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Critique de Nastie92


Dans un conflit, il y a les gentils d'un côté, les méchants de l'autre : voilà ce que je pensais quand j'étais petite.
Adolescente, je ne comprenais pas comment Bobby Sands et les neufs autres avaient pu se laisser mourir de faim. Cela m'était inconcevable.
Et puis... j'ai grandi.
Le monde m'est apparu tel qu'il est : ni noir, ni blanc, mais gris. Et bien évidemment, les hommes qui le composent aussi.
Sorj Chalandon l'a très bien compris, et le fait magistralement comprendre au lecteur à travers son portrait tout en nuance de Tyrone Meehan.
On peut être un traître et n'être ni bon ni méchant. Être humain, tout simplement.
Tyrone Meehan, le traître de Mon traître, est le narrateur de ce livre. Il nous dit : "Je veux écrire. Pas avouer, encore moins expliquer mais raconter, laisser une trace."
Tyrone raconte, mais pas de façon directe. Il raconte son enfance, il raconte sa vie, il raconte l'Irlande, il raconte son engagement. Sa trahison, il ne la raconte pas frontalement : c'est au lecteur de comprendre entre les lignes, de reconstituer le puzzle. De comprendre pourquoi.
Par petites touches, Sorj Chalandon nous révèle qui est Tyrone Meehan. Il nous en dresse un portrait subtil, un beau portrait d'homme.
J'avais adoré la lecture de Mon traître, et j'ai retrouvé dans ce Retour à Killybegs nombre d'ingrédients qui m'avaient tant plu : l'Irlande et ses hommes rudes et fiers, les amitiés viriles, les engagements des uns et des autres.
J'ai aimé retrouver l'écriture de Sorj Chalandon. Une écriture qui sait être en même temps tendre et violente, toujours aussi poétique et qui vous touche au coeur.
Je prête peut-être à l'auteur des intentions qu'il n'a pas eues, mais ce Retour à Killybegs m'a semblé venir d'un besoin profond de ne pas se contenter du premier roman, pour donner au lecteur une vision plus juste de Tyrone Meehan, pour donner au traître une occasion de s'expliquer. Comme si Sorj Chalandon ne voulait pas que le lecteur reste sur une mauvaise impression. Comme s'il voulait que le lecteur comprenne le traître dont il se fait presque l'avocat.
Dans ce roman, Tyrone Meehan apparaît encore plus humain. Il ne demande pas d'indulgence mais ne veut pas non plus d'acharnement. Son histoire m'a touchée : monsieur Chalandon, vous avez gagné !
Un roman magnifique, un portrait bouleversant.
Je vais m'empresser de lire d'autres titres de cet auteur.
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