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Citations sur Bonus (12)

"C'est normal que ce soit une partouze ?"
Elle dit, "Quoi ?"
"Là, ta fête, en fait, c'est pas une fête. C'est une partouze. Pourquoi tu me l'as pas dit ? T'avais peur que je vienne pas ?"
"Mais enfin, qu'est-ce que tu racontes ! C'est pas une partouze. T'es malade. Qu'est-ce qui te fait dire que c'est une partouze ?"
Du menton, il lui montra tous les bols et petits saladiers disposés un peu partout, remplis à ras bord de préservatifs. Et chaque fois, à côté, une boîte de Kleenex.
"T'as vu le look des bonnes femmes ? Et ça, là, dans les bols, c'est des apéricubes ? C'est pas grave. Juste le truc, c'est de le savoir."
Et là, quand même, la petite avocate blonde percutant et disant : "Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu, t'as raison. C'est une partouze. Putain de merde, je le crois pas, ça ! On est à une partouze !"
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Mais le mec, trop tard, parti : "Non parce que moi, des hypermarchés, comme vous savez, j'en ai dirigé une chaîne, plus de quatre cents à travers le monde. Donc je peux vous dire, les conditions de travail d'une caissière, je ne les conseille à personne."
Charlotte dit, "Ah non?"
"Ah mais non ! Quelle horreur. Les pauvres femmes, je vous prie de croire, elles ne sont pas à la fête. C'est insensé, ce qu'elles endurent. On n'imagine même pas !"
Et là, le mec, tranquille, commençant à parler de comment ils faisaient dans les hypers pour briser le personnel. Fabrice scié. Le mec, zéro remords, parlant de ça comme si c'était normal.
"Je vais vous dire, c'est très simple, à l'exception rarissime de métiers créatifs où la terreur est contre-productive, il ne faut pas se raconter d'histoires : en matière de gestion des effectifs, les deux priorités, c'est entretenir le stress et décourager la solidarité. La solidarité entre employés de même niveau, bien sûr. Mais, presque plus encore, entre employés et cadres. Les directeurs de magasins, par exemple. Dès que l'un d'eux commence à prendre pitié de ses équipes, vouloir les ménager, à parler en leur nom, une alarme se déclenche au niveau hiérarchique et des mesures sont prises. Après, je ne connais pas toutes les méthodes parce que vous imaginez bien que j'avais autre chose à faire qu'à m'occuper de ces broutilles. Mais on m'a raconté que ce qui se pratique beaucoup, c'est la technique des périmés."
Fabrice voyait bien ce que c'était, Charlotte sans doute aussi, du fait de leur mère. Mais Romain, non, apparemment, demandant au mec.
"Eh bien, si j'ai bien compris ce qu'on m'a dit, un faux client introduit dans les rayons des produits dont la date de péremption est dépassée - du beurre ou des yaourts, ce que vous voulez, un ou deux exemplaires, ça suffit. Cinq minutes plus tard, des inspecteurs se présentent. Ils tombent sur les périmés. Et voilà. Le chef de magasin, ou de rayon selon les cas, est licencié sec pour faute grave et on n'en parle plus."
Romain dit, "Putain les enfoirés, je le crois pas."
"Ou ce qu'on m'a dit aussi, c'est, une caissière cherche à mobiliser les autres - je ne sais pas, moi : pour réclamer des pauses pipi plus longues ou abaisser le nombre minimum d'articles qu'elles doivent scanner à la minute. Bref, elle devient un problème. C'est très simple. Un faux client s'arrange pour passer à sa caisse sans payer ses achats. Par exemple, des tranches de saumon cachées sous un six-pack d'eau minérale à code-barres amovible, donc qui reste dans le caddy. La caissière ne voit rien, mais les vigiles, prévenus, interceptent le faux client. La responsabilité de la caissière est entière, sa complicité est envisagée. Dans le doute, elle est mise à pied pour faute grave, ou lourde, je ne sais plus le terme exact."
Romain dit, "Il y a des gars, leur boulot, c'est passer du saumon sous un six-pack d'Evian pour faire virer des gens ?"
"Ma foi, dès lors que ça se pratique, il va à l'évidence falloir que quelqu'un s'en charge."
