Ce texte est onctueux comme une bière irlandaise, les adjectifs sont sombres comme une Guinness, les verbes sont denses comme la mousse d'une « stout » et donnent de la profondeur aux phrases du brasseur de mots, Sorj Chalandon.

« Je sentais la guerre, je la sentais dans l'odeur de charbon et de tourbe, d'huile grasse et de pluie froide. Cette odeur de Belfast, cette saveur d'inquiétude. »

Tant imprégné qu'Antoine le luthier deviendra « Tony » aux yeux de ses irlandais amis.
Ses désillusions seront à la hauteur de ses engagements.

Son confident, son compagnon, son initiateur, son maître sera son traître.
Le traître de sa patrie, de ses voisins, de sa femme, de son fils, le traître de lui-même.

Plongeon vraiment réussi dans le Belfast pieux et pluvieux.
« La ville portait sa gueule de drame », ce roman aussi :
Grève de la faim dans la prison de Long Kesh.
Mort du héros du nationalisme irlandais Bobby Sands.
« Dirty protest » où les prisonniers évoluaient nus, les murs tapissés de leurs excréments.

Autant d'événements que je découvre par la mobilisation de cet introverti de Tony, par sa passion dévorante pour ce pays. « On ne joue pas à la guerre, on la fait. »
Par de jolis mots ciselés, on pénètre l'intimité des pubs enfumés, des maisons de pierres sèches habitées de gens fatigués de pauvreté mais aiguisés de liberté.

On s'attache à ces familles accueillantes où le thé scelle la loyauté et le violon fait pleurer des larmes de bière.

Merci M. Chalandon pour cette immersion dans cette insurrection, pour cette incursion dans
la dévotion de ce français trahi par un ami.
Il a été « Mise Eire », je suis l'Irlande en gaélique, à cause d'un minable, il repartira misérable.

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