AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B00F2CWFOK
Les Éditions de Londres (09/09/2013)
4.67/5   3 notes
Résumé :
« Fragments est un album de photos sans images. Des photos de notre société, prises au vif, à nu, sans fards ni faux-semblants. D'insolites prises de vue qui font du bien et qui font mal.Ce sont trente-sept récits courts, des fragments de vie, fragments d'amour, de mort, surréalistes, freudiens, du quotidien. Et caetera.  Avec Fragments, Olivier Chapuis confirme que la littérature reste la meilleure manière d'appréhender le monde dans lequel on vit. Halluciné,... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'éditeur Les éditions de Londres ainsi que le directeur de la collection East End, Jean-Basile Boutak, n'auraient pu trouver meilleurs mots pour présenter Fragments d'Olivier Chapuis, la toute première oeuvre de cette collection. Avant toute chose, je remercie chaudement Jean-Basile qui m'a permis de découvrir gracieusement Fragments. C'est un très beau cadeau, vous pouvez me croire. Si vous en doutez, laissez-moi vous expliquer ci-après pourquoi ces Fragments m'ont touchée, et dans certains cas bouleversée

Ces neuf Fragments nous invite à porter notre attention sur 37 instantanés, ou clichés pour citer l'éditeur.

Olivier Chapuis égratigne d'une plume allègre et fine nos conduites sociales et sociétales. Tout y passe de notre quotidien intime : la vie de couple, les premiers émois sexuels, l'adultère, le divorce, l'enfance, la vieillesse, la maladie, la crainte de la mort. Certains textes font sourire, comme par exemple Pinson qui n'est autre que le petit nom donné à l'homme du couple, qui se demande bien quelle mouche a piqué sa copine pour qu'elle l'affuble d'un tel sobriquet. J'ai savouré. le même sourire a fleuri sur mes lèvres avec Ma femme aussi, dialogue entre deux hommes : Arthur et Antonio quittés par leurs épouses. C'est bourré d'humour dont voilà un aperçu :

Ta femme et toi, vous vous entendiez plus très bien n'est-ce pas ?

Non, elle portait un sonotone. Entre nous, les dialogues de sourds étaient monnaie courante.

Libido met en scène un jeune garçon se préparant à son premier rendez-vous qui, il en est certain ne pourra le mener qu'à son dépucelage. L'auteur nous fait vivre les craintes d' Arthur qui se bagarre avec sa libido se demandant s'il ne devrait pas s'occuper sérieusement de paupaul avant d'approcher de trop près sa copine. La chute est vraiment rigolote.

Fragments est du genre noir et ce n'est pas pour rien.

Le roman noir sait à merveille décortiquer le monde, le livrer sans fioriture dans ses plus vils instincts et attitudes. Fragments fait honneur au genre.

Il suffit de lire les deux premières textes pour tout de suite en être persuadé.

Avec Au naturel nous voilà en visite dans l'univers carcéral qui selon nos critères actuels est un petit paradis mais nous en sommes évidemment bien loin dans ce texte à l'humour noir. Un petit extrait pour le plaisir :

A l'époque il a fallu s'adapter ou disparaître. Ceux qui ont survécu ne supportent plus le goût du lait bio, de la salade sans additifs et tournent de l'oeil à la vue d'un arc-en-ciel.

La suivante m'a particulièrement séduite par son sujet de l'uniformisation de la société, le capitalisme ravageur par une multinationale dominante. J'y ai bien retrouvé ce qui, je l'avoue, me fait peur.

Les accros du shopping déprimaient. Les gastronomes aussi puisque les Ben'Jo fast food avaient quasi éradiqué toute autre forme de nourriture.

Vlan, un coup dans les gencives !