Charlotte dit, "Tous ces plans tordus, là, c'est vous qui aviez l'idée ?" Trouvant le mec moins charmant, tout à coup, il semblait.
"Oh pitié, non. Heureusement pour moi, grand Dieu, comme je vous disais, j'avais autre chose à faire, quand même, à mon niveau. Non. Ce sont des choses qu'on laisse aux cabinets spécialisés."
Romain dit, "Spécialisés dans la pose de périmés dans les rayons ?"
"En fait, c'est une fusée à deux étages. Nous, en tant que groupe, on externalise ce genre de tâches. On s'adresse à des cabinets de conseil en GRH, gestion des ressources humaines, et ingénierie sociale."
"Ah bon ?" Romain et Charlotte faisant des têtes comme s'ils entendaient parler de ça pour la première fois.
"Il en existe des centaines en France. C'est en pleine expansion. On les mandate pour 'dynamiser la GPEC', et 'sécuriser l'évolution de nos contrats de travail', sans que ça coûte un centime - à part les honoraires du cabinet, bien sûr. C'est très commode."
"Et donc là, il se passe quoi ?"
"Eh bien, donc, les idées de 'dynamisation de la gestion prévisionnelle', ce sont généralement les cabinets qui les ont. Et l'exécution est ensuite confiée à des sociétés de sécurité. Des agences de vigiles, si vous préférez, comme vous avez dans tous les centres commerciaux. Officiellement, ils sont censés prévenir la fauche. Mais tant qu'ils y sont, ils surveillent les employés au moins autant que les clients, si ce n'est plus. Et quand il faut montrer un dossier pour compromettre quelqu'un, ce sont tout naturellement eux les mieux placés."
"C'est bien comme métier."
"Vous savez, les gens qui font ça, je doute que ce soit par vocation. Un peu comme ceux qui travaillent dans les hyper en fait."
Charlotte, pensant peut-être à leur mère qui avait vécu exactement ça, dit que c'était dégueulasse. Le mec tendit son verre à Romain pour qu'il le resserve en vin. "Je ne vous dit pas, si c'est juste ou injuste, je vous explique comment c'est. Vous me posez la question, je vous réponds franchement. C'est par respect pour vous. Maintenant, si vous préférez, je vous sors les salades habituelles, là, les trucs attrape-couillons que nous pondent nos publicitaires et que les dir-coms récitent après devant les journalistes. Je peux aussi, hein. Vous me dites. Mais je pensais, là, on discute, autant se dire les choses, non ?"
Charlotte dit, "Ah non, c'est sûr. C'est mieux de se dire la vérité."
Le mec les partouzait là.
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On va lui faire ça à la Beyrouth, avec un peu de Guantanamo : privation de sommeil, rien à boire, rien à bouffer et pas le droit d'aller pisser pendant huit heures.
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C'est toute la beauté de ton futur métier. Défendre les indéfendables.
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Et son blé, à ce niveau-là, c'est rien de dire que ça a perdu toute proportion avec sa contribution réelle au bonheur de l'humanité. Mais c'est comme ça et même si on ne fait rien, je te dis, tout gros pourri qu'il est, il a de fortes chances de s'en tirer sans casse et de profiter de sa thune. Alors que si, comme je propose, on le met à l'amende, okay, il ressort libre, mais au moins, là, on est sûr qu'il aura payé quelque chose
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On a des cours de déontologie. Mais déonto, j'étais nulle. Heureusement, j'étais balèze en budget et finances publiques, et surtout voies d'exécution. Ça compensait.
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Une Belge qui va à Monaco ouvrir un compte en Suisse pour déposer de l'argent gagné au Canada – t'es un genre de sommet de la francophonie.
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Des trucs faciles à lire, mais avec une histoire. Des bouquins de filles, quitte à se faire foutre de sa gueule. Marc Lévy ou Douglas Kennedy. Ou même Guillaume Musso, mais un peu moins.
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Ce métier, la base, c'est la méfiance, la parano, toujours sur le qui-vive. Or, tu sais quoi ? La méfiance, c'est un muscle, tu le fais pas travailler, il s'atrophie. La méfiance atrophiée, dans notre job, c'est pas bon.
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Ils n'ont pas trouvé de photo de vous, visiblement. C'est pas grave, puisque les Noirs se ressemblent tous.
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