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Critique de jeepax


Journaliste à Rock&Folk, puis scénariste et dialoguiste pour la télé et le cinéma, Laurent Chalumeau a également écrit quelques romans, dont des polars. Parmi eux, il y a Bonus et sa savoureuse galerie de personnages, façon « échantillon de la société française » : un homme d'affaires sans scrupules poursuivi par la justice, un ancien prof plus ou moins engagé selon les circonstances et sa fille qui s'apprête à devenir avocate, une femme juge protégée par une paire de flics dont un grand noir imperturbable, une chanteuse en toc à la Cindy Sander, entourée d'un frère homo ex taulard et d'un mari cordiste dans les BTP, tous trois un peu bas de plafond. Tout ce beau monde se croise dans une trame bien ficelée, sans temps morts, riche en rebondissements et intrigues secondaires : extorsion, enlèvement, magouilles, sans-papiers, et tutti quanti. le tout sous le soleil de la Côte d'Azur.

Bien éloignés des caricatures et poncifs que l'on rencontre dans de nombreux polars, les « héros » transpirent le vrai, malgré des traits un peu forcés parfois, et ont tous comme point commun de s'arranger à divers degrés avec la morale. Dès lors, chacun en prend pour son grade, avec humour et férocité mais aussi indulgence, sans distinction de classe, le beauf comme le lettré. Néanmoins, même si le tableau qu'il brosse transpire le cynisme, Chalumeau réussit à rendre quasiment tous ses personnages attachants ou, à défaut, nuancés.

Certes, des cheveux se hérisseront sur la tête des défenseurs de la langue française. L'utilisation abusive du participe présent, les structures de phrases irrespectueuses de la grammaire, le langage parlé, le style direct aléatoirement mêlé au style indirect, tout cela est assez déroutant. Et puisque la narration se fait sur le mode «  point de vue interne », le registre varie en fonction des personnages. Mais une fois digérée et admise cette liberté stylistique très chalumesque – et il ne faut pas longtemps pour s'y faire, à vrai dire - on plonge avec délectation dans ce polar sociologique. Car l'auteur maîtrise l'art du rebondissement et sais ménager ses effets. Certaines coïncidences sont franchement tirées par les cheveux, mais on se laisse facilement convaincre par cette histoire très colorée, à la fois grinçante et tordante. Les méchants ne sont pas totalement mauvais, les gentils pas forcément irréprochables. La vie, quoi. Et si globalement, en regardant de loin, l'honneur est sauf, c'est parce que Chalumeau, malgré ses tacles vigoureux, est probablement, au fond, un grand humaniste.
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