Olivier Chapuis aborde beaucoup de thèmes avec brio. Sa sincérité coule de chaque mots, chacune de ses phrases. Lorsqu'il parle de la situation des clandestins comme dans Etre , clandestins poursuivis aussi comme dans Asile avec un pygmée ou encore La balade des perdus l'histoire de cette mère seule avec ses deux enfants vivant dans un studio, bossant pour un salaire de misère qui a été dénoncée.

Autant de textes qui pointent ce qu'il y a de plus ténébreux, triste, résigné en chacun de nous : notre soumission, notre lâcheté, l'acceptation d'un sort pour ne pas en tenter un autre…et encore bien plus de sentiments que ces Fragments suscitent en nous. C'est une bonne chose.

Fragments est donc une lecture que je recommande plus que chaleureusement. Non seulement le style de l'auteur est au service du noir avec une technique hors paire mais en plus il est impossible que parmi ces 37 clichés vous ne soyez pas remués par la plus grande majorité d'entre eux.

Une bien belle entrée en matière pour la Collection East End.
Lien : http://dzahell.fr/?p=2221
Commenter  J’apprécie          10
Attention ces nouvelles sont du poil à gratter ! Humour noir et plaidoyers... sont au rendez-vous !
Lien : http://leblogdeladyy.blogspo..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mon psychiatre se racle la gorge. C’est le signal, la séance est terminée. Je me lève, la tête me tourne un peu. Il s’approche de moi. “Je ne possède pas encore assez d’éléments, cher monsieur, mais je peux vous dire que ces mouchoirs égarés par votre mère représentent pour vous le pénis absent chez la femme – normal s’il gît au sol. Quant aux bonnets dont vous me parlez, il peut s’agir de capotes que vous aimeriez enfiler sur ce pénis afin de vous en protéger. Mais ce ne sont que des suppositions, cher monsieur, j’en saurai davantage si vous développez le sujet lors de notre prochaine séance.”
Commenter  J’apprécie          10
Condamnée à perpétuité. Sans droit de sortie, même conditionnelle. Ni porte ni barreaux aux fenêtres. Juste une enveloppe masculine enfermant, comme dans une combinaison trop étroite, la femme que je sentais vivre en moi. Un corps à corps muet, noyau vaginal bloqué par la gangue d’un fruit phallique. J’étais à l’intérieur d’une capsule, égarée au milieu d’un espace clos, hantée par la peur de suffoquer, d’étouffer, et j’ai rayé cosmonautede la liste des professions envisageables.
Commenter  J’apprécie          10
Car les oranges, sans être polymorphes, incarnent la pluralité du monde. Tantôt ballon de football, tumeur pulpeuse, météorite échouée dans le panier à fruits ; parfois montgolfière sans nacelle, globe terrestre, couille rêche d’un animal imaginaire qui peuplerait nos cauchemars. L’orange représente le tout et le rien, le suc de la vie ou son acidité, bref j’en étais à me demander si l’homme n’est pas le fruit de cet agrume lorsque le téléphone a vrombi dans le vestibule.
Commenter  J’apprécie          10
Au jeu de l’oie, il existe une case à éviter. Celle qui renvoie au départ. Malchanceux, Rachid. Les dés ont mal roulé. Refoulement, expulsion… Il est là, dans le vestibule, il entend les pas de sa mère qui s’approche. Elle apparaît, petite, digne et belle dans sa vieillesse ridée. Elle n’a que cinquante-cinq ans, mais les travaux des champs et les bourrasques de sirocco lui ont creusé la peau.
Commenter  J’apprécie          10
Le trou d’ozone, ce sont les latrines de Dieu. Le jour où la fosse septique céleste a débordé, Il a creusé ces toilettes turques histoire de répandre Ses déjections sur terre. Pluies acides, fumées lourdes de métal, smog, déchets organiques… Ainsi, l’homme n’a plus besoin de justifier ses exactions. Il lui suffit de les associer à celles du Créateur et l’étendue des possibles devient infinie.
Commenter  J’apprécie          11

autres livres classés : univers carcéralVoir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20332 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}